FLINOIS Élie

Par Benoit Willot

Né le 30 octobre 1835 à Neuilly-sur-Seine (Seine, Hauts-de-Seine), mort le 24 mai 1896 à Paris (XIIIe arr.) ; représentant de commerce et épicier ; communard, conseiller municipal républicain de Joinville-le-Pont (1878-1879).

Élie, Théophile Flinois était le fils de Catherine Dauchy et de son époux Élie, Joseph Flinois, jardinier.
Devenu commis voyageur, il épousa à Paris (XVIIIe arr.) en juin 1863 Élise, Célestine Bassière, maîtresse d’hôtel garni ; il s’établit ensuite comme épicier rue des Poissonniers à Paris (XVIIIe arr.) et fut décrit en 1871 comme « fort à l’aise. »
Pendant la Commune de Paris, Élie Flinois a été capitaine du 144e bataillon de la Garde nationale. Il fut traduit, le 8 novembre 1871 devant le 6e conseil de guerre dans le cadre du procès de l’assassinat des généraux Clément Thomas et Lecomte avec 24 autres accusés dont Gaudérique, Joseph Verdaguer, employé au chemin de fer de Lyon, chef de bataillon, Firmin, Jules Masselot, horloger, lieutenant d’artillerie et Charles, Marie Lagrange, employé de commerce. Flinois était accusé de complicité d’assassinat.

Le 18 mars 1871, le général Lecomte fut chargé de reprendre les pièces d’artillerie que la garde nationale détenait aux buttes Montmartre. Il arrêta une douzaine de délégués ou membres des comités de la Commune de Paris. La population, en apprenant l’expédition, fit sonner le tocsin, entoura les soldats et leur apporta de la nourriture. Une grande partie d’entre eux fraternisa avec les insurgés. Georges Clemenceau, maire de Montmartre, venu porter secours aux gardes nationaux blessés lors de l’intervention du général, voulut faire enlever le plus grièvement atteint pour le porter à l’hôpital sur un brancard. Saisi par la foule, le général refusa de signer un ordre qui prescrivît aux troupes de rentrer. Il fut arrêté avec dix autres officiers et mené rue de Clignancourt, au Château-Rouge. L’après-midi, le général Clément Thomas fut arrêté lui aussi place Pigalle. Les deux généraux furent abattus dans des conditions confuses à proximité de leur lieu de détention en fin de journée.

Élie Flinois reconnut être monté, le 18 mars, à Montmartre afin de voir ce qui s’y passait. Vers deux heures on l’avait prévenu que le général Lecomte venait d’y être conduit par les gardes qui le détenaient au Château-Rouge avec d’autres prisonniers. _ Comme le matin Flinois avait déjà eu l’occasion de protéger contre la foule le général, quand on amena celui-ci au Château-Rouge, il espérait encore lui être utile. _ Arrivé rue des Rosiers, l’accusé fut traité de roussin et même menacé, parce qu’il se montrait favorable aux prisonniers. Comprenant, selon ses déclarations, à la violence de la foule que tout secours était impossible, Flinois se retira. Il n’a point participé, disait-il, à l’insurrection communarde, puisqu’il avait quitté Paris au commencement d’avril. Dans deux lettres produites au procès, Flinois considérait que c’était horrible qu’on se batte entre Français.
Dans son réquisitoire, l’accusation abandonna les poursuites contre Flinois, le décrivant comme un des bourgeois peureux qui, sans prendre part à l’émeute, laissent faire et n’empêchent rien. Son avocat, Me Lachaud, se borna de ce fait à exprimer ses remerciements au commissaire de la République.
Le 17 novembre, le conseil de guerre rendit un jugement condamnant à la peine de mort sept des inculpés. Flinois, comme neuf autres des accusés, fut acquitté. Il fut aussitôt mis en liberté.

En août 1876, Flinois acquerrait une épicerie 25, rue de Paris, à Joinville-le-Pont (Seine, Val-de-Marne). Il rejoignit l’intermédiaire qui a participé à cette négociation, Henri Buguet, sur la liste républicaine qui l’emporta lors des élections municipales de janvier 1878 à Joinville. Flinois retrouva dans le conseil plusieurs élus de tendance radicale-socialiste assez avancée, comme Alphonse Demeestère ou Louis Vaudey. Le maire était Gabriel Pinson, républicain modéré. Un seul orléaniste avait été élu, alors que la municipalité sortante était conservatrice.
Les affaires de Flinois ne se passèrent pas très bien, puisqu’il fut déclaré en faillite en avril 1878. Il en sortit grâce à un concordat en août de la même année. Peut-être du fait de cette situation, il démissionna de l’assemblée communale. Il devint employé de commerce puis gérant d’immeuble et concierge.
La mort de son épouse et de sa fille aînée, en septembre 1882, après celle de sa troisième fille en 1879, allaient profondément troubler Élie Flinois. Interné à la demande de sa famille à Maubeuge, il sortit en septembre 1884 sans ressources et vécut dans la rue à Paris. Deux ans après la disparition de sa femme, il se rendit de nuit au 24, rue de la Chapelle à Paris, où ils vivaient comme concierge et où elle était morte ; il s’installa dans l’escalier. Prenant peur, un locataire lui porta quatre coups de couteau. Il fut transporté sans connaissance à l’hôpital Lariboisière.
Hébergé par sa seule fille survivante rue de Sévigné à Paris (IVe arr.), Élie Flinois reprit une activité de représentant de commerce.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article218787, notice FLINOIS Élie par Benoit Willot, version mise en ligne le 31 août 2019, dernière modification le 12 septembre 2021.

Par Benoit Willot

SOURCES : Arch. Dép. Hauts-de-Seine (état civil). — Arch. Dép. Orne (état civil). — Arch. Dép. Paris (état civil). — Arch. Dép. Val-de-Marne (état civil, élections). — Journal officiel, quotidien, 1871-1878. — Guide des sources de la Commune de Paris et du mouvement communaliste (1864-1880) : Paris et Île de France, Documentation française, 2007. — Service Historique de la Défense, Le tableau des Conseils de Guerre, 2003. — Le Dossier de la Commune devant les conseils de guerre, lib. des bibliophiles, Paris, 1871. — H. D. Justesse, Histoire de la Commune de Paris, R. Dancker, Zurich, 1879. — De la Brugère, Histoire de la Commune de 1871, Arthème-Fayard, 1871. — Basile Nivelet, Joinville-le-Pont,, F. Huby, Joinville, 1910. — Le Rappel, quotidien, 1871-1878. — Journal des débats, quotidien, 1871. — Le Petit Journal, quotidien, 1871-1884. — La Presse, quotidien, 1871. — Le Voleur illustré, hebdomadaire, 1871. — Archives commerciales de la France, hebdomadaire, 1876-1878. — XIXe siècle, quotidien, 8 avril 1878. — L’Indicateur des mariages de Paris, 24 mai 1863. — Le Siècle, quotidien, 1863-1871. — Le Temps, quotidien, 1871-1884. — Le Matin, quotidien, 1er octobre 1884. — Le Constitutionnel, quotidien, 4 novembre 1871. — L’Intransigeant, quotidien, 2 octobre 1884. — L’Univers, quotidien, 3 octobre 1884. — Le Figaro, quotidien, 1871. — Journal des commissaires de police, 1871 (A18, N1)-1872 (A18, N3).

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