PIRARD Marie-Henriette, dite Miette, épouse BAPAUME.

Par Hedwige Peemans-Poullet

Bressoux (aujourd’hui commune de, pr. et arr. Liège), 14 août 1923 – Braine l’Alleud (pr. Brabant wallon, arr. Nivelles), 16 août 2019. Employée, militante puis permanente jociste à Verviers (pr. Liège, arr. Verviers), puis à Charleroi (pr. Hainaut, arr. Charleroi), permanente à la Centrale nationale des employés puis à la Confédération des syndicats chrétiens, épouse d’André Bapaume.

Marie-Henriette, dite Miette, Pirard est un pilier du syndicalisme chrétien féminin. Sa vocation au syndicalisme remonte à une expérience vécue au cours de son premier emploi. Peu après, elle découvre l’oppression des jeunes travailleuses au cours de son engagement, militant d’abord puis professionnel, à la Jeunesse ouvrière chrétienne féminine (JOCF). C’est à partir de son recrutement comme permanente à la Centrale nationale des employés (CNE) qu’elle va développer une action concrète et constante pour la syndicalisation des travailleuses et la défense de leurs intérêts. Plus tard, lorsqu’elle est engagée pour le Service syndical féminin de la Confédération des syndicats chrétiens (CSC), elle sera aussi confrontée à l’explosion du mouvement féministe. Tout comme sa collègue néerlandophone, Sara Masselang*, elle s’efforcera, contre vents et marées, d’articuler en profondeur féminisme et syndicalisme.

Née à Liège dans une famille très chrétienne, plutôt traditionnelle, placée sous la devise : « le seul bonheur qu’on a vient du bonheur qu’on donne », Miette Pirard est la quatrième d’une famille de six enfants, active dans un milieu d’indépendants. Avant la guerre de 1914, son père, Jacques (Verviers août 1883 – Verviers, juillet 1972), est un pâtissier reconnu et primé. Mobilisé, blessé, il reste mobilisé jusqu’en 1926, après avoir participé à l’occupation de l’Allemagne. À son retour à la vie civile, il connaît une succession de métiers de fortune : employé chez un huissier, maître baigneur puis directeur des bains publics de Verviers, représentant en produits pharmaceutiques… Lors de la Seconde Guerre mondiale, il entre dans la résistance… Miette Pirard a beaucoup d’admiration pour lui. Sa mère, Laure Franck (Verviers, septembre 1884 – Verviers, 10 mai 1973), est demoiselle de magasin avant de devenir mère au foyer.

De 1935 à 1939, Miette Pirard fait des études techniques (coupe-couture) à l’École Sainte-Claire de Verviers. Un fait marquant durant l’année 1939, Miette apprend qu’elle ne pourra pas fonder de famille. Elle décide de renoncer à toute idée de mariage. Malgré cet événement personnel, de 1939 à 1941, elle poursuit des études en cours du soir en sténodactylographie (correspondance néerlandaise et anglaise).
Dans le même temps, en 1940, Miette Pirard débute son parcours professionnel en tant que secrétaire dans un bureau d’avocats. De 1940 à 1943, elle est employée dans une agence de contrôle automobile. En 1943, elle est engagée comme employée aux écritures (lois sociales) dans une corroierie de Verviers. Là, survient un épisode, déterminant pour son engagement syndical : un employé, le « petit Heuschen » est licencié pour faute grave, car il avait volé quelques morceaux de cuir. Miette Pirard essaie d’intervenir en sa faveur auprès de la direction, sans succès : « mêlez-vous de ce qui vous regarde ! ». Cette expérience lui fait comprendre l’importance d’un syndicat, interdit sous l’Occupation. En 1945, elle quitte la corroierie pour reprendre la représentation en produits pharmaceutiques de son père, ce qu’elle fait avec succès jusqu’en 1946.

