Par Jacques Grandjonc
Né le 7 novembre 1812 à Cologne, mort le 8 mars 1905 à Londres (Grande-Bretagne) ; journaliste et enseignant, membre de la Ligue des communistes.
Issu d’une famille de commerçants juifs, Ferdinand Wolff — « Lupus », « Wolff le rouge » — entreprit des études de philosophie et de médecine à Bonn, Munich et Bruxelles (1835) qu’il n’acheva pas ; en 1836, il s’installa à Paris (où la famille semble avoir eu des liens) pour une dizaine d’années, vivant de leçons de langue, de correspondance de presse et de traductions (du français en allemand et inversement). Il fut sans doute très tôt en relation avec les néo-babouvistes français, comme en témoignent ses opinions, ainsi qu’avec Heine (dont il traduisit certains textes pour la presse parisienne), plus tard avec Ewerbeck. A l’automne 1846, il quitta Paris pour Bruxelles où il fit la connaissance de Marx qu’il aida presque aussitôt à rédiger directement en français Misère de la philosophie contre Proudhon. Il en donna d’ailleurs les premiers extraits en allemand début 1848 dans Das Westphälische Dampfboot. Il devint membre de l’Association ouvrière allemande de Bruxelles, de la Ligue des communistes, puis de l’Association démocratique et collabora à la Deutsche-Brüsseler-Zeitung. Début mars 1848, il était de retour à Paris avec Marx et devint l’un des journalistes les plus réguliers de la Neue Rheinische Zeitung pour laquelle il tint la rubrique des événements de France : plus de 170 articles, écrits à Paris jusqu’en juillet 1848 et au cours de l’hiver 1848-1849, sinon à Cologne. Il y poursuivait entre autres la critique du proudhonisme (théorie de la révolution, banque du peuple, etc.). Obligé de quitter Cologne en mai 1849, il revint à Paris avec Marx, puis rejoignit Londres au début de 1850. Il prit parti pour la fraction Marx/Engels au sein de la Ligue des communistes et soutint les accusés de Cologne en 1852. Après la dissolution de la Ligue, il prit ses distances vis-à-vis du mouvement ouvrier, se maria et devint professeur de langue à Blackburn, puis à Oxford. Il poursuivit cependant son activité journalistique jusqu’à la fin des années 1850 pour Die Gegenwart, Das Morgenblatt et pour l’Allgemeine Zeitung d’Augsbourg. Par l’intermédiaire d’un socialiste français exilé à Oxford, Charles Bonnier, il reprit contact après 1890 avec Engels, avec qui il entretint jusqu’à la mort de ce dernier une riche correspondance et il publia dans Die Neue Zeit, la revue théorique de la social-démocratie allemande.
Par Jacques Grandjonc
SOURCES : J. Grandjonc, « Les rapports des socialistes et néo-hégéliens allemands de l’émigration avec les socialistes français, 1840-1847 », in Aspects des relations franco-allemandes 1830-1848, Metz, 1978. — W. Schmidt, Ferdinand Wolff, Zur Biographie eines kommunistischen Journalisten an der Seite von Marx und Engels 1848/49, Berlin-RDA, 1983. — W. Schmidt, « Ferdinand Wolff », in Männer der Revolution von 1848, D, Berlin-RDA, 1987. — Lexikon, op. cit.