LAGARRIGUE Roger, Paul, Justin [pseudonyme dans la résistance : Paris]

Par Patrick Bec

Né le 24 juin 1918 à Saint-Arnoult-en-Yvelines (Yvelines), exécuté sommairement le 23 juin 1944 à Neuvéglise (Cantal) ; conducteur de travaux ; résistant au sein des Forces françaises de l’intérieur (FFI).

Roger Lagarrigue était le fils de André Lagarrigue, ingénieur des Ponts et Chaussées originaire de Périgueux (Dordogne) marié à Paris en 1913 avec Yvonne, Augustine Foucher. Il avait une sœur, Jeanine, née en 1914. Il travaillait pour l’entreprise de travaux publics Bories d’Issoire (Puy-de-Dôme) au chantier du barrage de Saint-Etienne-Cantalès. Il était célibataire.
Engagé dans la Résistance, il faisait partie de la 30e compagnie FFI.
Dans la nuit du 21 juin 1944, alors que les combats ont cessé dans le Réduit de la Truyère, la 30e compagnie entame son repli vers Laroquebrou d’où sont originaires la plupart de ses hommes. Après avoir franchi la Truyère à gué, puis la nationale 121, les hommes s’endorment dans une sapinière. Réveil brutal : sur la route, des Allemands débarquent de camions. C’est la fuite éperdue... Par malheur, 5 hommes, épuisés, qui n’avaient pas encore traversé la route, sont pris par une patrouille ennemie. (Favier)
Madame Eugénie Legrand, épouse Ricard, cafetière à Cordesse, commune de Neuvéglise, témoigne lors de l’enquête des gendarmes ordonnée par le procureur de la République le 23 septembre 1944. « Le 21 juin, dans la matinée, mon établissement a été occupé par une colonne allemande qui était venue prendre position en face de chez moi au carrefour de la route nationale n°121 et du G.C. n°48. Leur présence était motivée par le déroulement des opérations qui avaient commencé la veille 20 juin dans le secteur de Chaudes-Aigues. Dans la journée du 21 les soldats allemands avaient réussi à faire prisonniers cinq jeunes du maquis qui se repliaient à Chaudes-Aigues. Ces jeunes sont restés chez moi toute la journée avec pour toute nourriture un quart d’eau. Sur le soir ils ont été chargés dans un camion qui a pris la direction de Saint-Flour. Je tiens à vous faire savoir que j’ai remarqué que les soldats allemands ont marché sur les pieds de leurs prisonniers qui étaient assis dans le camion pour regagner leurs places. J’ignore quel fut leur sort. Dans la journée du 22 juin il ne s’est rien passé de saillant. Le vendredi 23 juin, vers 5 heures du matin, j’ai été réveillée par les cris des soldats allemands en position devant ma maison. Un moment après j’ai vu une patrouille sur la route qui ramenait chez moi cinq jeunes du maquis. Après avoir été introduits dans la salle à manger, l’officier commandant (le capitaine Deck) le détachement les a sommairement interrogés. Ils ont ensuite été fouillés et délestés de tout ce qu’ils possédaient. J’ai vu un sous-officier qui s’appropriait une montre. Un gradé me demanda une pelle ; je la lui donnais. Encadrés par une vingtaine de soldats je vis partir les cinq jeunes du maquis les bras levés en direction d’un bois qui se trouve à quelques centaines de mètres de là. Un moment après j’ai entendu une fusillade et les soldats allemands sont revenus seuls. Peu de temps après un sous-officier qui avait participé à l’exécution me dit que les cinq jeunes qui venaient d’être fusillés avaient été obligés de creuser eux-mêmes leurs fosses. »
Marius Cauvin, Jean-Paul Didier, Roger Lagarrigue, Salvador Vieira et Ginès Castro ont été fusillés au lieu-dit Champ du Bès sur le plateau du Chiès dans la commune de Neuvéglise. Ginès Castro avait 30 ans. Il a été déclaré "Mort pour la France".
C’est Gaston Amarger, maçon à Neuvéglise, qui a été chargé par le maire de se rendre le 15 août à l’endroit où avaient été inhumés des jeunes gens fusillés par les allemands au moment des opérations de juin 1944, accompagné de Paul Guyot, directeur du barrage de Saint-Etienne-Cantalès et porteur du signalement de quatre jeunes gens signalés par des camarades comme ayant été arrêtés par les allemands dans la région de Neuvéglise et qui depuis n’avaient plus donné de leurs nouvelles. « Arrivé sur les lieux je découvris les corps et M. Guyot procéda à l’identification. Il put les reconnaitre aux effets et objets qu’ils portaient. Les cadavres étaient enchevêtrés les uns sur les autres. Ils ne paraissaient pas avoir subi de sévices particuliers. Ils portaient de nombreuses traces de balles dans la poitrine et avaient tous reçus un coup de feu derrière la tête. Dix centimètres de terre les recouvrait. (...) Au cours de l’exhumation des précédents un cinquième cadavre a été mis à jour, il se trouvait légèrement écarté des quatre autres identifiés. » Le rapport précise que le gendarme Troia a assisté à cette dernière exhumation. Son état de décomposition avancée n’a pu permettre l’identification et aucun papier ou objet n’a été trouvé. On a seulement pu relever qu’il portait une vareuse verte des Chantiers de jeunesse et des souliers américains.
Le nom de Roger Lagarrigue est inscrit sur le monument commémoratif de Neuvéglise où un hommage est rendu chaque année ainsi que sur le monument aux Morts de Issoire.
Il figure sur la liste des tués de la 10ème Compagnie du 3éme Bataillon des mouvements unis de la Résistance (MUR) du mont-Mouchet.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article217512, notice LAGARRIGUE Roger, Paul, Justin [pseudonyme dans la résistance : Paris] par Patrick Bec, version mise en ligne le 26 juin 2019, dernière modification le 6 février 2022.

Par Patrick Bec

SOURCES : SHD Vincennes, GR 19 P 15/14 : morts de la 10éme Compagnie. — SHD Vincennes, dossier de résistant de Roger Lagarrigue : GR 16 P 330346 (non consulté) .— Eugène Martres, Le Cantal de 1939 à 1945 - Les troupes allemandes à travers le Massif Central, Cournon, De Borée 1993 .— Favier, Lieux de mémoire et monuments du souvenir, Albédia, Aurillac 2007 .— État civil (AD 15) .— Dossier 908 W 149 (AD 63) .— MémorialGenWeb

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