WIGARD Franz

Par Jacques Droz

Né le 31 mai 1811 à Mannheim, mort en 1885 à Dresde ; parlementaire socialiste au Parlement de Francfort et sténographe de ses délibérations.

Son père ayant été appelé à la direction de la Bibliothèque royale, Franz Wigard passa les premières années de sa vie à Munich. Après des études à l’Université de cette ville, il entra dans la magistrature, mais il s’en éloigna rapidement pour la pratique de la sténographie dont, établi à Dresde, il se servit pour rendre compte des séances du Landtag de Saxe. Il fut nommé rapidement directeur de l’Institut royal de sténographie, entra au Landtag saxon et devint le leader du mouvement libéral avancé, s’appuyant d’une part sur les communautés deutsch-katholisch, d’autre part sur le puissant Turnverein (Club de gymnastique) qui exerça une influence considérable dans les milieux de la petite bourgeoisie et dans la classe ouvrière saxonne. Sa popularité fut si grande qu’en 1847, le gouvernement saxon lui interdit l’accès au conseil municipal.
Élu en 1848 au Vorparlament, il y poursuivit aux côtés de Blum et de Wesendonck une lutte acharnée pour que les élections au Parlement se fassent de façon aussi large que possible et que le terme de selbständig (indépendant) soit étendu à la classe ouvrière et au prolétariat intellectuel. Dans le Vaterlandsverein de Dresde, qui soutint ses efforts, il se prononça pour le scrutin de liste qui dans sa pensée devait favoriser les classes les plus pauvres. Au Parlement de Francfort, où il siégea sur les bancs du Deutscher Hof, il tenta de substituer à une définition des droits fondamentaux (Grundrechte), oiseuse à ses yeux, celle des droits de l’homme (Menschenrechte) qui rapprocherait l’Allemagne des États-Unis et de la France. Très hostile à une hégémonie prussienne en Allemagne, il dénonça en Gagem le partisan d’une tyrannie qui livrerait le pays au militarisme prussien.
Membre du Rumpfparlament de Stuttgart, Wigard ne participa pas à la lutte pour la défense de la Constitution du Reich. Il n’en fut pas moins l’objet de pour­suites de la part du gouvernement saxon : sans doute réussit-il à se blanchir, mais il perdit la direction de l’Institut de sténographie qui avait formé de nombreux élèves détachés dans toute l’Allemagne et qui publia en neuf volumes les délibérations du Parlement de Francfort. A l’âge de cinquante ans, Wigard, à qui toute fonction avait été interdite dans l’État de Saxe, entreprit des études médicales et s’établit comme médecin à Iéna, puis à Dresde. Il réussit dans cette ville à se faire élire conseiller municipal et député à la Seconde chambre. Il entra en 1867 au Reichstag de l’Al­lemagne du Nord, puis en 1871 au Reichstag allemand où il appartint à la Fortschrittspartei ; il ne s’occupa plus des questions ouvrières.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article217160, notice WIGARD Franz par Jacques Droz, version mise en ligne le 23 juin 2020, dernière modification le 15 juin 2020.

Par Jacques Droz

ŒUVRE : Stenographischer Bericht über die Verhandlungen der deutschen constituierenden Nationalversammlung zu Frankfurt am Main, 1848-1849. — Inhaltsverzeichnis, vollständiges [Sach- und PersonalregisterJ zu den stenographischen Berichten..., 1850.

SOURCES : Ruth Fuchs, « Franz Jacob Wigard », in Männer der Revolution von 1848, 1, Ber­lin-Est, 1970.

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