DECOUR Jacques [DECOURDEMANCHE Daniel, dit]

Par Nicole Racine

Né le 21 février 1910 à Paris (XVIIe arr.), fusillé comme otage par les Allemands le 30 mai 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; professeur d’allemand ; écrivain, traducteur ; militant communiste, rédacteur en chef de la revue Commune (1938-1939), fondateur dans la clandestinité de L’Université libre (novembre 1940), de La Pensée libre (février 1941) et des Lettres françaises (1942).

Jacques Decour
Jacques Decour
Musée de la résistance nationale

Fils de Jules Decourdemanche, né à Paris en 1866, associé d’un agent de change, et de Marie-Madeleine Dassier née à Paris en 1875, neveu de l’orientaliste Alphonse Decourdemanche, Daniel Decourdemanche naquit 20 rue Brunel et vécut une enfance choyée. Dans son autobiographie remise à la commission des cadres du PCF le 6 mai 1937, il affirme que ses parents avaient des « sympathies chiappistes ». Il fit ses études secondaires au lycée Carnot, puis au lycée Pasteur à Neuilly, obtint le baccalauréat en 1927. Il voyagea beaucoup avec son père ; il alla notamment avec lui en Belgique en 1925, en Hollande en 1926, en Suède en 1930. Après des études à la Faculté de Droit [il n’en est pas question dans son dossier administratif], de 1928 à 1930, menées parallèlement avec des études d’allemand (quatre certificats de licence obtenus en 1930 et un diplôme d’études supérieures obtenu en 1931), un stage chez son père qui désirait qu’il lui succédât comme agent de change, il changea totalement d’orientation et se mit à préparer l’agrégation d’allemand. Il s’était marié le 21 novembre 1929 à Paris (XVIIe arr.), avec Jacqueline Bailly, fille d’Auguste Bailly, professeur au lycée Pasteur ; Daniel Decourdemanche nota que ses beaux-parents avaient des « sympathies Croix de feu ». Il passa l’année scolaire 1930-1931 comme « professeur d’échange » au Domgymnasium de Magdebourg. En 1931, exempté de service militaire, il passa son diplôme d’études supérieures et séjourna pendant les vacances en Allemagne. En 1932, il fut reçu à l’agrégation d’allemand, il était le plus jeune agrégé d’allemand de France.
Son premier livre Le Sage et le Caporal parut en 1930 sous le nom de Jacques Decour. En 1932 un deuxième ouvrage, Philisterburg, rapportait les impressions de son séjour en Prusse (1930-1931). En 1936 parut Les Pères, publié comme les précédents chez Gallimard. De 1930 à 1936, il collabora à La Nouvelle Revue française. De 1932 à 1936, il fut professeur d’allemand au lycée de Reims (1932-1936) ; ce fut pendant cette période qu’il évolua vers le communisme, adhéra aux Jeunesses communistes et fut, en 1935, secrétaire de la section du CVIA.
En 1934, il déposa un sujet de thèse sur la religiosité romantique en Allemagne.
En octobre 1936, après avoir été trois mois professeur au lycée d’Annecy, il fut nommé professeur au lycée Descartes à Tours et donna son adhésion au PC (« adhésion spontanée après avoir été très longtemps sympathisant » dira-t-il) et il devint un militant actif ; il écrivit dans La Voix du Peuple de Touraine entre octobre 1936 et octobre 1937 ; plus particulièrement chargé des questions culturelles, il organisa un ciné-club Ciné-Liberté, jeta les bases d’une Maison de la Culture. Pendant la campagne électorale, il fut en congé d’inactivité du 1er février 1936 au 24 mai 1936 « pour raison de santé ». Il milita au Comité des intellectuels antifascistes avec Charles Ballon* et Leopold Senghor. Sa femme Jacqueline Bailly, de « sympathies communistes », assurait la trésorerie de la Maison de la Culture et de Ciné-Liberté à Tours. En mars 1937, il devint membre du bureau régional de la région tourangelle du PC à la conférence