Par Jacques Girault
Née le 20 septembre 1904 à Avallon (Yonne), morte le 17 mars 1984 à Paris (XIXe arr.) ; professeur ; militante socialiste du Puy-de-Dôme, du Cantal, du Tarn, de Paris et de l’Isère.
Fille d’une institutrice et de Georges Boully*, instituteur à l’école primaire supérieure de Tonnerre, futur parlementaire socialiste de l’Yonne, Suzanne Boully entra à l’École normale d’institutrices d’Auxerre en 1920. Elle fut élève de quatrième année à l’École normale d’institutrices de Melun (Seine-et-Marne) en 1923-1925 et entra à l’École normale de l’enseignement technique (section lettres) en 1925. Elle obtint des certificats de licence à la Sorbonne (géographie, 1925, histoire moderne et contemporaine, littérature française 1926). Professeur de lettres à l’école pratique de jeunes filles de Tours (Indre-et-Loire) en 1927-1929, elle fut mutée à l’école pratique hôtelière de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) et obtint très vite un poste à l’école pratique de garçons de Valenciennes (Nord) où elle enseigna de 1930 à 1933 avant d’être nommée à l’école primaire supérieure de jeunes filles d’Aurillac (Cantal) de 1933 à 1935.
Depuis l’ENET, Suzanne Boully militait dans les milieux d’étudiants socialistes le cercle socialiste commun aux écoles normales supérieures qui acceptait les élèves de l’ENET. Elle y rencontra Maurice Deixonne. Ils se marièrent le 14 août 1929 à Saint-Valérien (Yonne). Le couple eut deux enfants. Désormais elle partagea les engagements de son mari dans le syndicat des professeurs d’EPS adhérant à la CGT et dans le Parti socialiste SFIO.
Au congrès du 1er juin 1930 de la fédération socialiste du Puy-de-Dôme pour avoir défendu avec éloquence les revendications propres des femmes, Suzanne Deixonne fut nommée membre de la Commission administrative sur la proposition de Varenne. À Aurillac (Cantal), déléguée du syndicat CGT des EPS, elle fut sanctionnée après la contre-manifestation du 22 avril 1934 qu’elle conduisait avec son mari. La directrice de l’EPS se plaignait des attaques de Suzanne Deixonne contre son établissement dans la presse socialiste et concluait « son rôle à l’école a été des plus fâcheux ». Elle fut suspendue avec traitement le 19 décembre 1934 après avoir été condamnée par le tribunal correctionnel d’Aurillac à un mois de prison avec sursis et cent francs d’amende. Elle fut nommée alors avec son mari à Gap (Hautes-Alpes) à l’EPS de garçons (1935-1936) puis revint à l’EPS de filles d’Aurillac en novembre 1936.
Suzanne Deixonne participa à la vie des organisations du Front populaire, organisa dans son établissement scolaire des fêtes, des expositions, des activités post-scolaires dirigées. En février 1940, elle fut nommée à titre provisoire au collège d’Auch (Gers) où elle enseigna jusqu’en décembre 1941. Elle fut alors déplacée au lycée de jeunes filles d’Albi (Tarn) pour avoir tenu des propos hostiles au gouvernement. En 1942, le recteur dans son rapport notait qu’il fallait « attendre avant de confier à Mme Deixonne l’éducation générale et l’action morale ». Elle enseigna à Albi jusqu’en 1951.
Suzanne Deixonne obtint sa mutation pour Paris (lycées municipaux Quinet en 1951-1953, Paul Bert en 1953-1956) avant d’être affectée au Centre national d’enseignement par correspondance où elle enseigna jusqu’à sa retraite en 1962.
Avec son mari, Suzanne Deixonne se retira à Uriage (Isère) et adhéra à la section socialiste de Vizille.
Par Jacques Girault
SOURCES : Arch. Nat., F/17 27954. — Notice DBMOF, par J. Raymond ; Notice DBMOMS de Maurice Deixonne. — La Montagne, 7 juin 1930. — Daniel Mitrani, Suzanne et Maurice Deixonne : Du printemps pour toute la vie, 2012.