DEFRANCE Auguste, Léon, Isaïe

Par Yves Le Maner, Claude Pennetier

Né le 7 juillet 1901 au Portel (Pas-de-Calais), mort le 20 octobre 1988 à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) ; caviste puis ouvrier de marée ; syndicaliste CGTU puis CGT et militant communiste du Pas-de-Calais ; conseiller de la République (1946-1948), député (1954-1958).

[Sénat]

Fils d’un journalier, Auguste Defrance exerça divers métiers, souvent peu qualifiés, conséquence directe de son activité militante précoce qui l’exposa à la vindicte patronale. Ce jeune ouvrier appartenait à la génération de militants que n’avaient pu marquer ni le syndicalisme révolutionnaire ni la guerre et qui, lors de la scission de 1921, se dirigea immédiatement vers l’organisation au sein de laquelle semblait monter la sève révolutionnaire : le Parti communiste naissant. Il contribua, aux côtés de militants plus âgés issus de la SFIO, à la mise en place des groupements communistes de la région côtière de Boulogne-sur-Mer, en particulier de la cellule de Bréquerecque dont il fut le fondateur et le secrétaire pendant l’ensemble de l’entre-deux-guerres. Membre du bureau du rayon communiste dès sa création en 1924, Defrance fut choisi la même année pour figurer sur la liste présentée par le Bloc ouvrier et paysan aux élections législatives. Secrétaire général de la section de Boulogne du Secours rouge international dès sa création, il accéda à la fin des années 1920 à la direction de l’« Union locale des syndicats d’ouvriers et d’employés de Boulogne-sur-Mer et environs » qui avait été constituée le 1er mai 1926 afin de regrouper les organisations de métier adhérentes à la CGTU. À sa naissance, l’Union locale unitaire comprenait huit syndicats (PTT, dockers, cheminots, carriers, etc.) soit un total de 1 410 membres. Mais en 1934, les effets conjugués de la crise économique et des difficultés internes du mouvement communiste avaient réduit l’Union locale à une organisation-croupion de sept syndicats regroupant moins de 200 adhérents, singulièrement amoindrie par le passage à l’autonomie du très puissant syndicat des carriers. À l’issue de la réunification de 1935, Defrance, très favorable aux confédérés largement majoritaires, se désintéressa des responsabilités syndicales pour se consacrer à la direction du rayon communiste de Boulogne dont il était devenu secrétaire en 1934, succédant à Adolphe Robert, avec comme tâche principale le redressement des effectifs, tombés à une soixantaine de membres (y compris le sous-rayon de Berck). Il parvint en grande partie à atteindre son objectif, notamment en encadrant les marches de chômeurs de 1934 et en jouant un rôle moteur dans les occupations d’usine de 1936. Auguste Defrance devait conserver la direction du rayon (rebaptisé section en 1937) jusqu’à l’interdiction du PC en 1939. Appliquant à la lettre les consignes venues de la direction du parti, parfois avec sectarisme, il reçut de ses camarades le sobriquet de « grand inquisiteur » de la section de Boulogne. Il fut à nouveau candidat malheureux aux élections législatives de 1936 dans la 1re circonscription de Boulogne-sur-Mer.

Fait prisonnier en juin 1940, il s’évada à l’automne et se cacha à Paris, reprit contact avec le Parti communiste clandestin et participa à la réorganisation dans plusieurs départements. Résistant, colonel FTPF, il participa à la libération de Paris. Il était titulaire de la médaille de la Résistance.

Auguste Defrance fut nommé secrétaire de l’UD-CGT de Boulogne à la Libération et fut élu adjoint au maire de cette ville d’avril 1945 à octobre 1947, réélu en 1953. Le Parti communiste le présenta en 3e position de la liste communiste au deux constituante, sans succès car il n’y eut qu’un élu communiste. En décembre 1946, il fut élu conseiller de la République et siégea aux commissions de la Marine et pêche et à celle du Travail et de la Sécurité sociale. Il ne fut pas réélu en novembre 1948.

Candidat non élu aux élections législatives de juin 1951, il bénéficia aux élections de 1956, du retrait du député communiste Gaston Dassonville* et fut élu. Seul communiste entouré de trous socialiste SFIO et d’un indépendant du Pas-de-Calais, il participa à la commission de la reconstruction, des dommages de guerre et du logement.

Son action avait été particulièrement intense pendant les grèves de 1947-1948. Il siégea pendant de longues années au comité directeur de la fédération communiste du Pas-de-Calais. Il était membre du bureau fédéral Nord-maritime.

Retraité, Auguste Defrance vivait dans les années 1980 à Boulogne-sur-Mer jusqu’à sa mort en 1988.
Son fils, Michel Defrance né en 1925, fut arrêté en 1942 à Paris, avec sa mère. Interné à la caserne Mortier, il s’évada, fut envoyé en Bretagne puis dans le Nord et en Seine-et-Marne où il fut blessé et capturé par les Allemands à quelques jours de la Libération, puis sauvé in extrémis par un groupe de résistants qui l’ont exfiltré de l’hôpital. Il devint journaliste à Liberté. Il était marié avec Henriette Defrance, institutrice.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article21804, notice DEFRANCE Auguste, Léon, Isaïe par Yves Le Maner, Claude Pennetier, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 1er avril 2022.

Par Yves Le Maner, Claude Pennetier

[Sénat]

SOURCES : Arch. Nat. F7/13039. — Arch. Dép. Pas-de-Calais M 176, M 182, M 5221 et M. 5304. — Liberté, 20 septembre 1945. — Y.-M. Hilaire et coll., Atlas électoral Nord-Pas-de-Calais (1946-1972), PUL. — DPF 1940-1968, op. cit. — État civil du Portel.— Notes de Jean-Louis Bouzin.

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