régionale du 17 janvier 1937 ; il fut professeur à l’école régionale communiste (décembre 1936) puis fut responsable de sa réorganisation. Il participa aux réunions du Comité de rassemblement populaire. Il était également membre du syndicat des professeurs (CGT), fondateur et président du Cercle populaire d’échecs de Tours (FSGT). C’est le 6 mai 1937 qu’il rédigea pour la commission des cadres une biographie qui fut sévèrement évaluée : il était classé « C », catégorie correspondant aux « éléments à éliminer sans délais » ; la commission des cadres relevait les orientations politiques chiappistes et Croix de feu de son milieu familial et soulignait son jugement non conforme sur les trotskistes qui étaient pour lui « parfois inconsciemment - des contre révolutionnaires au service du fascisme international », formule apparemment dans la ligne mais révélant, aux yeux des vérificateurs, un manque de vigilance par l’emploi de l’adverbe « inconsciemment ». Ces appréciations sont la preuve de la méfiance que rencontraient auprès des cadres thoréziens du Parti des intellectuels et écrivains d’origine bourgeoise, ayant des relations familiales de droite, dans ces années marquées non seulement par l’esprit du Front populaire, mais par la crainte obsessionnelle du déviationnisme. D’autres que Decour firent l’objet de jugements sévères, comme Aragon, notamment au début de l’Occupation avant que triomphe la ligne que Decour et lui défendaient et qui aboutit à la création du Comité national des écrivains.
Cependant, il fut désigné comme candidat du PC aux élections cantonales de 1937 à Sainte-Maure, fit campagne mais ne se présenta pas, les élections ayant été ajournées à octobre alors qu’il était nommé à Paris, professeur titulaire au lycée Rollin, où son service se partagea entre des classes du second cycle et une classe de mathématiques spéciales. Il seconda Louis Aragon à la revue de l’Association des Écrivains et Artistes Révolutionnaires, Commune, dont il devint le rédacteur en chef à partir de décembre 1938. Il prépara le numéro de février 1939 consacré à « L’humanisme allemand », dont il rédigea l’éditorial « Qu’est-ce que l’humanisme ? » : « C’est une foi rationnelle dans la valeur et la dignité de l’homme, un respect civilisé de sa liberté, un culte militant de sa raison, les humanistes de tous les temps ont pensé que les hommes étaient frères par l’esprit comme par le corps, que la raison était un bien commun de l’humanité. Ils ont prévu et constaté la domination croissante de l’intelligence humaine sur la nature, ils ont eu la conviction que la science et la culture conduisaient l’humanité vers le progrès et ils ont souvent sacrifié leur vie à cette conviction. »
« L’attitude humaniste caractérise la civilisation européenne depuis la Renaissance. Et comment imaginer cette civilisation sans l’Allemagne ? [...] Mais voilà qu’au XXe siècle un État allemand (qui n’est pas l’État rationnel de Hegel) déclare ouvertement la guerre à l’humanisme ». Dans ce même numéro, il choisit et traduisit un texte de Heine, « Avertissement à la France ». En mai 1939, J. Decour prépara le numéro de Commune sur « Le Centenaire de la Chartreuse de Parme ». En 1939, il traduisit Le Triomphe de la Sensibilité de Goethe pour la collection de la Pléiade.
Après l’interdiction de Commune en octobre 1939, Jacques Decour, sous son nom de Daniel Decourdemanche, devint secrétaire de rédaction de La Pensée dont il établit le troisième numéro en remplacement de Georges Cogniot* et André Parreaux, mobilisés. Mobilisé lui-même à Vernon comme simple soldat, à la déclaration de guerre, l’armistice le trouva à Clermont-Ferrand, chauffeur du général de Lattre de Tassigny. Après l’armistice, il retourna à Paris où il reprit ses fonctions de professeur d’allemand au lycée Rollin.
