MATHIEU Michel, André

Par Frédéric Stévenot

Né le 20 mars 1891 à Charleville (Ardennes), mort le 6 octobre 1955 à Reims (Marne) ; peintre en voitures, menuisier ; résistant (groupe Liberté, Ceux de la Résistance) ; déporté

Fils de Jean, Marie, Onésime, Jules Mathieu, alors marchand boulanger âgé de vingt-sept ans, et de son épouse Émilienne, Eugénie Cury, âgée de vingt-six ans, sans profession, André Mathieu naquit au domicile familial, rue Saint-Paul à Charleville. Il était le frère de René.
Peintre en voitures au moment de son recensement militaire, il vivait alors à Neufchâtel-sur-Aisne (Aisne).

André Mathieu fut incorporé au 67e régiment d’infanterie le 8 octobre 1912, où il arriva le même jour. Il fut mobilisé le 1er août 1914, et blessé le même mois à Calonne (Meuse). Nommé caporal le 20 avril 1915, il disparu quatre jours plus tard (avis officiel du 1er juin suivant) lors des combats de la tranchée de Calonne (Ernst Jünger y fut blessé le 23). Capturé, il fut dirigé vers le camp de Würzburg-Galgenberg (en périphérie de Würzburg, Bavière), où il arriva le 26, directement du front et affecté à la 7e compagnie. André Mathieu fut rapatrié le 22 décembre 1918, et passa au 1er régiment de zouaves le 26 février 1919. Il fut enfin démobilisé le 30 juillet suivant, et déclara se retirer à Neufchâtel. Le 27 septembre 1919, il déclara résider au Kremlin-Bicêtre, au n° 46, route stratégique. Il revint à Neufchâtel dès le 17 mars 1920. En 1925, il était menuisier, profession qu’il exerçait toujours en 1937.

Père de trois enfants en 1929 (Maurice, André et Marguerite), il passa dans la classe 1905. André Mathieu fut néanmoins rappelé à l’activité le 25 août 1939, et affecté au 25e régiment régional (1ère compagnie). Il fut renvoyé dans ses foyers le 30 octobre suivant, sans affectation.

Comme son fils Maurice, André Mathieu entra dans la Résistance au sein du groupe local Liberté. Une vague d’arrestation démantela l’organisation à la fin du mois de février 1944. Le 19, son fils fut tué par un obus de 75 à quelques pas de son cousin Henri Charpentier. L’accident se produisit dans la cave où était déposées les armes et munitions, au « Champ d’asile », que Maurice Mathieu entretenait. Son père dut attendre la nuit pour ramener le corps de son fils chez lui ; il déclara la mort à la gendarmerie, en indiquant qu’il avait retrouvé le cadavre sur le chemin de son jardin. Arrêté le 24 février par les Allemands, emprisonné à Saint-Quentin (Aisne), il fut ensuite transféré au camp de Royalieu. Comme d’autres, dont Albert Charpentier, il fut déporté en Allemagne. Comme son frère René, André Mathieu fit partie d’un convoi (I.206) qui prit la direction d’Auschwitz, dans la matinée du 27 avril 1944 (il s’agissait là du 3e convoi de non-juifs). Arrivé à destination quatre jours plus tard et immatriculé (mat. 186050), André Mathieu fit partie avec son frère d’un nouveau convoi qui partit vers Buchenwald le 12 mai

Au contraire de René, André put être libéré le 30 avril 1945 (certificat de validation par décision ministérielle n° 030/DIR du 24 février 1953, n° 12 173 du 2 mars 1953), le seul à revenir des camps avec Albert Charpentier. Mais son état physique ne lui permis guère de survivre très longtemps : affecté de rhumatismes et de néphrite chroniques, il mourut le 6 octobre 1955.

André Mathieu fut homologué déporté-résistant (AC 21 P 594113 et GR 16 P 403492) et membre de la Résistance intérieure française (DIR).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article218096, notice MATHIEU Michel, André par Frédéric Stévenot, version mise en ligne le 21 juillet 2019, dernière modification le 11 août 2019.

Par Frédéric Stévenot

SOURCES. Arch. dép. Aisne, 1R2/204 (1911, matr n° 283) ; SHD, dossiers adm. résistants. — Site Internet : Fonds pour la mémoire de la déportation ; Archives historiques du CICR. — État civil de Charleville, 2E105 93 (acte de naiss. n° 78). — Renseignements communiqués par Gérard Charpentier.

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