MILLET Maurice, Gaston, Émile

Par Annie Pennetier

Né le 1er mars 1924 à Ardon (Loiret), exécuté sommairement le 10 juin 1944 à la ferme du By, La Ferté-Saint-Aubin (Loiret) ; étudiant ; résistant des réseaux Vélite-Thermopyles et Vengeance.

Maurice Millet était le fils de Marie Albertine Girard, sans profession, et de Georges Alcide Millet, jardinier, garde particulier à la Bohardière commune de La Ferté-Saint-Aubin. Titulaire du brevet élémentaire (anglais,espagnol) Maurice Millet fréquentait le lycée Pothier d’Orléans en 1942. Résistant, en mars 1943 il intégra le réseau Vengeance placé dans sa commune sous les ordres du garagiste Marcel Gorin. Les arrestations se multipliant, menées par un gestapiste français d’Orléans spécialisé dans la recherche des résistants, Maurice Millet rejoignit Nice. Son dossier de résistant comporte une adresse à Issy-les-Moulineaux (Seine) 2 rue Woisembert.
À l’approche du débarquement allié, il revint à La Ferté le 23 mai 1944 et se chargea de guider les lycéens parisiens dont les accueils avaient été organisés en Sologne, dont celui de La Bohardière. Le 9 juin au soir, après être passé par le centre régulateur de la ferme du By, il conduisit une douzaine de jeunes du lycée parisien Stanislas, dans la ferme voisine de la « La Fourmilière » et y resta couché.
Vers 22 heures, un homme d’une trentaine d’années, reçu par André Parent de garde sur le chemin, se présenta, apportant des nouvelles d’un jeune accidenté de la route et empêché de rejoindre le By. L’individu envoyé en reconnaissance, Lucien Lussac, était un agent d’infiltration du S.D. (Sicherheitsdienst) Service de renseignements de la S.S. d’Orléans (Loiret) et André Parent un lycéen parisien du SD infiltré dans les rangs du corps franc. Vers 23 heures, à La Ferté, Raymond de Lassus, résistant qui avait organisé la liaison avec les résistants locaux et l’accueil dans les fermes de Sologne fut arrêté par Lussac puis durement interrogé dans les locaux de la Gestapo d’Orléans ; soumis à un simulacre de fusillade ; il ne parla pas.
Le samedi 10 juin vers cinq heures du matin, des agents du S.D. d’Orléans commandés par l’adjudant Max Kathrein alias Schneider accompagnés de trois français firent irruption dans la ferme du By, trois résistants parvinrent à se cacher. Parmi les étudiants, André Parent sortit une carte qu’il tendit aux hommes du S.D., il était du même service. Il indiqua qu’il n’y avait pas d’armes au By.
L’étudiant rescapé Lucien Schmant témoigna qu’après un interrogatoire et une fouille, puis une absence d’une demi-heure pour aller chercher les instructions téléphonées de leurs supérieurs par l’intermédiaire de la gendarmerie de La Ferté, le peloton d’exécution les fit rejoindre une clairière située à l’écart de la ferme ; un premier groupe de seize jeunes furent abattus à la mitrailleuse, puis d’une balle dans la tête, puis un deuxième groupe de treize arrêtés à la grange de La Fourmillière dont Maurice Millet.
Les corps des 29 victimes furent mis en bière au cimetière de La Ferté, le 12 juin.

Maurice Millet a été reconnu Mort pour la France le 2 mai 1945 (28 octobre 1957) et homologué sous-lieutenant des FFC par décret du 25 octobre 1947 (JO du 1er novembre 1947) avec prise de rang le 1er juin 1944 avec citation à l’ordre de la division (5 février 1947 et citation à l’ordre de son corps d’armée (10 novembre 1947).
Il a été reconnu Interné résistant au titre de son appartenance au réseau Turma-Vengeance, FFI du maquis du Loiret. Son dossier de résistant comporte un témoignage de son frère Georges, capitaine d’active, chevalier de la Légion d’honneur.

Son nom est inscrit sur la nécropole nationale de Bellefontaine (Loiret), sur le monument aux morts de La Ferté-Saint-Aubin ainsi que sur la plaque commémorative du lycée Pothier d’Orléans.

Le procès des gestapistes français du Loiret se déroula devant la cour de justice d’Orléans du 16 au 23 juillet 1946. Sept avaient été arrêtés et quatre en fuite furent jugés par contumace. André Parent le 16 janvier 1945 a été condamné à mort pour « intelligence avec l’ennemi » et fusillé le 7 février 1945. Lucien Lussac, principal responsable, a été condamné par la même cour le 23 juin 1946 et fusillé le 28 novembre 1946.

Voir La Ferté Saint-Aubin, Marcilly-en-Villette (Loiret) 10 juin 1944

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article217961, notice MILLET Maurice, Gaston, Émile par Annie Pennetier, version mise en ligne le 14 juillet 2019, dernière modification le 26 août 2022.

Par Annie Pennetier

SOURCES : SHD, Vincennes, GR 16 P 419648 et GR 19 P pages 39 et 84. — AVCC, Caen, Cote AC 21 P 92369.— Georges Joumas, La tragédie des lycéens parisiens résistants 10 juin 1944 en Sologne, Corsaire Éditions, 2014. — MémorialGenweb.

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