Dès octobre 1940, il se voua à l’organisation de la Résistance intellectuelle. Il rédigea illégalement avec Jacques Solomon* et Georges Politzer* L’Université libre (de novembre 1940 à leur arrestation en février 1942), qui appela étudiants et professeurs au combat et organisa la première campagne de protestation contre l’arrestation de Paul Langevin*. Il fit paraître en février 1941, avec Georges Politzer et Jacques Solomon, La Pensée libre, première revue clandestine destinée aux milieux intellectuels, à laquelle collaborèrent René Maublanc* et Henri Wallon* ; le numéro deux daté de janvier 1942 contenait un texte rédigé, semble-t-il par Decour, qui tint lieu de manifeste du Front national des écrivains. Après l’échec de faire de La Pensée libre l’organe de tous les écrivains résistants, Decour, en liaison avec Jean Paulhan, décida de créer Les Lettres Françaises, organe du Comité national des Écrivains, sous l’égide du Front national. Jacques Debû-Bridel qui fut contacté par Jacques Decour pour participer au premier numéro des Lettres Françaises a rappelé :
« J’ai assisté aux premières manifestations communistes en zone Nord, sur le plan intellectuel et littéraire, sur l’impulsion d’un garçon superbe, fils d’agent de change, et agrégé d’allemand : Daniel Decourdemanche, plus connu sous son nom de clandestinité : Jacques Decour. C’était un communiste, militant fervent. Je crois qu’étant donné son milieu social, il avait dû adhérer au PC par dégoût de sa classe. Un peu, je pense, comme ces jeunes patriciens romains qui se faisaient chrétiens aux IIe et IIIe siècles. Decour était un communiste ultra-orthodoxe ; alors que beaucoup de ses camarades ne suivirent pas en 1939 les directives du Parti, lui manifestait, à l’égard du gaullisme et de la Résistance française les plus grandes réserves. Cependant, dès que le « Front national » lança sa propagande de résistance, Jacques Decour s’y consacra totalement, et plus particulièrement sur le plan intellectuel qui était le sien, en créant le « Comité national des Écrivains » qui dépendait du « Front national » (Témoignage cité dans le tome II de l’Histoire de la Résistance en France d’Henri Noguères, p. 136.)
Il enseignait toujours et sa dernière inspection se déroula en janvier 1941. Il fut admis à retraite à dater du 3 mai 1941 d’après un arrêté daté du 21 mars 1942 et suspendu de ses fonctions sans traitement le 18 février 1942.
Après la création du Front national, Decour fut chargé du regroupement de tous les écrivains résistants de zone occupée. En liaison avec Jean Paulhan et Jacques Debû-Bridel, il mit sur pied le premier Comité national des écrivains et le premier numéro des Lettres françaises qui contenait son manifeste des écrivains de zone occupée et devait comporter des textes de Jean Paulhan, Pierre de Lescure, François Mauriac, Jean Blanzat, Jacques Debû-Bridel, Claude Bellanger. Son arrestation empêcha la parution de ce numéro ; il fallut attendre septembre 1942 pour que Claude Morgan puisse faire paraître un premier numéro des Lettres françaises, reproduisant le manifeste écrit par Decour, mais les autres textes avaient été perdus.
Arrêté par la police française le 17 février 1942 à son domicile, 170 bis rue de Grenelle en compagnie de Georges Politzer* et André Pican*, Jacques Decour fut interné à la Santé et mis au secret ; remis à la police allemande le 20 mars 1942 [le 5 mars 1942 d’après son dossier administratif], il fut fusillé par les Allemands le 30 mai 1942, après trois mois d’interrogatoires et de tortures, en représailles d’un attentat au Havre le 23 mai.

