GAUTIER André, Louis

Par Daniel Grason

Né le 11 août 1896 à Pantin (Seine, Seine-Saint-Denis), mort le 17 décembre 1943 à Mauthausen (Autriche) ; sableur ; militant communiste ; résistant.

Fils d’Achille et Pauline, née Sandry, André Gautier épousa Pauline Lendry, le couple eut deux enfants, Andrée et Pierre. La famille vivait depuis 1926 au 40 quai d’Asnières à Villeneuve-la-Garenne (Seine, Hauts-de-Seine). André Gautier adhéra au Parti communiste en 1932 à la section de Villeneuve-la-Garenne cellule774 et au Secours populaire de France. Il travaillait depuis le 9 septembre 1937 comme sableur aux établissements Jeumont 196, avenue du Président Wilson à la plaine Saint-Denis (Seine, Seine-Saint-Denis). Apprécié en tant qu’ouvrier, il était néanmoins connu de la direction de l’usine comme communiste. Mobilisé au 211e Régiment d’infanterie lors de la déclaration de guerre, il a été démobilisé en mars 1940.
Le 1er mars 1941 deux inspecteurs de la BSi du commissariat de Puteaux (Seine, Hauts-de-Seine) venaient perquisitionner son domicile. Ils saisissaient des tracts et des papillons du Parti communiste clandestin. André Gautier a été interrogé par le commissaire Lucien Bizoire, il reconnut avoir distribué dans la ville des tracts intitulés « Luttons pour une meilleure liberté, une meilleure Justice, une meilleure solidarité. »
André Gautier ne lâcha aucun nom de militants lors de son interrogatoire. Il esquiva, celui qui lui avait remis des tracts, celui à qui il avait remis l’argent des collectes, le nom du cycliste « Je ne le connais pas non plus ». Le commissaire l’inculpa d’infraction au décret-loi du 26 septembre 1939 qui mettait hors la loi le parti communiste.
Assisté par un avocat, il a été entendu le 21 avril 1941 par un Juge d’instruction. Il rappela qu’il avait été mobilisé en 1940 et qu’il combattit pendant la guerre 1914-1918, il avait été décoré de la Médaille militaire et quatre citations.
Il déclara qu’en novembre 1940, il avait reçu la visite d’un inconnu. Celui-ci le sollicita pour effectuer des collectes pour le Secours populaire de France en faveur « des familles des prisonniers de guerre et non des détenus politiques. » Il reconnaissait avoir distribué en janvier 1941 des tracts intitulés : « Luttons pour une meilleure liberté, une meilleure solidarité. »
L’interpellation de Julien Mathurin militant communiste de Villeneuve-la-Garenne pour « propagande communiste » avait mis André Gautier sur ses gardes. Il brûla les tracts qui restaient.
Les policiers lui demandèrent de s’expliquer sur des notes qui se trouvaient sur un carnet. André Gautier affirma qu’il s’agissait de collectes de la solidarité pour Noël « mais la collecte n’a pas été faite. » Il en fut de même de « la distribution des tracts d’accord avec les femmes il n’y a rien eu de fait non plus. » Il reconnaissait qu’il avait remis « cinq carnets à Hervouet en vue des collectes. Il m’a remis environ 50 francs. » Il avait donné un paquet de tracts à sa fille, « elle ne voulait pas les accepter, c’est sur mon insistance qu’elle a fini par céder. »
Incarcéré, ils étaient dix-huit inculpés à comparaître le 21 octobre 1941 devant la Section spéciale. Il a été condamné à deux ans de prison et cent francs d’amende. Les quotidiens collaborationnistes Le Petit Parisien et Le Matin du 22 octobre 1941 annoncèrent les sentences. Le Matin titra « 20 communistes condamnés par la section spéciale de la cour de Paris ».
André Gautier a été emprisonné à la Santé, puis après sa condamnation à Fresnes, puis à Clairvaux jusqu’en avril 1943. Le 16 avril 1943 il était dans le convoi de 994 prisonniers à destination de Mauthausen en Autriche.Matricule 27045, il y mourut huit mois plus tard le 17 décembre 1943.
Son épouse Andrée témoigna après la Libération devant la commission d’épuration de la police, elle déclara que « deux cartes l’une de membre de l’ARAC, l’autre du syndicat des locataires » avaient été saisies. Elle indiqua : « Au cours de sa détention qui dura trois jours, il a été matraqué au cours d’interrogatoires qu’il a subis. Ayant obtenu à plusieurs reprises l’autorisation de lui rendre visite, je l’ai vu chaque fois, le visage ensanglanté et les vêtements en lambeaux. » Sur photographie elle reconnue l’un des inspecteurs qui arrêta son mari.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article217548, notice GAUTIER André, Louis par Daniel Grason, version mise en ligne le 25 juin 2019, dernière modification le 25 juin 2019.

Par Daniel Grason

SOURCES : AN Z/4/11 dossier 111. – Arch. PPo. BA 1928, BA 2057, KB 11. – Bureau Résistance (pas de dossier). – Site internet GenWeb (aucune mention).

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