LAGRANGE née BRANLAND Marie-Louise

Par Eric Panthou

Née le 17 août 1896 à Oradour, commune de Linards (Haute-Vienne), morte le 10 avril 1984 à Limoges (Haute-Vienne) couturière ; membre du Parti communiste (PCF) ; Résistante au sein du Front National puis des Francs-Tireurs et partisans (FTP) ; conseillère municipale à Limoges, proche de Georges Guingouin.

Fille de Léonard Branland, menuisier et Léonarde, née Mausmond, Marie-Louise se maria avec Léonard Lagrange le 27 septembre 1913 à Linards. Son mari était ajusteur aux chemins de fer d’Orléans. Elle était couturière. Ils eurent un fils, Henri Lagrange, né en 1917. La famille s’installa à Limoges en 1921.
Dès le début de l’Occupation, la famille Lagrange, communiste, participa à la réorganisation clandestine du PCF. Le père imprimait des tracts, le fils, malgré sa jeunesse, était considéré comme un des responsables des groupes locaux, et la mère aidait dans les différentes tâches. Elle fut agent de liaison entre les groupes chargés de la distribution, elle hébergea de nombreux militants traqués par la police, envoya vivres et vêtements à des internés. Interrogée plusieurs fois, elle ne dévoila jamais rien. Robert Marchadier, en novembre 1946, se dit heureux, « en qualité de responsable du Secteur de Limoges qui comprenait 3 départements de lui témoigner notre profonde reconnaissance pour l’œuvre magnifique qu’elle a accompli et de lui délivrer la présente attestation. »
Henri fut arrêté le 9 janvier 1941 et bientôt condamné à 20 ans de travaux forcés. Il mourut le 9 février 1943 en prison des suites des mauvais traitements à Saint-Étienne. (Loire). Sa mère poursuivit son action malgré l’arrestation puis la mort de son fils..
Dès avril 1941, Marie-Louise rejoignit le Front National lors de sa création. Mais elle fut arrêtée avec son mari le 30 juin 1941. Ils furent relaxés par le tribunal militaire de Périgueux le 23 septembre 1941 après avoir passé 4 mois en prison. A sa sortie, elle reprit ses activités et rejoignit les FTP où elle servit d’agent de liaison jusqu’à la Libération si on en croit l’attestation fournie par Georges Guinguoin. Elle fut également membre d’un des Comités d’aide aux réfractaires et famille.
Après-guerre, Marie-Louise Lagrange fut élue Conseillère municipale de Limoges et elle prit fermement position en faveur de Georges Guinguoin au moment où Waldeck-Rochet, représentant le Comité Central vint à Limoges en 1952 pour faire adopter l’exclusion de Guingouin par la fédération. Marie-Louise fit une intervention remarquée, rappelant que des gens comme Guingouin ou son fils Henri, s’étaient opposés aux Allemands alors que Staline était alors encore son allié. Puis, après avoir vainement essayé de s’opposer à la Direction et après avoir lu le message de Guingouin, en son absence, preuve de leur grande proximité, elle quitta la salle après avoir qualifié ses camarades du Parti de "lâches, idiots et menteurs infâmes". "Un « Comité de défense », groupé autour de Marie-Louise Lagrange, Amédée Naturel et Louis Roche, œuvra à la constitution du « Comité d’honneur de la Haute-Vienne pour Georges Guingouin ». Ses animateurs eurent à subir de fortes pressions. Ainsi, Marie-Louise Lagrange fut convoquée au Commissariat de Police.
On ignore sa profession et ses éventuels engagements politiques ou militants après cette date de 1952.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article218515, notice LAGRANGE née BRANLAND Marie-Louise par Eric Panthou, version mise en ligne le 16 août 2019, dernière modification le 2 septembre 2020.

Par Eric Panthou

SOURCES : Lettre du responsable régional du PCF aux parents d’Henri Lagrange, 14 février 1943. photocopie conservée dans les archives Robert Marchadier, conservées par Eric Panthou .— Attestation de Robert Marchadier en faveur de Marie-Louise Lagrange, de Saint-Etienne, 18 novembre 1946. Archives Robert Marchadier, conservées par Eric Panthou .— Notice LAGRANGE Henri par Jean-Pierre Besse, Michel Thébault mise à jour par Marie-Cécile Bouju, version mise en ligne le 22 mars 2009, dernière modification le 16 août 2019 .— Thérèse Menot, "La Résistance, l’emprisonnement et la déportation des femmes de chez nous", Bulletin des Amis du Musée de la Résistance du département de la Haute-Vienne, n°14, 2° trimestre 1991 .— "Höchstens ein kleiner Tito", Der Spiegel, 19 août 1952 .— Georges Guingouin, Gérard Monédiaire, Georges Guingouin : premier maquisard de France, éditions Lucien Souny, 1983, 255 p. — état-civil de Linards, en ligne.

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