DELABIT Marcelle [née HARTMANN Marcelle, Jeanne]

Par Louis Botella, Yves Lequin, Jean Maitron, Claude Pennetier

Née le 9 juin 1892 à Paris (XIIe arr.), morte en avril 1969 ; ouvrière puis surintendante dans une manufacture des tabacs ; syndicaliste CGT puis FO ; secrétaire générale de la Fédération nationale des ouvriers des manufactures de Tabacs ; militante socialiste.

Épouse depuis le 29 mai 1911 à Paris (XIIe arr.) d’Albert, Henri Delabit, né le 29 décembre 1887 à Charenton-le-Pont (Seine, Val-de-Marne), mécanicien ajusteur, syndicaliste. Marcelle Delabit fut mère d’un enfant.

Entrée comme cigarière à la manufacture des Tabacs de la rue de Charenton (XIIe arr.), elle fut employée comme surintendante d’usine pendant la Première Guerre mondiale, à une époque où des ministres comme Albert Thomas encourageaient la création de services sociaux dans les entreprises employant un important personnel féminin. Les militants de la manufacture des Tabacs de Paris-Reuilly l’élurent secrétaire adjointe du syndicat CGT en 1922. Commença alors pour elle une vie syndicale active. En 1928, elle assurait le secrétariat de l’Entraide sociale des ouvriers des manufactures des Tabacs de France et siégeait à la commission exécutive du Cartel confédéré des services publics administratifs. Le 18 décembre 1932, toujours secrétaire de son syndicat, elle prit la parole au nom du Groupe féminin de la CGT au meeting de Japy organisé par le Comité d’action pour la Paix, y déclarant notamment que « les femmes doivent s’unir et sont pour l’arbitrage obligatoire et le désarmement total et peuvent faire beaucoup en éduquant les jeunes cerveaux dans l’amour de la paix et de la solidarité internationale ». Elle siégeait alors à la commission administrative de la CGT, collaborait régulièrement à son quotidien Le Peuple et était membre de la 12e section de la Fédération de la Seine du Parti socialiste SFIO. Elle habitait, depuis 1910, 27 boulevard Poniatowski à Paris (XIIe arr.).

_En 1936, elle devint secrétaire générale de la fédération unifiée et fut réélue à ce poste en 1937 et 1938. Elle comptait alors parmi les collaborateurs de Syndicats, journal où se retrouvaient les responsables ex-confédérés hostiles à la montée de l’influence communiste dans la CGT, et elle soutint leurs motions au congrès national de Nantes en novembre 1938.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Marcelle Hartmann participa au Comité d’études économiques et syndicales qui regroupait des militants de la CGT dissoute, proches de Léon Jouhaux. Élue à la commission administrative de la CGT fin 1945, elle fut secrétaire générale de la Fédération CGT des services des manufactures de Tabacs, fonction qu’elle conserva lors de l’adhésion de son organisation à la CGT-Force ouvrière en janvier 1948. En avril de la même année, le premier congrès confédéral de FO l’élut à sa commission exécutive.

Le 1er congrès de la Fédération nationale des ouvriers et ouvrières des manufactures des tabacs et allumettes de France, sous l’étiquette FO, eut lieu du 15 au 20 novembre 1948 à Paris. Marcelle Delabit fut reconduite dans ses fonctions de secrétaire générale. Lucien Trichard lui succéda en juin 1962.

Marcelle Delabit resta membre de la commission exécutive fédérale et devint archiviste du bureau national en juin 1962 .Elle participa à la création de la mutuelle des tabacs et allumettes dont elle fut membre du conseil d’administration jusqu’en 1963.

Elle fut également membre du Haut-commissariat de la population et de la famille depuis sa création en 1945 jusqu’à son décès. Elle représenta Force ouvrière et les travailleurs du SEITA (Service d’exploitation industrielle des tabacs et allumettes) au sein des instances du Marché commun.

Elle fut officier dans l’Ordre national du mérite, au titre du ministère de la Santé et de la famille, et chevalier de la Légion d’honneur, au titre de la Résistance.
Elle ne surmonta pas une grave maladie qui, après opération, lui fut fatale.

Voir Raoul Marty, Jacques Faure, Yvonne Avanda.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article21883, notice DELABIT Marcelle [née HARTMANN Marcelle, Jeanne] par Louis Botella, Yves Lequin, Jean Maitron, Claude Pennetier, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 18 juin 2020.

Par Louis Botella, Yves Lequin, Jean Maitron, Claude Pennetier

Photos communiquées par Claudie Faure.
Marcelle Delabit et Raoul Marty
Marcelle Delabit, Yvonne Avanda et Jacques Faure (avec les moustaches).
Tribune du comité national, Nice, mai 1957
Congrès fédéral Tabacs allumettes, Paris, juin 1966

SOURCES : Arch. Nat., F7/13818, F7/13735. — Arch. PPo, Ba/1686, décembre 1932. — Le Peuple, 6 mai 1924, 18 décembre 1926. — Cl. Masse, La CGT à travers le Peuple, 1934-1936, op. cit. — D. Stéphany, Le personnel de la CGT de 1936 à 1939, op. cit. — M.-F. Rogliano, « L’anticommunisme dans la CGT : Syndicats », Le Mouvement Social, n° 87. — Comptes rendus des congrès confédéraux de la CGT de 1929 à 1933 et de 1938. — Comptes rendus des congrès confédéraux de Force Ouvrière de 1948 à 1969. — Force Ouvrière, hebdomadaire de la CGT-FO, 25 novembre 1948, 4 juillet 1962, 16 avril 1969.

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