GALLOIS Julien, Charles

Par Eric Panthou, Michel Thébault

Né le 1er janvier 1920 à Valenciennes (Nord), exécuté sommairement en représailles le 14 août 1944 à la carrière des Grises, commune de Prémilhat (Allier) ; métallurgiste ; Sergent aux Chantiers de Jeunesse ; reconnu Combattant de la 2nde Guerre mondiale ; résistant arrêté en Creuse le 9 août 1944.

Portrait de Julien Gallois

Fils de Charles Gallois, concierge au tribunal de commerce de Valenciennes, chauffeur d’automobiles et de Denise, Nelly Blas, Julien Gallois eut une sœur, Gilberte, née en 1913 et un frère, Armand, né en 1914. Sa mère décéda le 7 janvier 1920 à Escaudain (Nord), quelques jours après lui avoir donné naissance.
Il se maria avec Denise, Eugénie Brien à Valenciennes le 26 mars 1940. Ils eurent un un fils, né en 1942. Il était alors métallurgiste alors que son épouse était employée de commerce.
Sa dernière adresse connue est Valenciennes.
Il fut mobilisé en 1940 et se replia avec sa formation jusqu’en zone non occupée. Resté dans l’armée, il fut affecté à l’organisation des Chantiers de jeunesse et se fit remarquer pour son intelligence et son esprit d’initiative. Il fut bientôt nommé sergent.
En 1944, il était affecté au 153ème Groupement des Chantiers de Jeunesse à Orange (Vaucluse), en tant que Chef. Le 13 mars 1944, il écrivit à son épouse pour lui dire que le Groupement 207 auquel il appartenait dorénavant devait déménager. Il était alors stationné au camp de Sathonay (Rhône). Il déclara que le groupe devait partir vers le Sud mais que lui resterait pour liquider le camp et qu’il ne savait pas où il irait ensuite.
Il fut déclaré disparu en juillet 1944. A cette date, et alors qu’il était affecté dans un lieu qu’on ignore, il déclara à l’un de ses camarades à qui il avait prêté de l’argent, qu’il comptait aller à Orange rejoindre le maquis.
On ignore donc dans quelle circonstance, sans doute après le débarquement, il a fui et a voulu rejoindre un maquis de la Creuse. Dans la dernière lettre qu’il écrivit à sa femme, lui annonçant la fermeture du camp de Sathonay, il dit être d’accord pour qu’elle aille habiter à Felletin (Creuse). Il est donc possible qu’il ait voulu se rapprocher du lieu où son épouse et son enfant étaient installés.
Lors de l’offensive des Alliés, il intègre le maquis de Guéret (Creuse). Une expérience de courte durée. Le quotidien La Voix du Nord, du 7 août 1949, relate qu’il est « encerclé sur la route de Montauban ». « Il fut interné dans la prison de cette ville et considéré comme terroriste ».
Il fut arrêté par les Allemands le 9 août 1944. Le dossier d’enquête pour crime de guerre le concernant écrit que le « présumé Gallois, venant d’Orange se rendait du côté de Chénérailles (Creuse) ». Cette dernière mention est peut-être à rapprocher de l’arrestation sur les routes du nord de la Creuse au début du mois d’août de plusieurs personnes. Comme le montre le témoignage du père de Roger Riquier, également fusillé à Prémilhat : « Vers le 8 août 1944, mon fils est parti en tournée dans la direction de Guéret avec l’intention de se rendre à Chaillac (Indre). Aussitôt après avoir dépassé la ville de Guéret il est tombé sur une colonne d’Allemands venant de Montluçon et ramassant des otages sur leur chemin. Mon fils a donc été ramené à Guéret, où il est resté deux jours, ensuite il a été dirigé sur Montluçon ».

Incarcéré à la caserne Richemont à Montluçon (Allier), Julien Gallois en fut extrait le 14 août 1944, vers 5 heures du matin, avec 41 autres civils également détenus au même lieu. Ils furent conduits en camion sur la route de Quinssaines jusqu’au lieu-dit Les Grises, sur la commune de Prémilhat (Allier). Ils furent fusillés, en représailles aux multiples attentats et actes de sabotages accomplis dans le secteur de Montluçon dans les premiers jours d’août 1944. Les corps furent jetés dans des fosses creusées à l’avance et couverts de chaux vive.
Deux corps restèrent non identifiés. Jean Gallois fut l’un des deux. Le commissaire de police qui en 1945 rédigea le rapport concernant le crime de guerre de Prémilhat et établit la liste des victimes fournit le descriptif suivant : « corps n°31. Taille 1 m 65 à 1 m 70, cheveux châtains ondulés, corpulence mince, costume fantaisie bleu à rayures, brodequins cloutés avec un bout en laiton, talon caoutchouc, chemise gris bleu. » Une mention complémentaire indique : Cet inconnu pourrait ainsi appartenir au groupe des prisonniers transférés de Guéret (Creuse) et conduits à Montluçon pour compléter le groupe des otages fusillés le 14 août.