La militante jociste

En 1943, Miette Pirard commence à militer à la JOCF de Verviers. Elle y est responsable locale des Jeunes JOCF puis membre de l’équipe fédérale. En 1947, elle est engagée comme permanente fédérale. En 1948, elle devient permanente à la Fédération jociste de Charleroi (pr. Hainaut, arr. Charleroi). En 1952, elle a 29 ans et atteint la limite d’âge pour un mouvement de jeunesse mais elle y a rencontré, entres autres, Joséphine Fafchamps*, René Dawant, l’abbé L. Roth* qui l’influencent au point de poursuivre son action sociale. À ce moment, elle sent qu’elle « voudrait faire du syndicat ». Elle pense postuler à la Fédération des syndicats chrétiens de Charleroi dont Alfred Califice* est le secrétaire fédéral.

Responsable du Service féminin de la CNE

C’est vers la CNE que Miette Pirard est orientée. Suite à un processus de réflexion interne sur la faible représentation de ses affiliées – par rapport à l’augmentation sensible du nombre d’employées dans la population active –, la centrale décide de créer un service féminin et d’engager une permanente. Jean Brück, secrétaire général de la CNE, propose à Miette Pirard de l’engager « pour s’occuper des femmes ». Recrutée comme permanente en 1953, elle devient membre du Bureau exécutif de la centrale en 1954.

Les responsables de la CNE ne voient pas clairement ce qu’il y a lieu de faire sur la question féminine. Pour certains, dès que la question de l’égalité de rémunération – en 1952, la Belgique a adopté la Convention n° 100 de l’Organisation internationale du travail (OIT) relative à cette question –, sera réglée, le service féminin ne sera plus nécessaire. Miette Pirard reçoit ces propos comme une forme de liberté d’action. Elle est en charge des employées mais aussi de deux secteurs professionnels féminisés, les grands magasins et les services de santé.
Pour Jean Brück, Miette Pirard doit d’abord apprendre : il l’envoie faire un stage en entreprise, à l’Innovation (aujourd’hui Galeria Inno), en vertu d’une convention entre la CNE et ce grand magasin. Elle y découvre les principaux travers des conditions de travail mais aussi les relations désabusées des travailleuses à l’égard de leur syndicat socialiste, la FGTB (Fédération générale du travail de Belgique), nettement majoritaire. Une vendeuse, apprenant que Miette est à la CSC, lui dit : « Ah ! Vous allez au syndicat chrétien ! Et bien, ma pauvre, vous n’avez pas de chance avec nous ici au rayon, parce que nous on n’aime ni la morale, ni la religion, ni les curés, ni les processions… ». À la fin de son stage, elle rencontre le directeur du personnel et relaye les principaux problèmes évoqués par les travailleuses et elle rédige un rapport de stage pour la CNE.

Miette Pirard entame de manière systématique la promotion du syndicalisme par des réunions, en soirée à Verviers, Liège, Tournai, La Louvière, etc. Ces rencontres rassemblent à chaque fois une vingtaine d’employées, et se font chez l’une d’entre elles. Elle y applique les méthodes acquises à la JOCF, notamment le fameux principe : « voir, juger, agir ». En 1963, elle organise une enquête sur « Les problèmes des femmes seules et des femmes chefs de ménage ». Le rapport d’enquête, publié par la CNE, est toujours d’actualité. Les unes et les autres peuvent avoir d’importantes charges familiales. Pour elle, cessons d’associer le terme « famille » au seul couple avec enfants.

Ayant constaté que les aides-soignantes sont moins bien payées que les institutrices frœbéliennes et les puéricultrices, Miette Pirard rédige un dossier pour convaincre la CNE de revoir ces rémunérations, ce qu’elle obtient. Elle découvre que la lutte des femmes au sein d’une organisation syndicale nécessite d’abord de convaincre sa propre organisation.

