DARCHY Romain, André, alias Maurice, alias Noël

Par Jean-Pierre Ravery

Né le 26 juillet 1895 à Sancerre (Cher), mort des conséquences de la torture le 11 juin 1944 en prison à Alençon (Orne)  ; ancien combattant décoré des croix de guerre 14-18 et 39-45, clerc de notaire, huissier de justice, conseiller municipal de l’Aigle (1935-1944), résistant OCM, chef départemental de l’AS dans l’Orne.

Romain Darchy est le cadet d’une famille de quatre enfants. Son père Pierre était maçon, sa mère Marie née Berneau épicière. Il fut d’abord scolarisé chez les Frères des écoles chrétiennes à Sancerre (Cher), puis à Montluçon (Allier) et Orléans (Loiret). Il obtint son Brevet élémentaire à l’âge de 17 ans.
En septembre 1912, il entra à l’étude notariale de Sancerre comme second clerc. Il est secrétaire du patronage de la ville. Il joue du tuba dans la fanfare municipale.
Il fut incorporé en décembre 1914 et combattit dans les rangs du 408e régiment d’infanterie. Il obtint la Croix de guerre 14-18 et de la Médaille militaire avec palmes, étoile de bronze et étoile de vermeil. Le 15 juillet 1918 en Champagne, il fut fait prisonnier lors de la dernière offensive allemande. Il passa quatre mois de captivité dans les camps de Rastatt, Giessen et Meschede. Il rentra à Sancerre en décembre 1918, épuisé et malade.
Il reprit son travail de clerc de notaire en juin 1919, d’abord à Sancerre, puis à Bléneau (Yonne), Saint-Cloud et Sèvres en région parisienne. Il épousa Jeanne Méchin le 23 août 1920 à Sancerre. Le couple eut trois enfants : Solange, Monique et Jean-Claude. Il entreprit à cette époque de rédiger ses souvenirs de guerre qui seront édités en 2012 par sa petite-fille, Véronique Onfray. Il fut actif dans les associations d’anciens combattants. En 1928, le général Gouraud lui remit les insignes de chevalier de la Légion d’honneur dans la cour des Invalides.
De 1928 à 1933, il travailla au service contentieux du grand magasin parisien « Le Bon Marché ». En 1933, il s’établit à l’Aigle (Orne) comme huissier de justice. Il y créa la section locale des Médaillés militaires. En 1935, il fut élu conseiller municipal sur la liste de René Vivien (Alliance démocratique).
En 1939, à la déclaration de guerre, il fut d’abord affecté à la tête de la section de pionniers du 102e régiment d’infanterie avec le grade de lieutenant. Lassé par la « drôle de guerre », il prit le commandement en janvier 1940 d’une compagnie de fusiliers-voltigeurs sur la ligne Maginot. Le 13 avril 1940, sa compagnie repoussa un assaut allemand, ce qui lui valut une promotion au grade de capitaine et une nouvelle Croix de Guerre. Un mois plus tard, il fut contraint au repli par l’offensive ennemie. Victime d’une appendicite aigüe le 24 mai, il fut évacué vers Paris pour être opéré à l’hôpital Bégin. Le 11 juin, il retourna à Sancerre pour échapper à la captivité.
Il revint à l’Aigle au cours de l’été. Son épouse le persuada de renoncer à son projet de gagner Londres. En 1943, il adhéra à l’Organisation Civile et Militaire (OCM). Il fut bientôt responsable du Bureau des Opérations Aériennes (BOA) pour le secteur l’Aigle-Mortagne sous le pseudonyme de « Noël ». En janvier 1944, il devint chef départemental de l’Armée secrète dans l’Orne. Le 5 février, il fut arrêté chez lui par la police allemande. Transféré à Alençon (Orne), il fut d’abord détenu à la caserne Bonet puis à la prison du château des Ducs et plusieurs fois torturé. À partir du 2 juin, les sévices s’intensifièrent. Il finit par mourir le 11 juin. Ses tortionnaires firent disparaître son corps supplicié qui ne sera jamais retrouvé.
La médaille de la Résistance avec rosette lui fut attribuée à titre posthume en avril 1946. En 1947, une plaque à sa mémoire fut apposée dans la salle du conseil municipal de l’Aigle puis son nom attribué à une rue de la ville en 1949. La même année, la commune de Sancerre fait apposer une plaque à sa mémoire sur sa maison natale, rue Porte-Vieille. En juin 2009, la ville de l’Aigle fait de même sur la façade de la maison familiale, rue des Tanneurs. Chaque année, à Alençon, un prix "Romain Darchy" est remis à un lycéen méritant dans le cadre du Concours national de la résistance et de la déportation.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article218208, notice DARCHY Romain, André, alias Maurice, alias Noël par Jean-Pierre Ravery, version mise en ligne le 29 juillet 2019, dernière modification le 29 juillet 2019.

Par Jean-Pierre Ravery

SOURCES : SHD Caen AC 21 P 112557. — SHD Vincennes GR 16 P 157446. — memorialgenweb.org. — Romain Darchy, Récits de guerre 1914-1918, éd. Bernard Giovanangeli en partenariat avec la Ville de L’Aigle , 2012.

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