FOURNIER Lucien, Arsène

Par Daniel Grason

Né le 5 mars 1906 à Paris (XXe arr.), mort le 22 novembre 1965 à Orléans (Loiret) ; boulanger ; militant communiste ; résistant ; déporté à Mauthausen (Autriche).

Fils de Zéphir Maximilien, vingt-neuf ans, nacrier et de Suzanne Jeanne née Berchem, dix-sept ans, mécanicienne Lucien Fournier naquit 170, rue de Belleville à Paris (XXe arr.). Son père Zéphir, caporal au 245e régiment d’infanterie pendant la Première Guerre mondiale fut tué au combat le 22 juin 1916 à Verdun. Lucien Fournier a été adopté par la Nation par jugement du Tribunal civil de la Seine en date du 2 octobre 1919.
Il épousa le 1er juillet 1929 Yvette Camille Cosson en mairie de Beaugency dans le Loiret. Le couple vivait pendant la guerre au 110 rue de la République à Puteaux (Seine, Hauts-de-Seine). Il adhéra au Parti communiste en 1936, était organisé à la cellule Arago, il connaissait André Fréjabue le secrétaire de la section et Jean Nenning.
Il a été interpellé le 17 février 1941 par des inspecteurs de la Brigade spéciale d’intervention du commissariat de Puteaux pour « activité communiste », Ils procédèrent à une perquisition domiciliaire, ils saisissaient une presse et du papier servant à éditer des tracts. Lucien Fournier fut conduit au Dépôt et transféré le lendemain, à la prison de la Santé.
Incarcéré, il comparut devant les juges de la section spéciale le 21 octobre 1941, Lucien Fournier a été condamné à 20 ans de travaux forcés. Emprisonné à Fresnes le 25 octobre 1941, il a été transféré le 12 décembre 1941 à la prison de Fontevrault (Indre-et-Loire). Le 17 septembre 1943, il était envoyé à la prison de Blois (Loir-et-Cher).
Le 28 février 1944, Lucien Fournier était dans l’un des wagons dont les fenêtres étaient grillagées, ll y avait cinquante déportés dont plusieurs résistants de la banlieue Ouest interpellés dans la même affaire. Outre Lucien Fournier, étaient envoyés à Mauthausen en Autriche : les gennevillois Hippolyte Génard, Fernand Le Breton, Eugène Toulgoat, seul Jean Gourdoux, survécut aux épreuves. D’autres plus connus étaient dans le même transport, le tchécoslovaque Artur London, et le polonais Kazimierz Szawejko
À son arrivée, il a été dirigé sur la prison de Linz en Haute-Autriche, puis au kommando de travail de Melk où les détenus travaillaient à la construction d’une usine souterraine de roulements à billes pour les firmes Steyr, Daimler et Puch. Enfin, il travailla à Ebensee. À la fin de l’année 1944 dix mille détenus travaillaient à la création d’usines souterraines, quatorze tunnels étaient en chantier, 16 000 détenus y travaillaient encore le 6 mai 1945.
Alors que Lucien Fournier était toujours à Mauthausen, sa grand-mère Marie Pannetier née Derdrert, quatre-vingt un ans, témoigna en 1945 devant les membres de la commission rogatoire chargé du dossier de l’inspecteur P. Elle déclara : « Mon petit-fils, sa femme et moi avons été arrêtés le 15 février 1941 par le commissaire de Puteaux et six inspecteurs ».
Quant à Mauthausen, même, dans la nuit du 3 au 4 mai 1945, les derniers SS abandonnaient le camp. Dans la nuit du 4 au 5 mai le capitaine Kern de la Schutzpolizei de Vienne négociait avec les résistants du Comité international. Le 5 mai, l’arrivée des troupes américaines permettait le désarmement des gardes autrichiens. Le lendemain le camp passait sous le contrôle du Comité international. Avec les armes dérobées dans l’armurerie, les prisonniers pourchassaient les SS et les kapos dans la région. Le 6 mai voyait le retour des Américains. Entretemps, les Espagnols avaient fabriqué une grande banderole leur souhaitant en espagnol, la bienvenue.
Lucien Fournier a été homologué Déporté interné résistant (DIR). Il mourut le 22 novembre 1965 à l’âge de cinquante-neuf ans à Orléans (Loiret).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article217606, notice FOURNIER Lucien, Arsène par Daniel Grason, version mise en ligne le 26 juin 2019, dernière modification le 16 août 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : AN Z/4/11 dossier 111. – Arch. PPo. 77 W 3124-291860. – Bureau Résistance GR 16 P 231496. – Raymond Poitevin, Abbaye-Bagne de Fontevraud 1940-1944, Éd. AFMD 49. Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – Site Mémorial de la Shoah « Mauthausen, le dernier camp libéré. » – État civil numérisé 20N 251 du XXe arrondissement de Paris acte n° 897.

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