Le tribunal de première instance de Valenciennes le 10 avril 1947 déclara Julien Gallois décédé et "Mort pour la France" avec date présumée de la mort en juillet 1944, sans autre précision. Un second jugement rectifia cette mention en fixant la date et le lieu du décès à Prémilhat le 14 août 1944.

Julien Gallois aurait été identifié par sa sœur, à une date qu’on ignore.

Le 9 octobre 1951, le commissaire central, chef de la circonscription de Montluçon, adresse un courrier à la direction générale de la Sûreté nationale : « Selon des renseignements recueillis à nos archives, M. Gallois Julien a été identifié parmi les 42 victimes exécutées par les Allemands le 14 août 1944 à la carrière des Grises ». Le document précise que le jeune homme a été arrêté le 9 août 1944 et interné à la caserne Richemont, à Montluçon, jusqu’à la date de son exécution.
Si tout le monde ignorait l’existence de Julien Gallois à Montluçon, personne n’ignorait son parcours dans sa ville natale, Valenciennes.

La veuve et la mère de Julien Gallois apprirent les conditions de sa mort en avril 1947. Elles firent alors les démarches auprès de la mairie de Prémilhat pour récupérer les quelques affaires qui avaient pu être trouvées sur lui, notamment pour que leur jeune fils de 5 ans puisse garder une trace de son père. Elle se plaignit aussi que l’administration ne l’avait jusqu’alors pas autorisée à se rendre sur sa tombe. Le père de Julien Gallois écrivit dès avril 1947 à un dénommé Rougeron, habitant 66 rue Chabot de l’Allier, à Montluçon, pour lui demander des renseignements sur les conditions de l’arrestation de son fils, les deux hommes ayant été dans la même cellule. On ignore s’il reçut une réponse.
En juillet 1947, l’Administration fit exhumer le corps qui fut pendant un temps transporté à Clermont-Ferrand en raison de l’insuffisance des moyens de transports.
C’est le 7 août 1949 que Julien Gallois put être enterré à Valenciennes au cimetière Saint-Jean, après une messe en l’église Saint-Nicolas. Son corps avait été rapatrié le 4 août et déposé à la chapelle mortuaire de l’Hôtel-Dieu.
Le dimanche 7 août 1949, le quotidien régional La Voix du Nord annonce « les funérailles officielles de deux héros ».

En 1994, sa veuve, devenue Denise Lesoin, fut informée par la Direction départementale des anciens combattants et victimes de guerre du Nord, que Julien Gallois s’était vu reconnaître la qualité de Combattant par arrêté préfectoral du 28 juin 1994.

C’est suite au décès de Denise, la veuve de Julien Gallois en 2015 qu’un neveu de Julien Gallois a pu établir un contact avec le Musée de la Résistance de Montluçon pour l’informer qu’un des inconnus tués à Prémilhat était ce jeune venu du Nord.

Le nom de Julien Gallois figure sur le monument aux morts de la ville de Valenciennes.

Il n’est pour l’instant pas identifié sur la base Mémoire des Hommes qui recense les victimes de guerre et Résistants tués.
Cet oubli fut réparé le 15 août 2019 lors des commémorations du massacre de la carrière des Grises. Ceci faisait suite aux démarches de la famille de Julien Gallois faites auprès de l’ANACR de l’Allier et de la marie de Prémilhat, une nouvelle plaque comportant le nom de Julien Gallois étant alors dévoilée.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article217723, notice GALLOIS Julien, Charles par Eric Panthou, Michel Thébault, version mise en ligne le 2 juillet 2019, dernière modification le 2 février 2022.

Par Eric Panthou, Michel Thébault

Portrait de Julien Gallois

SOURCES : Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 908 W 79 : crimes de guerre à Prémilhat .— Jugement déclaratif de décès ; acte de disparition des Chantiers de Jeunesse, acte de naissance, article sur ses funérailles, courrier de la Direction départementales des ACVG, attestation du commissaire de Police de Montluçon, lettre du père et de la veuve de Julien Gallois (archives privées, famille de Julien Gallois). — « Cérémonie de la carrière des Grises (Allier) : un « moment émouvant » pour la famille de la victime récemment identifiée », La Montagne, édition Montluçon, 16 août 2019. —Fabrice Redon, « 75 ans après le massacre de la carrière des Grises à Prémilhat (Allier), l’une des 42 victimes identifiée », La Montagne, édition Montluçon, 9 juillet 2019. — Généanet.

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