DEGLIAME-FOUCHÉ Marcel [DEGLIAME Marcel, Maurice dit]. Pseudonyme : Dormoy, Fouché, Mercier.

Par Jean Maitron, Claude Pennetier, mise à jour par Marie-Cécile Bouju

Né le 23 décembre 1912 à La Cassine (Ardennes), mort le 7 septembre 1989 à Loches (Indre-et-Loire) ; journaliste, auteur dramatique ; militant communiste (1928-1952) ; résistant, membre du Comité national de la Résistance (CNR) ; compagnon de la Libération.

Marcel Degliame-Fouché était le dernier d’une famille de sept enfants. Son père était le seul conseiller municipal socialiste dans un village dominé par le châtelain et gagnait sa vie comme transporteur de bois. Dans son autobiographie de 1938, il présentait son père comme manœuvre en scierie et sa mère comme couturière. Après avoir obtenu son certificat d’études à l’école de Vendeuvre-sur-Barse (Aube) le jeune Degliame-Fouché fit son apprentissage d’ébéniste à l’âge de treize ans mais, trois ans plus tard, il quitta ses parents et se fixa à Troyes. Ne trouvant pas de travail dans son métier, il devint ouvrier bonnetier. Le 1er mai 1928, il adhéra à la CGTU et Jeunesses communistes et l’année suivante au Parti communiste. Il suivit une école élémentaire communiste en 1929. Il milita activement dans le mouvement syndical. En 1933, il se fixa à Paris et travailla dans une bonneterie à Boulogne-Billancourt. Fin 1933, il accomplit son service militaire à Strasbourg. Il fut démobilisé quinze mois plus tard après avoir fait trois mois supplémentaires en raison du plébiscite de la Sarre. De retour à Paris, il connut un an de chômage, puis, début 1936, retrouva du travail dans la bonneterie. Son épouse était sténo-dactylo à la fédération du bâtiment et membre du Parti communiste.
De 1935 à 1938, Degliame-Fouché, domicilié à Paris XXe arr., suivit les cours de l’Université ouvrière : Économie politique (G. Cogniot), Philosophie (G. Politzer et J. Solomon), Histoire (P. Bouthonnier) Il participa en même temps aux grèves de juin 1936 et devint secrétaire permanent de l’Union des syndicats du Textile de la Région parisienne. Il fut aussitôt nommé membre de la CE de la Fédération nationale des ouvriers du Textile et délégué à la propagande de la fédération. Il écrivait dans son autobiographie du 19 novembre 1938 : « Actuellement mon travail au Parti se borne à prendre part à l’activité de ma cellule et ceci en raison de mes occupations dans le syndicat. Ce travail étant d’ailleurs, à mon avis, le meilleur moyen pour un militant de mettre en application les mots d’ordre de notre Parti. » Il créa et dirigea le journal mensuel fédéral L’Ouvrier Textile et créa également au sein de la Fédération les premières commissions collectives nationales par branches professionnelles. Lors de grève générale du 30 novembre 1938, il fut arrêté préventivement et condamné à deux mois de prison pour « entrave à la liberté du travail » ; il purgea sa peine à la prison de la Santé. Début 1939, le bureau confédéral le désigna pour organiser et diriger un Centre d’accueil pour les enfants des républicains espagnols évacués vers la France, Centre installé à La Couarde-en-Ré (Charente-Inférieure, Charente-Maritime) dans une colonie des Vacances populaires enfantines (organisme créé par le Front populaire et patronné par la CGT). Il accueillera 800 enfants espagnols dont 200 orphelins. Jusqu’à la mobilisation de septembre 1940, Degliame-Fouché en assumera la direction.
Mobilisé à Saverne (Bas-Rhin), il fut affecté à un bataillon en formation comme secrétaire du commandant. Alors que son bataillon se trouvait en garnison à Montcornet (Aisne), il fut frappé d’une attaque de poliomyélite qui entraîna une paralysie partielle de sa jambe gauche. Tout d’abord soigné à l’hôpital militaire de Rethel puis à l’hôpital de la Cité universitaire de Paris, il fut dirigé, début juin, sur le Dépôt d’Épinal pour y passer un conseil de réforme. Mais la débâcle arriva et il fut fait prisonnier au cours du repli en juin à Fougerolles et emmené en captivité en Allemagne en août 1940 au stalag IV A. Évadé le 15 septembre, il fut repris le 20 à la frontière des Sudètes. Versé dans un autre stalag à Teplitz-Schönau (Sudètes), il s’évada à nouveau le 1er mars 1941, traversa la Hongrie, la Roumanie, la Turquie pour arriver à Beyrouth début mai 1941 et devint secrétaire au consulat de France. Le 24 mai 1941, les Alliés attaquèrent la Syrie et le Liban et Degliame-Fouché fut remobilisé avec six autres évadés mais, avec ses camarades, refusa de se battre contre les Alliés. Emprisonné au Centre mobilisateur de Beyrouth et en instance de conseil de guerre, ils furent libérés par l’arrivée des FFL et, le 28 juillet, il s’engageait dans les FFL.
