BLUMENFELFD Adolphe, Max [pseudonyme dans la résistance : Brunoy]

Par Eric Panthou, Geneviève Launay

Né le 12 octobre 1903 à Bucarest (Roumanie), exécuté sommairement en mission le 28 juin 1944 dans une rue du Puy (aujourd’hui Puy-en-Velay, Haute-Loire) ; acheteur en fourrures ; réfugié juif, résistant, agent de liaison des Services de Renseignements au sein des Forces françaises de l’intérieur (FFI).

Fils d’Ancel Blumenfeld et de Bertha Prais, Adolphe Blumenfeld s’est marié à Saint-Mandé (Val-de-Marne) le 16 septembre 1937. Prénommé de façon différente dans divers documents, Adolphe, Georges aux archives de Caen, puis Édouard, Max, ou Edmond aux archives du Puy-de-Dôme, c’est avec le prénom de Max que son épouse, Lilia, Madeleine Weiss, de nationalité française, le désignait. Le couple habitait 6 rue Lacretelle, Paris 15e, puis 16 rue Faustin-Helie, Paris 16e. Sous l’Occupation, le couple Blumenfeld se réfugia dans un premier temps à Fontainebleau (Seine-et-Marne).
De nationalité roumaine, ayant fait des études secondaires et parlant le russe, Adolphe Blumenfeld était acheteur en pelleterie, c’est-à-dire en fourrure. Ils furent arrêtés ici le 16 décembre 1941. Jugés à Melun par un tribunal militaire, son épouse fut condamnée à 2 mois de prison, son mari à 2 ans de prison et tous leurs biens furent confisqués.
A une date qu’on ignore, sans doute à la sortie de prison du mari, les époux rejoignirent ensuite le Puy (Haute-Loire). La date d’entrée dans la Résistance homologuée pour Adolphe Blumenfeld au sein des FFI est le 15 janvier 1943. On peut donc supposer qu’il a été libéré fin 1942.
Parlant russe, il fut nommé Agent de liaison par les Services de Renseignements de la Résistance, chargé de prendre contact avec certains éléments de l’Armée Russe en occupation dans la Haute-Loire. Édouard Blumenfeld était ici porteur d’une fausse identité puisqu’on retrouva sur lui une feuille de démobilisation au nom de Marcel, Roger Brunoy, né le 25 octobre 1903 à Dieppe, de profession représentant de commerce.
A partir du 6 juin 1944, il intégra le maquis à Saugues (Haute-Loire), avec le grade de caporal-chef.
Il fut abattu par un sous-officier allemand de la 1ère Compagnie de la Légion Tartare, Kneisel, le 28 juin 1944 à 19h45 rue Francheterre au Puy. Pendant plusieurs semaines, l’administration ne parvint pas à identifier la victime dont les papiers étaient manifestement faux.
Selon l’enquête qui suivit, Blumenfeld venait certainement d’être arrêté par Kneisel. Il suivait ce dernier avec réticence. Le soldat allemand s’agrippa aux vêtement de l’individu pour le forcer à avancer puis sortit son revolver de son étui. A ce moment là, l’individu voulut s’enfuir. Le sous-officier affirma qu’il avait arrêté cet individu car il venait de le surprendre en train de photographier un lieutenant de la Légion des Tatars de la Volga. Ce civil aurait remit un paquet à un autre civil et c’est là que Kneisel dit être intervenu. Il justifia avoir ensuite tiré après que Blumenfeld l’ait frappé, ce que contredit le témoignage d’un employé de la Mairie du Puy présent sur les lieux. L’examen du corps permit de dire qu’il avait été touché par 3 balles dans le dos et deux de face. A la suite de cette exécution, le SD chercha le domicile de la victime afin de le perquisitionner, pressentant ses liens avec la Résistance. Il semble que grâce à l’intervention d’un commissaire de Police du Puy, cette enquête ne put aboutir.
Selon le certificat d’appartenance aux FFI délivré pour Adolphe Blumenfeld, il fut considéré comme mort en mission.
Son épouse confirma que la version de Kneisel était pure fantaisie, que son mari venait d’être appréhendé et c’est parce qu’il protestait qu’il fut abattu. Après la Libération du Puy, sa femme espéra un rapide châtiment en espérant retrouver le criminel puisque tous les soldats du Puy avaient été arrêtés et qu’elle connaissait son identité. Elle estima que l’auteur avait sans doute volontairement été éloigné par ses supérieurs, ce qui empêcha son arrestation. Elle regagna Paris après-guerre dans le XII° arrondissement, chez Madame Weiss.
Max Blumenfeld fut enterré au Carré de corps restitués du cimetière communal à Thiais.
Il a été homologué FFI d’Auvergne pour la période du 15 janvier 1943 au 28 juin 1944, reconnu "Mort pour la France".

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article217179, notice BLUMENFELFD Adolphe, Max [pseudonyme dans la résistance : Brunoy] par Eric Panthou, Geneviève Launay, version mise en ligne le 18 juin 2019, dernière modification le 8 mars 2022.

Par Eric Panthou, Geneviève Launay

SOURCES : Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 908 W 154 : crimes de guerre au Puy.— AVCC, AC 21 P 24990, dossier Max Blumenfled (nc) .— SHD Vincennes, GR 16 P 65743, dossier de résistant de Blumenfeld .— Mémorialgenweb. — État civil Saint-Mandé.

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