KOHN Icek

Par Laurent Battut

Né le 2 avril 1897 à Zdundska Wola (Pologne), exécuté sommairement par les Allemands le 1er août 1944 à Bourg-Lastic (Puy-de-Dôme) ; commerçant ; 2ème classe des Forces françaises de l’intérieur (FFI).

Icek Kohn est né le 2 avril 1897 à Zdundska Wola (Pologne). Les circonstances de son engagement dans la Résistance ne sont pas connues. Comme plusieurs juifs polonais et russes membres, comme lui, de la 1ère compagnie de la demi-brigade AS de haute Corrèze, c’est probablement via un engagement au sein de la Légion Étrangère qu’il rejoignit la France en 1939.
En 1944, en réaction au débarquement allié de Normandie le 6 juin et des rassemblements de milliers de maquisards sur différents réduits en Auvergne, l’occupant allemand avait dépêché une brigade « anti-maquis » portant le nom du général qui la commandait, Jesser. Cette brigade arriva en Auvergne à partir du 6 juin et porta un rude coup à la résistance auvergnate lors des combats « ouverts » au Mont-Mouchet et à la Truyère. Elle entreprit entre le 9 juillet et le 31 juillet des opérations importantes de ratissage dans l’ouest du Puy-de-Dôme, la haute Corrèze et la Creuse.
Le 31 juillet, ayant selon toute vraisemblance assimilé le village de Neuvic comme un centre important de la Résistance corrézienne, des éléments de la brigade Jesser cernèrent ce village. Au petit matin, les fantassins allemands en approche de Neuvic tombèrent sur des maquisards de la 1ère compagnie de la demi-brigade de haute Corrèze et un combat s’engagea, aboutissant à des tués dans les deux camps. Côté maquis, la mort d’Isaak Lewine, juif polonais, de Jean Koncz, juif hongrois et de Leib Russek, juif russe, fut à déplorer. Tous trois avaient accompli la campagne 1939-1940 contre l’Allemagne au sein de la Légion Etrangère comme engagés volontaires. C’est également au cours de ce combat que furent faits prisonniers deux maquisards juifs polonais : Icek Kohn et Zysja Gerstenzang. En ce 31 juillet, les Allemands capturèrent également à Neuvic Georges Monéger et Antoine Roh.
Le matin du 1er août 1944, deux autres prisonniers, Joseph Lakuss pris à Meymac et Wladimir « Timo » Wawileiczinko pris à Saint-Rémy les jours précédents, furent joints aux quatre prisonniers capturés à Neuvic. Le matin du 1er août, ils passèrent tous les six devant un simulacre de tribunal expéditif lors duquel ils furent vraisemblablement condamnés à mort.

Les éléments de la brigade Jesser opérant en haute Corrèze avaient reçu l’ordre de refluer en direction de Clermont-Ferrand. Le mouvement de retraite avait commencé le 30 juillet avec le départ du plus gros de la Tatar-Legion. Cette colonne fut attaquée par la Résistance corrézienne (une section de la 5ème compagnie de la demi-brigade de haute Corrèze) sur la RN89, vers neuf heures le 30 juillet, deux kilomètres avant qu’elle n’atteigne Eygurande. L’embuscade aurait causé environ quarante tués et blessés chez l’ennemi. Un seul blessé FFI fut à déplorer.
La légion azerbaïdjanaise et les derniers éléments tatars quittèrent Ussel le 1er août, transportant les 6 prisonniers de la Résistance corrézienne. Une section de la 6ème compagnie de la demi-brigade de haute Corrèze attaqua ce convoi de 70 véhicules dans les gorges du Chavanon vers quinze heures. Un combat d’une vingtaine de minutes aurait occasionné 15 tués ou blessés parmi les Allemands.
Le convoi atteignit alors Bourg-Lastic où le cantonnement était prévu. Les six prisonniers furent fusillés vers dix-neuf heures dans un secteur éloigné de toute habitation, dans le bois dit « les sapins », sur la route en direction de Messeix.
Icez Kohn avait 47 ans et sa situation de famille est inconnue. Mort pour la France, il n’a pas de dossier aux Archives des Victimes des Conflits Contemporains à Caen ni de dossier d’homologation FFI. Il a été homologué Interné Résistant (carte n°1.02.01.23664) le 13 avril 1965 pour la période du 31 juillet au 1er août 1944. Cette décision d’homologation fut communiquée à Mme Zilla Goldenberg, demeurant 26 rue Cavendish à Paris, dont on ignore le lien de parenté avec la victime. Il est inhumé dans le cimetière communal de Neuvic.

Son nom figure sur une plaque commémorative du monument au mort en face de la mairie de Neuvic, sur une plaque commémorative du cimetière de Neuvic portant la mention "Ossuaire F.F.I. Maquisards inhumés morts pour la France", suivi de la mention « Bourg-Lastic 1-8-44 », ainsi que sur une seconde plaque commémorative du cimetière de Neuvic portant la mention « Résistants et Maquisards morts pour la France Neuvic 1943-1945 », suivi de la mention « AS ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article217611, notice KOHN Icek par Laurent Battut, version mise en ligne le 26 juin 2019, dernière modification le 16 avril 2021.

Par Laurent Battut

SOURCES : SHD Vincennes, GR 16 P 321766, dossier Kohn Icek. — Louis Le Moigne et Marcel Barbanceys, Sédentaires, réfractaires et maquisards, L’Armée secrète en Haute-Corrèze, 1942-1944, 509 p. — Memorialgenweb. — État civil à Bourg-Lastic.

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