Au cours de ses années de propagandiste et secrétaire permanente à la CNE de 1953 à 1967, Miette Pirard a l’occasion de suivre, à Charleroi, un cycle de cours de deux ans à l’école des délégués. Elle y a comme professeurs, Elie Baussart pour l’histoire, dont elle admire l’enseignement, Hubert Dewez* (Jean Neuville), pour la législation sociale. Elle y suit également des cours de comptabilité d’entreprise ou des rudiments d’économie politique. Dans son souvenir, Miette dit toujours le rôle fondamental de la JOC dans son choix de vie : « Moi, j’ai suivi la JOC. C’est la JOC qui m’a fait démarrer, et, comme école de vie, c’était extraordinaire ! » (Témoignage dans CARHOP, Le mouvement ouvrier chrétien 1921-1996. 75 ans de luttes, Bruxelles, MOC-EVO, 1996, p. 206).

Pendant une quinzaine d’années, Miette Pirard est, du côté francophone, la seule femme propagandiste et permanente dans une centrale professionnelle de la CSC. Durant cette période, la CNE a profondément changé. À son arrivée, la centrale débattait toujours de l’allocation de la mère au foyer (AMF) et proposait d’écarter du travail professionnel les femmes mariées. Or, en 1967, lorsque Miette Pirard quitte pour entrer à la CSC, l’état d’esprit n’est plus le même à la CNE, désormais marquée par son passage.

Miette Pirard représente le service féminin de la CNE au sein de structures internationales : elle est présidente de la commission féminine de la Fédération internationale des employés, techniciens et cadres (FIET) en 1958 et, à partir de 1960, membre puis secrétaire de la commission féminine de la Confédération mondiale du travail (CMT).

Au Service syndical féminin de la CSC

Créé en 1947, le Service syndical féminin de la CSC est principalement actif du côté néerlandophone (Bruxelles et Flandre). Il est d’abord placé sous la responsabilité de Maria Nagels*, ancienne responsable jociste flamande, qui dispose d’un solide réseau de femmes engagées. Secondée par Sara Masselang* à partir de 1958, elle organise, avec cette dernière, en 1960 à Malines, un grand rassemblement des militantes de la CSC, théoriquement national. Force est de constater, pour les militantes présentes, l’absence totale de collègues francophones. Sara Masselang entend et comprend la remarque des participantes. Dès 1963, lorsqu’elle succède à Maria Nagels, à la tête du Service syndical féminin, elle demande au Bureau de la CSC l’engagement d’une collègue francophone pour développer les activités du Service syndical féminin dans la partie francophone du pays (Bruxelles et Wallonie). En 1966, la grève des femmes de la Fabrique nationale (FN) de Herstal (pr. et arr. Liège), dont le thème est « À travail égal salaire égal », surprend par son ampleur et son retentissement national et international, mais révèle aussi la disparité linguistique de l’activité du Service féminin de la CSC. C’est une néerlandophone, Sara Masselang, accompagnée de militantes néerlandophones, qui apporte à Herstal le message de solidarité du service. Dans son rapport d’activité 1964-1966, la CSC reconnaît que la grève de la FN marque un « tournant dans l’histoire syndicale », notamment grâce à la « percée syndicale féminine en Wallonie ». Au Congrès de la CSC en 1966, Miette Pirard intervient, au nom de la CNE, à propos de la future élaboration du Statut de la travailleuse. Cette intervention retient l’attention des congressistes et amène le Bureau de la CSC à recruter Miette Pirard comme co-responsable, avec Sara Masselang, du Service syndical féminin. Ce recrutement est effectivement décidé le 7 mars 1967.