Il avait trente-deux ans. Au matin de son exécution, il écrivait sa dernière lettre à ses parents : « Vous savez que je m’attendais depuis deux mois à ce qui m’arrive ce matin, aussi ai-je eu le temps de m’y préparer, mais comme je n’ai pas de religion, je n’ai pas sombré dans la méditation de la mort ; je me considère un peu comme une feuille qui tombe de l’arbre pour faire du terreau. La qualité du terreau dépendra de celle des feuilles. Je veux parler de la jeunesse française, en qui je mets tout mon espoir.
« [...] Si vous en avez l’occasion, faites dire à mes élèves de première, par mon remplaçant, que j’ai bien pensé à la dernière scène d’Egmont. »

Selon son désir, il fut inhumé dans le caveau de famille au cimetière Montmartre à Paris. Lors de la Libération de Paris le 23 août 1944 des professeurs du lycée Rollin affiliés au Front national universitaire (FNU) lui donnèrent le nom de lycée Jacques-Decour. Le 1er septembre 1944, Henri Wallon, Secrétaire général de l’Éducation nationale prit l’arrêté qui entérina la nouvelle dénomination du lycée Rollin : Lycée Jacques Decour. Jacques Decour fut cité à l’ordre de la nation le 3 juin 1949 (Journal Officiel, 2 septembre 1949).
Jacques Paulhan qui consacra une étude à Jacques Decour dans ses Chroniques interdites parues dans la clandestinité, écrivit : « L’une de ses vertus fut chez Decour l’abnégation. On le vit se priver délibérément, dès 1936, des charmes qui rendaient ses romans subtils, délicats, touchants. Il disait dans Commune : « L’époque de 1830 ne fut romantique dans les arts que parce qu’elle était très raisonnable dans la réalité sociale. De même, l’époque vraiment romantique de la révolution n’a produit que des œuvres glacées : il faut écrire ou vivre ». Ayant pris le parti de vivre, il consentit à écrire glacé. Il voyait dans la société, comme Stendhal, deux camps. Dans l’un régnaient la richesse, la vanité, l’ennui ; dans l’autre camp étaient la misère, mais la raison et la liberté, les lumières, la justice sociale. Il lutta de toute sa force pour que la France redevînt la nation qui jadis proposait aux hommes, non la servitude et les ténèbres, mais la joie et le progrès. »

Marié, divorcé, il était père d’une fille, Brigitte, née en 1933. La sœur de Jacques Decour, Denise Decourdemanche, donna un émouvant témoignage sur son frère qui parut dans le recueil de textes préfacés par Aragon Comme je vous en donne l’exemple.

À Reims, le nom de Daniel Decourdemanche est inscrit sur les plaques commémoratives du collège Université et du lycée Clemenceau, et sur la plaque qui rend hommage aux maîtres marnais de l’école laïque au Square des victimes de la Gestapo 18, rue Jeanne d’Arc.
À Paris, il figure sous le nom de Daniel Decourdemanche sur la plaque 1939-1945 du lycée Jacques Decour (autrefois lycée Rollin) et sous le nom de Jacques Decour sur la plaque érigée à l’intérieur du Panthéon en mémoire des écrivains morts pour la France.
À Suresnes, le nom de Daniel Decourdemanche est gravé sur la cloche dédiée aux fusillés du Mont-Valérien.


Jacques Decour est absent du recueil de Lettres de fusillés publié en 1946 aux Éditions France d’abord. Il apparaît dans la brochure Lettres de fusillés de 1958, Éditions sociales, préface de Jacques Duclos., p. 30-31 et dans la version de 1970, p. 49-52.

