Par Jacques Droz
Né le 13 mai 1830 à Breslau, mort le 1er janvier 1875 à Hambourg ; syndicaliste de formation lassallienne.
Paralysé à cause d’un accident au cours de son apprentissage, Theodor Yorck qui avait été très jeune initié par Audorf aux idées weitlingiennes, s’établit comme menuisier à Harburg sur l’Elbe et participa à la formation des Associations culturelles ouvrières. Elles lui permirent d’assister aux expositions universelles de Londres et de participer à la création à Leipzig de l’Allgemeiner deutscher Arbeiterverein (ADAV) dont il attendait l’émancipation du mouvement ouvrier à l’égard de la bourgeoisie. Son esprit d’indépendance se manifesta toutefois à l’occasion de l’élection de Lassalle à la présidence de l’ADAV : lorsque Bernhard Becker déclara que le suffrage secret était inutile puisque seul Lassalle devait être élu, il déposa un bulletin blanc. Il éprouvait d’autre part des réserves à l’égard du suffrage universel préconisé par Lassalle, qui pouvait selon lui être utilisé contre la liberté. Après la mort de Lassalle, il se prononça pour l’indépendance du parti à l’égard de la comtesse Hatzfeld et s’insurgea avec Bracke et Bonhorst contre la dictature de Schweitzer et sa politique sectaire. Aussi soutint-il Liebknecht lors de la fondation du parti d’Eisenach dont il devint secrétaire en 1871. A cette date, il fut emprisonné à Lotzen pour avoir donné son appui au manifeste du comité de Brunswick contre l’annexion de l’Alsace et de la Lorraine. Après sa libération, il accomplit une œuvre considérable sur le plan syndical, notamment pour les travailleurs du bois pour lesquels il fonda le premier journal professionnel ; il estimait que les syndicats ne devaient pas être à la traîne du parti, mais jouir d’une véritable indépendance. Bien que, pour des raisons de santé, il laissât à Auer le secrétariat du parti, il se prononça pour une réconciliation des lassalliens et des eisenachiens. Son enterrement à Harburg, peu de temps avant le congrès de Gotha, donna lieu à une puissante manifestation populaire et fut un encouragement pour ceux qui souhaitaient la fusion des deux partis socialistes.
Par Jacques Droz
SOURCES : H. Hümmler, Opposition gegen Lassalle. Die revolutionäre proletarische Opposition im Allgemeinen deutschen Arbeiterverband, Berlin-Est, 1963. — Lexikon, op. cit. — Osterroth, op. cit.