Miette Pirard est officiellement engagée le 1er août 1967. Son arrivée se fait dans de très bonnes conditions. Sara Masselang l’initie volontiers à tous les rouages de la CSC. Miette ne connaissant pas le néerlandais, Sara, qui a dû se mettre au français, manifeste beaucoup de fair-play dans leurs relations de travail. Leur secrétaire commune est parfaite bilingue. Miette Pirard rejoint le groupe de travail qui prépare le Statut de la travailleuse. Une fois ce statut adopté et célébré par l’ensemble de la CSC, elle sent qu’elle dispose désormais d’un cadre idéologique pour développer l’action du Service syndical féminin, dans la partie francophone du pays.
Le travail du Service syndical féminin de la CSC est varié. Ce service, national, dispose, en principe, d’une grande autonomie pour organiser la réflexion, les formations (francophone et néerlandophone), la préparation des élections sociales et des revendications des militantes. Une fois par an, il organise une assemblée nationale, la Commission consultative féminine, à laquelle participent des déléguées issues des commissions « femmes » des Fédérations et des centrales. Le président de la CSC, toujours présent, y répond aux interpellations. Ce sont des assemblées, parfois tumultueuses, parce que les participantes sont des militantes et non des permanentes. La Commission de contact traite des matières pour lesquelles le Bureau de la CSC voudrait l’avis du service, par exemple sur la future loi sur le travail des femmes ou sur la proposition d’interruption de carrière. La Commission, dont les réunions sont occasionnelles, est aussi chargée de trouver, à l’amiable, des solutions pour les sujets conflictuels ou sur les manières de mettre en œuvre les décisions prises.
Le 7 mars 1967, le Comité national de la CSC coopte Sara Masselang et Miette Pirard au Bureau national. Sara entre en fonction immédiatement et Miette l’y rejoindra après son arrivée en août 1967. Le Bureau journalier de la Confédération charge Rik Kuylen*, secrétaire national, des contacts avec le service féminin. À ce titre, il pilote, par exemple, le déroulement du groupe de travail « Action syndicale auprès des travailleuses », installé à la suite d’une copieuse note rédigée en juillet 1973 par Miette Pirard.

Miette Pirard et Sara Masselang ont en charge la réalisation d’un bulletin périodique destinée aux militants. Du côté francophone, ce bulletin s’intitule Femmes au travail !. Ce dernier comptera 27 numéros d’avril-mai 1966 au 1er trimestre 1977. Les articles rédigés par les membres et militantes ne sont pas signés, les articles d’autres responsables de la CSC ou de personnalités extérieures le sont.
Malgré ces structures si élaborées, le Service syndical féminin de la CSC finit par apparaître comme un « service spécifique » dans les rapports d’activité de la Confédération, au même titre que les jeunes, les sans emploi, les travailleurs migrants, les travailleurs journaliers, le service Outremer et la coordination des services publics

Pour éviter le risque de cloisonnement, la CSC donne habituellement aux responsables d’un service général, la charge d’une fonction spécifique. C’est le cas de Sara Masselang et de Miette Pirard. Ainsi, à partir de 1980, Miette Pirard se voit attribuer la coordination des actions des « sans emploi ». Cette désignation n’est pas étonnante car, depuis longtemps, le Service syndical féminin intervient pour dénoncer les discriminations en matière d’allocations de chômage. Dès le milieu des années 1970, il dénonce la surreprésentation des femmes dans l’explosion du chômage et la « chasse aux sorcières » qui l’accompagne. En décembre 1976, Miette Pirard est membre de la Commission spécialisée pour les femmes auprès de l’ONEM. Elle est à l’initiative d’un groupe de travail « chômeuses » au sein du Service syndical féminin. En novembre 1980, Miette Pirard fait partie de la délégation de la CSC à la Conférence nationale du travail (CNT). Le gouvernement Martens IV (coalition sociale-chrétienne – socialiste) avait décidé de convoquer cette Conférence pour « mouiller » les partenaires sociaux dans son « plan de redressement », déjà voté au Parlement. Lors de la CNT, il est décidé de créer une nouvelle catégorie de bénéficiaires des allocations de chômage, les « cohabitants ». Cette catégorie, regroupant plus de 80 % de femmes, est vouée à la discrimination. Miette Pirard fait appel à Sara Masselang pour qu’elle mette sur pied une manifestation d’opposition avec des femmes des mouvements sociaux et féministes. Cette action est à l’origine de la création en 1980 du Comité de liaison des femmes, coordination féministe à laquelle Miette apportera tout son soutien.

