PLOUSEAU Ernest

Par Frédéric Stévenot

Né le 28 juillet 1902 à Fresnoy-le-Grand (Aisne), mort en déportation le 1er février 1945 à Gross Rosen (Allemagne) ; ouvrier agricole ; résistant FTPF.

Le 29 juillet 1902, Ernest Plouseau, ouvrier charpentier âgé de dix-neuf ans, domicilié à Fresnoy, présenta un garçon né la veille, à 9 heures du soir. Il déclara reconnaître en être le père, et lui donna son prénom. La mère du nouveau-né, Zoë Joséphine Jérôme, frangeuse et célibataire alors âgée de vingt-deux ans, domiciliée dans la même commune, le reconnut également comme son fils, le vingt-[ill.] 1904.

Le 9 avril 1903, Ernest Plouseau père fut condamné par le tribunal de Vervins à 16 francs d’amende avec sursis, pour coups volontaires. La condamnation fut amnistiée plus tard (loi du 24 octobre 1919). Il dut ensuite partir effectuer son service militaire, au 3e régiment du génie, à Arras (Pas-de-Calais). Il arriva au corps le 16 novembre 1903, et fut libéré le 18 septembre 1906 muni de son certificat de bonne conduite.
Ernest Plouseau père s’établit ensuite le 17 juillet 1912 à Étaves-et-Bocquiaux (Aisne), le 1er août 1914 à Sannois, route d’Argenteuil, domicile qu’il rejoignit après sa démobilisation.
Mobilisé le 2 août 1914 dans le même régiment, il fut évacué le 8 novembre 1917 pour maladie. Rentré le 10 mars 1918, il fut à nouveau évacué pour une blessure reçue à Fère-en-Tardenois (Aisne) le 3 septembre 1918 : une plaie pénétrante dans la région dorsale droite. Il fut démobilisé le 28 février 1919, avec le droit de porter la médaille commémorative de la Grande Guerre, et la médaille de la Victoire.
Ernest Plouseau père déclara résider dans le XXe arrondissement de Paris le 30 août 1920, au 23 rue des Couronnes, puis, le 5 juillet 1924, à Pantin, au 15 rue Jacques-Cottin.

Selon son petit-fils, Laurent Plouseau, Ernest Plouseau fils fut arrêté pour avoir caché des armes dans son poulailler, après dénonciation. Selon un questionnaire sur les détenus (non daté — d’autres documents signés par le médecin du KL de Natzweiler-Struthof portent la date du 26 avril 1944 —, mais noté « NN rz. 12213 ») des Archives Arolsen, il était alors père de sept enfants, âgés d’un an et demi, trois, six, sept, quatorze, seize et dix-neuf ans, qu’il eût avec sa femme, marguerite Payen. Pendant sa détention, il eut différentes affections à la paroi pulmonaire ; on a aussi noté « phlegmon » et un panaris au pied.

Arrêté à son domicile par la Gestapo, le 26 janvier 1944, il partit de Paris le mardi 25 avril 1944, avec le convoi (liste I.205) à destination du KL de Natzweiler (matr. 12213) emportant soixante-quatre Français. Enfermés dans un wagon cellulaire accroché au Paris-Berlin, ces déportés classés « Nacht und Nebel » rejoignirent ainsi les autres « NN » emmenés vers Natzweiler depuis juillet 1943. Le trajet jusqu’au camp fut identique aux autres transports : le wagon cellulaire était décroché à Strasbourg et mis en attente du train se rendant à la gare de Rothau, dernière étape avant la montée au KL Natzweiler, en camion, à pied ou en voiture cellulaire.
A l’entrée du camp, les déportés reçurent leur matricule respectif, leurs vêtements marqués des lettres « NN » pour bien les différencier des autres catégories de détenus.

Comme c’est le cas pour tous les transports « NN », l’origine des déportés et de leur arrestation était très diverse. Ces soixante-quatre personnes ont été arrêtées dans dix-huit départements différents pour des motifs entraînant une répression particulière dans le cadre de la procédure « Nacht und Nebel » mise en place fin 1941. Les principaux motifs d’arrestation et de déportation retrouvés sont : la détention illégale d’armes de chasse ou de guerre, les sabotages, les activités communistes au sein du Front national ou des Francs-Tireurs et Partisans.
Alors que dans le précédent transport « NN », arrivé le 13 avril, aucun déporté n’avait été envoyé au tribunal de Breslau et dans les prisons à proximité. Ici, trente-sept d’entre eux, dont Ernest Plouseau, furent transférés à la prison de Brieg (Silésie) le 14 juin 1944 (le 15, selon une fiche des Archives Arolsen), pour comparaître devant le tribunal spécial de Breslau situé à quelques kilomètres. Seuls quatorze d’entre eux furent finalement jugés, alors que les autres ne le furent pas du fait du retard pris dans le traitement des affaires et donc de l’abandon de la procédure « NN » à la fin de l’été 1944. A cette date, tous les « NN », présents à Brieg et à Breslau furent transférés au KL Gross Rosen, toujours en Silésie, au sud de l’Oder et à soixante kilomètres de Breslau. Sept déportés de ce transport y moururent durant l’hiver 1944-1945, dont Ernest Plouseau. À l’évacuation de Gross Rosen, les survivants furent emmenés principalement vers deux camps : Dora et Dachau.

« Mort en déportation », Ernest Plouseau fut reconnu « mort pour la France » (AC 21 P 130101) à titre militaire (FTPF). Il fut également homologué FFI et DIR (GR 16 P 482239). Par arrêté du secrétaire d’Etat aux anciens combattants en date du 3 novembre 1997, la mention « Mort en déportation » est apposée sur ses actes et jugements déclaratifs de décès.
La médaille de la Résistance ne semble pas lui avoir été décernée.
Son nom figure sur le monument aux morts de Fresnoy-le-Grand.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article218540, notice PLOUSEAU Ernest par Frédéric Stévenot, version mise en ligne le 16 août 2019, dernière modification le 5 juillet 2020.

Par Frédéric Stévenot

SOURCES. SHD, dossiers adm. résistants. Arch. dép. Aisne, 1R2/510 (matr. 820). — Sites Internet : Mémoire des hommes ; Médaille de la Résistance ; Mémorial GenWeb ; Morts dans les camps ; FMD ; Archives Arolsen. — État civil de Fresnoy, 5Mi1669. — Précisions de Laurent Plouseau, petit-fils d’Ernest Plouseau.

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