Samedi 30 mai 1942, 6 h 45.
Mes chers parents,
Vous attendiez depuis longtemps une lettre de moi. Vous ne pensiez pas recevoir celle-ci. Moi aussi, j’espérais bien ne pas vous faire ce chagrin. Dites-vous bien que je suis resté jusqu’au bout digne de vous, de notre pays que nous aimons.
Voyez-vous, j’aurais très bien pu mourir à la guerre, ou bien même dans le bombardement de cette nuit. Aussi je ne regrette pas d’avoir donné un sens à cette fin. Vous savez bien que je n’ai commis aucun crime, vous n’avez pas à rougir de moi, j’ai su faire mon devoir de Français. Je ne pense pas que ma mort soit une catastrophe ; songez qu’en ce moment des milliers de soldats de tous les pays meurent chaque jour, entraînés dans un grand vent qui m’emporte aussi.
Vous savez que je m’attendais depuis deux mois à ce qui m’arrive ce matin, aussi ai-je eu le temps de m’y préparer, mais comme je n’ai pas de religion, je n’ai pas sombré dans la méditation de la mort ; je me considère un peu comme une feuille qui tombe de l’arbre pour faire du terreau.
La qualité du terreau dépendra de celle des feuilles. Je veux parler de la jeunesse française, en qui je mets tout mon espoir.
Mes parents chéris, je serai sans doute à Suresnes, vous pouvez si vous le désirez demander mon transfert a Montmartre
Il faut me pardonner de vous faire ce chagrin. Mon seul souci depuis trois mois a été votre inquiétude. En ce moment, c’est de vous laisser ainsi sans votre fils qui vous a causé plus de peines que de joies. Voyez-vous, il est content tout de même de la vie qu’il a vécue qui a été bien belle.
Et maintenant voici quelques commissions. J’ai pu mettre un mot à celle que j’aime. Si vous la voyez, bientôt j’espère, donnez-lui votre affection, c’est mon vœu le plus cher. Je voudrais bien aussi que vous puissiez vous occuper de ses parents qui sont bien en peine. Excusez moi auprès d’eux de les abandonner ainsi, je me console en pensant que vous tiendrez à remplacer un peu leur « ange gardien »
Donnez-leur des choses qui sont chez moi et appartiennent à leur fille, des volumes de la Pléiade, les Fables de La Fontaine, Tristan, les Quatre Saisons, les Petits Poussins, les deux aquarelles (Vernon et Issoire), la carte des quatre pavés du Roy.
 
J’ai beaucoup imaginé, ces derniers temps, les bons repas que nous ferions quand je serais libéré - vous les ferez sans moi, en famille, mais pas tristement, je vous en prie. Je ne veux pas que votre pensée s’arrête aux belles choses qui auraient pu m’arriver, mais à toutes celles que nous avons réellement vécues. J’ai refait pendant ces deux mois d’isolement, sans lecture, tous mes voyages, toutes mes expériences, tous mes repas, j’ai même fait un plan de roman. Votre pensée ne m’a pas quitté et je souhaite que vous ayez, s’il le fallait, beaucoup de patience et de courage, surtout pas de rancœur.
Dites toute mon affection à mes sœurs, à l’infatigable Denise qui s’est tant dévouée pour moi et à la jolie maman de Michel et de J. Denis.
J’ai fait un excellent repas avec Sylvain le 17, j’y ai souvent pensé avec plaisir, aussi bien qu’au fameux repas de réveillon chez Pierre et Renée. C’est que les questions alimentaires avaient pris de l’importance. Dites à Sylvain et Pierre toute mon affection et aussi à Jean, mon meilleur camarade, que je le remercie bien de tous les bons moments que j’aurai passés avec lui.
Si j’étais allé chez lui le soir du 17, j’aurais fini tout de même par arriver ici, il n’y a donc pas de regret !
Je vais écrire un mot pour Brigitte à la fin de cette lettre, vous le lui recopierez. Dieu sait si j’ai pense à elle. Elle n’a pas vu son papa depuis deux ans.
Si vous en avez l’occasion, faites dire à mes élèves de première, par mon remplaçant, que j’ai bien pense à la dernière scène d’Egmont, et la lettre de Th. - ki... à son père, sous toute réserve de modestie
Toutes mes amitiés à mes collègues et à l’ami pour qui j’ai traduit Goethe sans trahir.
Il est huit heures, il va être temps de partir.
J’ai mangé, fumé, bu du café. Je ne vois plus d’affaire à régler.
Mes parents chéris, je vous embrasse de tout coeur. Je suis près de vous et votre pensée ne me quitte pas.
 
Votre DANIEL

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Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article21760, notice DECOUR Jacques [DECOURDEMANCHE Daniel, dit] par Nicole Racine, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 11 juillet 2022.