Degliame-Fouché obtint de rentrer en mission en France pour reprendre contact avec le mouvement syndical et J. Lasseigne, responsable à l’information du général de Gaulle, il lui confia une lettre pour Claude Bourdet. Arrivé à Marseille fin août 1941 sur le navire-hôpital Canada qui rapatriait les grands blessés et les malades de l’Armée du Levant, il entra en relation avec Bourdet et entra à « Combat ». Il créa alors pour ce mouvement l’Action ouvrière qui deviendra l’AO des MUR puis du MLN, tout en ayant des contacts avec le PCF. En août, il fonda le journal Action, organe de l’AO de Combat puis des MUR, enfin du MLN édité à Lyon.
À la Libération le journal deviendra l’hebdomadaire Action. La lutte de Degliame-Fouché dans la Résistance fut intense et, à la Libération, il fut délégué à l’Assemblée consultative au titre du CNR et nommé secrétaire de la commission de la Défense nationale. À ce titre, il fut chargé de contrôler, auprès du général De Lattre de Tassigny, l’intégration des FFI à la 1re Armée. Lors de la dissolution de l’Assemblée consultative, il fut nommé gouverneur militaire du district de Constance. Début mai 1948, il fut détaché des Affaires allemandes et mis à la disposition du ministère de la France d’Outre-Mer.
Jamais « utilisé », écœuré, il quitta définitivement l’administration et, le 1er janvier 1949, il entrait à la SNECMA, attaché à la direction. Il y demeura plusieurs années puis, étant lié d’amitié avec des hommes de théâtre et notamment Jean-Marie Serreau, il devint administrateur puis codirecteur du Théâtre de Babylone récemment créé. Cette nouvelle expérience dura de 1951 environ à 1956. Il passa alors au cinéma et créa la société anonyme de production « Les Films d’Aujourd’hui » puis, le 1er novembre 1967, réussit à se faire engager à l’ORTF et devint l’adjoint d’Yves Jaigu, chef du service des Co-productions nouvellement créé. En 1976, il était chef du service des coproductions de FR3.
Politiquement parlant, Degliame-Fouché avait été « fortement ébranlé » dans sa foi communiste par les procès qui s’étaient déroulés en URSS en 1937 et 1938 et le Pacte germano-soviétique ne fit rien pour rétablir sa confiance. Toutefois, pendant quatre années, son seul objectif fut la lutte contre l’occupant et la défaite du nazisme. Les procès en URSS et dans les pays de l’Est au cours de l’après-guerre firent qu’en 1952, vingt-quatre ans après son adhésion, il quitta « sans bruit » le Parti communiste.
Marcel Degliame a été décoré de la médaille des évadés, de la médaille de la résistance et de la croix de guerre. Il a été fait compagnon de la Libération (juin 1945), officier de la Légion d’honneur et commandeur de l’Ordre national du mérite.
Degliame a épousé Berthe Gorotberg le 10 juin 1937 à Paris (11e arr.), dont il divorça en 1949. Il s’était remarié avec Jeanne Andrieu le 2 août 1950 à Paris (IIe arr.). Ils divorcèrent en 1953. Il s’est remarié une troisième fois avec Jeannine et avait une fille, Claude.
Marcel Degliame a collaboré au livre d’Henri Noguère Histoire de la Résistance.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article21823, notice DEGLIAME-FOUCHÉ Marcel [DEGLIAME Marcel, Maurice dit]. Pseudonyme : Dormoy, Fouché, Mercier. par Jean Maitron, Claude Pennetier, mise à jour par Marie-Cécile Bouju, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 4 juillet 2022.

Par Jean Maitron, Claude Pennetier, mise à jour par Marie-Cécile Bouju

ŒUVRE : Collaboration à l’Histoire de la Résistance en France de Henri Noguères en cinq volumes, éditions Robert Laffont.

SOURCE : SHD GR 16 P 165385 ; - RGASPI, 495 270 5778 (Claude Pennetier). — Témoignage de M. Degliame-Fouché transmis par Paul Delanoue, mai 1982. — Le Monde, 10-11 septembre 1989, p. 18 et 21 septembre 1989 p. 2.

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