DUVAL François, Marie, Jacques

Par Eric Panthou

Né le 13 mai 1916 au Havre (Seine-Maritime), poussé sous un train par les Allemands le 3 avril 1944 à la gare de Nevers (Nièvre) ; inspecteur régional des chantiers intellectuels 1424, résistant au sein du Front National puis chef d’un réseau de Renseignements.

Fils de Jean, architecte, et de Charlotte Choumeils de Saint-Germain, domiciliés alors dans le IV° arrondissement de Paris, François Duval naquit au Havre. Son père était lui-même né dans ce département, à Sainte-Adresse (76) et décéda en 1942.
François Duval fit des études et était détenteur d’une licence es-Lettres. Il fit son service militaire comme élève officier puis Officier d’Administration de septembre 1939 à août 1940.
Après sa démobilisation en 1941, il revint étudier à Bordeaux, dont sa mère était native, pour préparer l’Agrégation. C’est en 1941 qu’il décida de s’engager dans la Résistance à l’Occupant, d’abord par l’action directe. Il commença par diffuser des tracts du Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France (FN)
Selon l’enquête menée par un inspecteur régional des Sites fin 1944, l’action directe de Duval se serait aussi traduite dès décembre 1940 par la destructions de sept avions américains stationnés à Bordeaux, la mise hors d’état de nuire de sentinelles allemandes au Quai des Chartrons et, ce qui parait surprenant et peu probable. Ainsi, le rapport faisant mention de ces exécutions de hautes personnalités allemandes par Duval cite celle de l’Amiral Von Arnauld de La Perière. Or, celui-ci n’a pas été assassiné mais est mort accidentellement quand son avion s’est écrasé au Bourget en février 1941. Il faut donc retenir avec la plus grande prudence les affirmations selon lesquelles Duval aurait recouru à l’action militaire dès 1941. Il aurait abandonné cette forme d’action en raison des représailles qu’elle suscita.
C’est alors qu’il apprit la création du Chantier 1424, l’institution créée par le Régime de Vichy, visant à la préservation des sites et monuments. Il saisit immédiatement l’opportunité d’un tel organisme. Pas de résidence obligatoire, liberté de mouvement sur le territoire, facilité administrative pour pénétrer partout en ayant des laissez-passer spéciaux, autorisation de photographier sans contrainte.
Il fut ainsi nommé inspecteur à Bordeaux puis de mars à décembre 1943 pour le Val de Loire et entre janvier et avril 1944, pour la Bourgogne et l’Est. Il fut en outre délégué départemental entre janvier 1942 et février 1943 pour les départements suivants, Gironde, Landes, Basses Pyrénées (occupées).
Il aurait ainsi transformé la circonscription Val-de-Loire Atlantique en en agence d’informations pour Londres qui en retour multiplia, notamment à partir de janvier 1944, les "messages personnels" à l’attention de Duval.
Il tissa un réseau de renseignements très efficace, très cloisonné, ses contacts ne connaissant que lui. Il espérait réaliser sur le plan national ce qu’il avait réalisé sur le plan régional, en transformant le Chantier 1424 en une organisation de renseignements chargée d’activités clandestines.
Parmi ses contacts figuraient les dénommés Gardelles et Marrot. Il s’occupa de relever les plans du port de Bordeaux et en 1942 il releva les emplacements de DCA. Il était considéré comme extrêmement discret dans son activité de renseignements. Il a fourni lorsqu’il voyageait pour les Beaux-Arts, des indications sur les mouvements de troupes et les emplacements de dépôts, en particulier sur "l’église" réservoir de pétrole de Caverne, en 1942. L’agent de Renseignement Y. Brunetière signa une note à son propos, se portant garant du patriotisme de Duval.
Selon les déclarations d’un de ses camarades de combat, il aurait préparé l’équipement du Bassin d’Arcachon et de la Baie de Saint-Jean-de-Luz en vue d’un débarquement allié, avec pistes de parachutages, dépôts d’armes et de munitions, balisages des chenaux. Il aurait aussi organisé dans un village frontière des Pyrénées-Atlantiques un centre de passage en Espagne des réfractaires du STO mais aussi des parachutistes et aviateurs récupérés.
C’est la confiscation de son appareil photo par la Gestapo après des prises de vues à Clamecy (Nièvre) qui entraîna une première arrestation où il fut interrogé. Il fut relâché mais mis sous surveillance et se vit restituer son appareil photo après que l’Administration des Beaux-Arts en ait fait la demande.
Mais une demi-heure après, en gare de Nevers, il fut poussé par les Allemands sous les roues de l’Express de Dijon en partance. Les Allemands n’avaient sans doute pas pris la mesure de son importance pour ainsi le tuer de façon aussi expéditive.
Sa mort fut considérée comme une grande perte pour le Service des Sites qui voyait en lui un jeune homme brillant, aux idées originales et fécondes.
Selon un document interne du Chantier intellectuel des Sites, il aurait été reconnu "Mort pour la France".
Son nom ne semble cependant figurer sur aucun monument et il n’a pas de dossier de Résistant ou victime de guerre au sein des archives du Ministère de la Défense. En l’absence de dossiers de Résistants et avec des éléments reposant sur deux témoignages, dont un anonyme, il faut rester prudent sur la réalité des activités et responsabilités assurées par François Duval, en particulier en 1941. En outre, aucune mention de sa date et de son lieu de décès ou du titre de "Mort pour la France" ne figure sur son acte de naissance.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article217958, notice DUVAL François, Marie, Jacques par Eric Panthou, version mise en ligne le 14 juillet 2019, dernière modification le 12 mars 2020.

Par Eric Panthou

SOURCE : Le chantier intellectuel 1424 , préfiguration de l’inspection des sites, Note réalisée par Catherine Candelier, mai 2018 (en ligne) .— L’Inspecteur Régionale Jacques Sain à Monsieur l’Inspecteur Général Directeur du Chantier des Sites, le 1er décembre 1944. Résultat de l’enquête sur les activités patriotiques de l’inspecteur Duval .— état des services de François Duval, Mort pour la France. Chantier intellectuel des Sites . (copies transmises par Catherine Candelier) .— Généanet .— état-civil Le Havre, en ligne.

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