Par Nicole Racine

Jacques Decour
Jacques Decour
Musée de la résistance nationale
La dernière lettre de Jacques Decour fut publiée en novembre 1945 (Photo : Daniel Grason)
La dernière lettre de Jacques Decour fut publiée en novembre 1945 (Photo : Daniel Grason)
Dans le sqare des victimes de la Gestapo </br>à Reims
Dans le sqare des victimes de la Gestapo
à Reims
Dans le hall d'entrée du collège Université</br> de Reims
Dans le hall d’entrée du collège Université
de Reims
SOURCE :
Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson

ŒUVRE : Deux romans : Le Sage et le Caporal, Gallimard, 1930, 241 p. et Les Pères, id., 1936, 199 p. — Philisterburg, notes sur un séjour en Prusse publié par Gallimard, en 1932, fut publié à nouveau dans Comme je vous en donne l’exemple, textes de Jacques Decour, présentés par Aragon, les Éditeurs français réunis, 1974, 221 p. — Cette anthologie reproduit en préface sous le titre « Comme je vous en donne l’exemple » le texte qu’Aragon consacra en mai 1945 à Jacques Decour ; ce titre se réfère à la dernière scène d’Egmont de Goethe à laquelle Jacques Decour fit allusion dans sa dernière lettre. La bibliographie contenue dans ce livre donne la liste des traductions de Jacques Decour ainsi que celle de ses différents articles (La Nouvelle Revue française, Commune) ; elle est précédée de notes biographiques.

SOURCES : Arch. Nat. F/17, 16084, 27439. — RGASPI, Moscou, 495 270 3749 (autobiographie, Tours, 6 mai 1937) ; RGASPI 517, 1, 1867. — Ministère des anciens combattants, dossier Jacques Decour, dossier 957 (attestation de Jacques Debû-Bridel et Claude Morgan). — Henri Noguères, Histoire de la Résistance en France de 1940 à 1945, Robert Laffont, 1969, 733 p., tome 2. — Paul Delanoue, Les Enseignants, la lutte syndicale du Front populaire à la Libération, Éditions Sociales, 1973, 415 p. — Comme je vous en donne l’exemple, op. cit., plus particulièrement le texte de présentation d’Aragon ainsi que le texte de Denise Decourdemanche, « Jacques Decour, mon frère ». — Claude Bellanger, Histoire générale de la presse française. De 1940 à 1968, t. IV, PUF, 1975, p. 486. — Jacques Debû-Bridel, La Résistance intellectuelle, Julliard, 1970. — Nicole Racine-Furlaud, « L’Université libre, 1940-1941 », in Jean-Pierre Rioux, Antoine Prost, Jean-Pierre Azéma (dir.), Les communistes français de Munich à Châteaubriant, PFNSP, 1987. — Anne Simonin, Les éditions de Minuit, 1942-1955 : le devoir d’insoumission, IMEC, 1994. — Daniel Virieux, Le Front national de lutte pour la Liberté et l’Indépendance de la France. Un mouvement de Résistance-Période clandestine (mai 1941-août 1944), thèse de doctorat d’histoire, Université de Paris VIII, 1995. — Gisèle Sapiro, « Les conditions professionnelles d’une mobilisation réussie : le Comité national des écrivains », Le Mouvement social, n° 180, juillet-septembre 1997. — Renseignements biographiques fournis par Denise Decourdemanche (lettre du 25 janvier 1979 à Nicole Racine). — Notes de Pierre Favre. — Pierre Favre, Jacques Decour, l’oublié des Lettres françaises, Farrago, Éd. Léo Scheer, 2002. — Notes de Jacques Girault. — Notes de Jean-Pierre et Jocelyne Husson. — Jean-Pierre et Jocelyne Husson, La Résistance dans la Marne, dévédérom, AERI-Département de la Fondation de la Résistance et CRDP de Champagne-Ardenne, Reims, 2013.

ICONOGRAPHIE : Pages choisies de Jacques Decour, les Éditions de Minuit, 1944, 46 p. (édition clandestine, préface anonyme due à Jean Paulhan).

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