DESPLANQUES Émile, Louis, Joseph

Par Daniel Grason

Né le 13 janvier 1914 à Lille (Nord), mort le 15 septembre 1942 à Birkenau en Haute-Silésie (Pologne) ; électricien à la SNCF ; syndiqué à la CGT ; déporté à Auschwitz (Pologne).

Fils de Louis Régis Joseph, quarante-deux ans, garçon brasseur né à Armentières et de Léocadie, née Bourdon, trente-quatre ans, ménagère, Émile Desplanques naquit rue de l’Est cité Brunswick à Lille.
Il fit dix-huit mois de service militaire au 1er Régiment du Génie à Strasbourg. Il vint à Gennevilliers (Seine, Hauts-de-Seine). Émile Desplanques épousa le 21 septembre 1935 Marie, Rose, Charlotte Blésy en mairie de Gennevilliers (Seine, Hauts-de-Seine).
Il entra à la SNCF en décembre 1936, travailla comme électricien sur le réseau Sud-Est. Marié, père d’un enfant, la famille vivait depuis le 8 janvier 1937 au 74 rue de l’Arbre-Sec (Paul-Vaillant-Couturier) à Gennevilliers (Seine, Hauts-de-Seine). L’ensemble des logements était administré par la Société Anonyme des Logements Économiques.
Mobilisé le 27 août 1939 au 1er Régiment du Génie à Épinal, il était fait prisonnier par les allemands le 28 juin 1940 à Alençon (Orne). Il a été libéré sur parole et mis à la disposition de la SNCF.
Le 2 mars 1941 deux inspecteurs de la Brigade spéciale d’intervention (BSi) du commissariat de Puteaux l’interpellèrent pour « activité communiste ». Son nom avait été prononcé et désigné comme « chef d’un groupe dans le quartier des Grésillons » au cours d’interrogatoires où deux militants communistes de Gennevilliers Jean G… et Raymond R… qui avaient été frappés. Son logement situé au 4e étage, n° 357 a été perquisitionné sans succès.
Interrogé par le commissaire de Puteaux Lucien Bizoire, Émile Desplanques affirma ne connaître ni G… ni R… : « je suis certain de n’avoir fait aucun travail, ni propagande pour le parti communiste. » Il déclara : « Je ne connais personne ayant des idées avancées. Je ne fréquente que des camarades de mon âge et plus jeunes. Eux jouent au football et j’ai l’occasion de les voir que le dimanche matin au café en bas de chez moi : encore pas tous les dimanches. »
Le commissaire de Puteaux Lucien Bizoire écrivit :« il n’est pas douteux que le nommé Desplanques a rempli de telles fonctions. » Il fut inculpé d’infraction au décret-loi du 26 septembre 1939 qui avait mis hors la loi le parti communiste.
Incarcéré, le 21 avril 1941, Émile Desplanques assisté par un avocat était auditionné par un juge d’instruction. Il déclara : « Je n’ai jamais appartenu au parti communiste. Je ne connais pas G… ni R... Je n’ai jamais eu aucun rôle dans une organisation politique quelconque. »
« J’ai été mobilisé pendant la guerre. J’ai été gazé au début de la guerre dans la forêt de Marly. Je suis encore malade. J’ai été libéré par l’autorité militaire allemande et je dois me présenter tous les huit jours pour me faire porter présent. » Il demanda la liberté provisoire, ce qui fut accepté. Le 22 avril il quittait la prison de la Santé. Le 28 avril il a été à nouveau arrêté.
Le 6 juillet 1942, Émile Desplanques était dans le convoi de 1160 hommes à destination d’Auschwitz, un millier d’entre eux étaient communistes, cinquante à cinquante-six étaient Juifs et une dizaine de socialistes et radicaux considérés à tort ou à raison, comme ayant des sympathies communistes. Depuis le train, il lança un billet où il était écrit : « Courage et confiance, je serai bientôt de retour. » Il mourut le 19 septembre 1942, soixante-et-onze jours après son arrivée à Auschwitz.
Son épouse Marie Rose, née Blésy, témoigna après la Libération devant la commission d’épuration de la police. Elle déclara que son mari avait été libéré, mais qu’ « il a de nouveau été arrêté le 28 avril 1942 par des policiers allemands, qui l’ont emmené directement au camp de Compiègne puis déporté en Allemagne le 6 juillet 1942. »
Le nom d’Émile Desplanques a été gravé sur la plaque commémorative de la SNCF gare de Lyon et du dépôt SNCF de Charenton-le-Pont (Seine, Val-de-Marne), et dans le cimetière communal de Gennevilliers sur la stèle dédiée « À la mémoire de tous ceux qui ont donné leur vie pour la défense et la libération de la France. »
Émile Desplanques a été homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article217422, notice DESPLANQUES Émile, Louis, Joseph par Daniel Grason, version mise en ligne le 22 juin 2019, dernière modification le 16 octobre 2019.

Par Daniel Grason

SOURCES : AN Z-4-11 dossier 111. – Arch. PPo. KB 11. – Bureau Résistance GR 16 P 180311. – AD du Nord Lille 3 E 15106 acte n° 169. – Livre-Mémorial, FMD, Éd.Tirésias, 2004. – Triangles rouges à Auschwitz. Le convoi politique du 6 juillet 1942, Claudine Cardon-Hamet, Éd. Autrement, 2005.

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