Par Pierre Ayçoberry
Né le 19 novembre 1810 en Posnanie, mort le 22 janvier 1878 à Saint- Mary (Ohio, États-Unis) ; militant communiste, ami, puis adversaire de Marx.
Fils d’un sous-préfet prussien, élevé par son oncle, le célèbre théologien Schleiermacher, il entra dans le corps des cadets et devint lieutenant d’artillerie. En 1847, en garnison à Wesel, il se solidarisa avec Anneke et fut contraint de démissionner, d’autant qu’il avait entretenu des contacts avec des cercles culturels populaires. Privé de pension, il prit à Cologne le métier de charpentier, mais ne cessa d’utiliser ses relations dans l’armée pour y faire de l’agitation. Membre de la cellule locale de la Ligue des communistes, il fut avec Gottschalk l’organisateur de la manifestation du 3 mars 1848, à la suite de laquelle il fut emprisonné deux semaines. Fin avril, il participa aux combats du pays de Bade. Réfugié en Suisse, puis en France, il organisa à Besançon une compagnie de travailleurs allemands avec laquelle il participa à la deuxième insurrection de Bade (mai-juillet 1849) ; il en retira l’auréole d’un héros.
De l’été 1849 à la fin de 1852, son exil à Londres fut marqué par une intense activité et par des dissensions croissantes avec K. Marx. A la différence de celui-ci, von Willich était persuadé qu’une révolution européenne était encore possible dans l’immédiat. Dans ce but, il multiplia les projets de conspiration avec des émigrés de toutes tendances comme Kinkel, Schurz, Blanqui, lança des appels à la rébellion des réservistes prussiens mobilisés en décembre 1850, lança un « emprunt national allemand » chez les émigrés d’Amérique, etc. Son prestige et sa facilité de manières lui assurèrent l’attachement des ouvriers allemands de Londres, de Paris et, d’après des sources policières, de plusieurs autres villes en France, en Suisse et en Allemagne : véritable réseau qui s’opposa à celui des amis de Marx. La Ligue des communistes elle-même fut coupée en deux ; tandis que Marx transféra « l’autorité centrale » à Cologne, von Willich en dirigea une deuxième à Londres.
La polémique, qui ne recula de part et d’autre devant aucun procédé, se poursuivit même après le départ de von Willich pour les États-Unis, dans les colonnes de la presse germano-américaine. Lors de la guerre de Sécession, il mit sur pied un régiment de l’armée nordiste et fut nommé général de brigade. Blessé en 1864, il se retira dans l’Ohio et milita dans les rangs du Parti républicain.
Par Pierre Ayçoberry
ŒUVRE : Ein Disziplinarverfahren gegen Premierleutnant von Willich, 1846. — Impreussischen Heere, 1849.
SOURCES : E. Schraepler, Handwerkerbünde und Arbeitervereine 1830-1853, Berlin, 1972. — BLDG, op. cit. — Lexikon, op. cit.