LE MOIGNE Louis

Par Gilbert Beaubatie

Né le 19 janvier 1906 à Plobannalec-Lesconil (Finistère), mort le 14 juin 1985 à Saint-Maurice (Val-de-Marne) ; professeur de sciences physiques ; résistant, membre de Combat et Chef de l’Armée secrète de Haute-Corrèze.

Fils de Louis Le Moigne, marin pêcheur, et de Marie Tareau, ménagère, Louis Le Moigne (parfois écrit Lemoigne) fit de solides études à l’École normale d’instituteurs de Quimper (Finistère) qui lui permirent d’intégrer l’École normale supérieure primaire de Saint-Cloud (section sciences) en 1928. Devenu professeur de mathématiques-physique des écoles normales et des écoles primaires supérieures, il choisit de venir enseigner les sciences physiques à l’EPS d’Ussel (Corrèze) en 1933. Il venait de se marier le 8 septembre dans son village natal avec Lucia Bars (née le 16 février 1909 à Plonévez-Porzay).

Après avoir été révoqué par le régime de Vichy, il fut contacté, vers la fin du mois d’août 1942 par le docteur André Belcour, le médecin de sa famille, et le docteur Jean Sirieix. Ensemble, ils mirent en place, d’abord une organisation civile, « canton par canton, débordant largement la région d’Ussel, jusqu’à Egletons à l’ouest et Felletin [Creuse] au nord, qui y étaient rattachés ». Sur la demande d’André Belcour, Louis Le Moigne, « Jean-Jacques », prit en main l’organisation de l’Armée Secrète, en tant que chef civil et chef de bataillon. Il était entouré de plusieurs autres professeurs, anciens élèves de son ENS, Henri Albert (de la même promotion 1928, sciences), commandant de compagnie ; Rodolphe Grassot (promotion 1934, lettres), officier de renseignement et de liaison ; Yvan Journiac (promotion 1931, sciences), chauffeur ; Pierre Cousteix (promotion 1929, lettres), caporal, et Albert Mercier (promotion 1912, sciences), chef de centre à Neuvic avec ses deux fils, Pierre et Noël. À partir du 10 juin 1944, Louis Lemoigne confia la direction militaire au commandant Craplet, alias Duret, tout en restant à ses côtés. À la tête d’un bataillon, il fut blessé lors d’une embuscade sur la R.N. 89.

Après la Libération, Louis Le Moigne fit une brillante carrière universitaire. Professeur à la faculté des sciences de Lyon, détaché à Beyrouth et dans différentes grandes écoles d’ingénieurs, il devint un des spécialistes de l’atome. Remarqué par le directeur du Commissariat à l’énergie atomique, il fut détaché à Marcoule (Gard), afin d’édifier l’usine de Pierrelatte (Drôme), avant d’être nommé directeur de l’Institut national des sciences et techniques nucléaires et professeur de neutronique à Saclay (Essonne). Il forma les officiers du premier sous-marin nucléaire français pour tout ce qui concernait la partie atomique du submersible.

Il fit partie de ceux qui décidèrent de créer une Amicale des maquis AS Haute-Corrèze, "première association d’anciens maquisards et résistants déclarée en France à la Libération", dont le président d’honneur fut le général Koenig, chef national des FFI et "Jean-Jacques", le président actif.

Avec Marcel Barbanceys, il écrivit un ouvrage destiné "à relater quelques événements de la Résistance en Haute-Corrèze", publié en 1979, par Les Imprimeurs réunis (Moulins-Yzeure) : Sédentaires, réfractaires et maquisards. L’Armée secrète en Haute-Corrèze 1942-1944.

Pour Edmond Michelet, "Jean-Jacques [fut] la conscience de la Résistance corrézienne". L’épouse du général Caplet, chef militaire de la demi-brigade AS de Haute-Corrèze, décédé accidentellement, fit savoir que c’était un "homme bon, juste, tolérant et clairvoyant, sachant tout mettre en œuvre pour agir selon sa foi patriotique et atteindre son but. De tels hommes sont rares ! C’était aussi un homme fidèle". Et le colonel Marty (Dudeux) d’ajouter : "un ardent organisateur, lucide et courageux".

Il fut incinéré le 20 juin 1985, dans la plus stricte intimité, conformément à ses vœux. Son épouse décéda le 1er octobre 1997 à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article217278, notice LE MOIGNE Louis par Gilbert Beaubatie, version mise en ligne le 19 juin 2019, dernière modification le 2 décembre 2021.

Par Gilbert Beaubatie

SOURCES : Documents fournis par Françoise Germane (Centre Edmond Michelet à Brive). — SHD, Vincennes, GR 16 P/361289. — Amicale de Saint-Cloud, Notes de guerre mai 1944-mai 1945. — Arch. Dép. Finistère, état civil. — Notes d’Alain Dalançon.

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