DEJEAN René, Paul, Léon

Par Gilles Morin

Né le 4 février 1915 à Saint-Girons (Ariège), mort le 27 août 1988 à Toulouse (Haute-Garonne) ; avocat, avoué plaidant ; militant et élu socialiste de l’Ariège, membre du comité directeur de la SFIO (1959-1960) ; résistant, membre du Comité départemental de Libération ; élu de Saint-Girons, maire (1964-1971), conseiller général (1945-1979), député (1951-1968), conseiller régional (1973-1976).

[Arch. OURS]

Fils d’Alphonse, Dominique, Léon Dejean, administrateur des colonies en Algérie, et d’Anna Marie, Joséphine Berthot, René Dejean était issu d’une famille d’origine ariégeoise. Élève du collège de Saint-Girons, puis de la Faculté de droit de Paris, il fut en 1936 licencié en Droit et lauréat de l’École libre des Sciences politiques, section administrative, avec le 2e rang de sa promotion. Mobilisé en septembre 1939, il s’installa après sa démobilisation en août 1940 à Saint-Girons et s’inscrivit au barreau de l’Ariège en octobre 1941, puis devint avoué plaidant en mars 1949.
Dejean joua un rôle important dans la Résistance. Il s’engagea à partir de 1941 dans le mouvement Combat, fut aussi un des animateurs du parti socialiste clandestin et un des responsables des MUR pour l’arrondissement. Sa tête fut mise à prix par les Allemands.

Membre du Comité départemental de Libération en septembre 1944, Dejean fut nommé conseiller municipal, puis 1er adjoint du maire de Saint-Girons en novembre 1944. Il devait être réélu régulièrement à cette fonction de 1945 à 1964. En 1953, il fut élu en dernière position de la liste SFIO, loin derrière ses colistiers, après avoir été contesté à l’intérieur du parti. Élu maire en 1964, il fut reconduit en 1965. En 1971, refusant l’accord départemental avec les communistes, il pratiqua une ouverture au centre, ce qui envenima ses rapports avec la section socialiste. Sa liste fut battue par une liste conduite par le premier président de la Cour d’appel de Bordeaux. Il fut de nouveau battu en 1977.

René Dejean fut élu conseiller général de Saint-Girons sans concurrent en 1945, avec 2 674 voix au premier tour et 4 014 au second, sur 9 581 inscrits. Reconduit régulièrement jusqu’en 1979, année où il ne se représenta pas. Il fut nommé président de la commission départementale en 1945-1951 (puis en 1976-1979), puis vice-président du conseil général en 1956-1957, enfin président de la commission des Finances du conseil général en 1961-1973. Conseiller régional Midi-Pyrénées à partir de 1973, comme représentant des collectivités locales, jusqu’en 1976 au moins, il fut membre du bureau du conseil régional. Il fut encore délégué de l’Ariège à la Commission de développement économique régional (CODER) en 1967.

Désigné comme tête de liste pour les législatives par les militants de son arrondissement en septembre 1945, Dejean fut classé par la fédération en 3e position. Les militants de l’arrondissement retirèrent alors sa candidature. Aux élections législatives de novembre 1946, il fut placé en deuxième position, derrière Duroux. Il devait emporter le siège de député le 17 juin 1951 et fut reconduit sans difficulté en 1956. Membre de la commission du suffrage universel, il présida celle-ci en 1956-1958. Il vota l’investiture au général de Gaulle le 1er juin 1958 et approuva le projet constitutionnel en septembre. Il fit partie du petit groupe de parlementaires qui appartinrent au comité constitutionnel, dont il fut vice-président, du 29 juillet au 15 août 1958.

Le retour au scrutin d’arrondissement renforça encore sa position personnelle. Il fut réélu dans la 2e circonscription en 1958 (au premier tour, il rassembla 12 891 voix), 1962 et 1967. Dans la SFIO, Dejean prit des positions qui le situaient dans l’aile la plus modérée du parti. On le vit notamment sur la CED et sur l’Algérie. Il signa le « manifeste de la gauche pour le maintien de l’Algérie française » et la motion Max Lejeune* au congrès national de 1960. Mais, candidat au comité directeur du parti au congrès, il fut le non-élu. Il participa dix ans plus tard, en mai 1970, au comité de soutien du courant animé par André Chandernagor* qui publiait Démocratie socialiste, puis défendit les positions de la tendance mollétiste du parti et fut hostile à la nouvelle direction issue du congrès d’Épinay. Il demeura néanmoins au nouveau Parti socialiste.

Chevalier de la Légion d’honneur, il était médaillé de la Résistance. Célibataire, il prit en charge Didier Durrieu, né le 22 mai 1958, recueilli à sa naissance.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article21867, notice DEJEAN René, Paul, Léon par Gilles Morin, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 17 janvier 2019.

Par Gilles Morin

[Arch. OURS]
[Assemblée nationale, Notices et portraits]
René Dejean en 1961 avec son fils Didier et son épouse Marie-Louise.

SOURCES : Arch. Nat., F/1a/3226 ; F/1cII/111/A, 114/D, 201, 270, 305, 306, 395, 565, 568, 703 ; F/1cIV/151 et 157 ; CAC, 19830172, art. 101. — Arch. de l’Assemblée nationale, dossier personnel. — Arch. OURS, dossiers Ariège. — Arch. FJJ/6EF73/2. — Rapports des congrès de la SFIO, 1961, p. 206. — Bulletin intérieur de la SFIO, n° 116, 117. — Profession de foi aux élections législatives de 1956. — Site https://dejean-rene.blog4ever.com/ Durrieu Dejean Didier.

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