Circonscrire les possibilités réelles d’action de Miette Pirard oblige à rappeler que le pouvoir décisionnel de la CSC émane principalement des centrales professionnelles. Ainsi, le Service syndical féminin ne peut décider d’une grève, donner un préavis de grève, dédommager les grévistes, entrer en concertation avec l’employeur, etc. Lors de la grève de la FN en 1966, le service ne pouvait pas entrer dans l’usine pour s’adresser aux ouvrières. Miette Pirard s’est longuement exprimée sur les relations du service féminin avec les femmes en grève au cours des années 1970-1980. Ce constat la conduit à élaborer en juillet 1973 une note ; sorte de mémorandum, intitulée Note schématique sur le Service féminin. Cette note sera résumée, remaniée, présentée en réunions extraordinaires et restreintes du Bureau, confiée pour remaniement à des membres du Service d’études, soumise à un groupe de travail ad hoc, puis à l’appréciation des centrales, etc., de telle sorte qu’au moment du départ à la retraite de Miette Pirard en 1982, il reste toujours sur la table un projet d’évaluation de ce processus qui devra être fait pour 1984. En février 1985, une synthèse de ces débats sera disponible pour une présentation au Bureau.

La première note de Miette Pirard se réfère à l’impact du mouvement féministe : « Les manifestations et mouvements féminins et féministes de toutes tendances démontrent bien qu’il existe une situation particulière dont les femmes ont pris conscience ». Cette référence au féminisme sera reculée dès le deuxième remaniement et disparaîtra ensuite. Mais le malentendu reste patent : le Service féminin dit ce qu’il attend de son syndicat et la CSC dit ce qu’elle attend de son service féminin.
La « place des femmes dans le syndicat », c’est, pour Miette, une articulation entre la défense des intérêts spécifiques des travailleuses et la participation pleine et entière à la lutte syndicale globale. La CSC voit les choses autrement. Comment alors amener les responsables de la CSC à prendre conscience de ce décalage ? Miette Pirard cherche divers moyens. Tantôt elle sollicitera la rédaction d’une recherche universitaire, comme celle de LEROY R., Les salaires féminins : mille formes de discrimination, publiée en 1976. Tantôt, elle rédigera un article pour une revue de niveau universitaire, Recherches sociologiques et anthropologiques (voir Œuvre). En 1975, elle présente, au Bureau de la Confédération, l’état des travaux de la Commission du travail des femmes récemment installée, au sein de laquelle elle représente la CSC.

Parmi les chevaux de bataille de Miette Pirard, outre les classiques revendications socio-économiques (égalité de rémunération, égalité dans les prestations de sécurité sociale, conditions de travail…), il faut retenir, d’une part, son combat en faveur de la revendication de la « maternité comme fonction sociale », et, d’autre part, son hostilité au développement du travail à temps partiel. La première se situe dans la tradition des militantes qui refusent que les travailleuses soient sommées de choisir entre le travail professionnel ou la vie familiale et exigent, au contraire, le droit au travail et le droit à une vie familiale épanouie. De fil en aiguille, cette revendication aboutira à l’exigence d’un développement des équipements sociaux et collectifs (FESC) aux aménagements du droit du travail par rapport à la maternité (mesures de protection de la maternité, au sens large) et aux mesures dites de « conciliation entre la vie familiale et la vie professionnelle ». La seconde, qui concerne la législation sur le travail à temps partiel, permet de saisir la manière dont s’articulent, petit à petit, les positions assez réservées de la CSC et les positions, initialement très hostiles, des militantes du Service syndical féminin.

Miette Pirard se situe franchement « à gauche ». Elle regrette l’échec de l’Union démocratique belge (UDB), alternative travailliste fondée en 1945, qui disparaît au lendemain des élections législatives de 1946. Elle espère retrouver de telles initiatives. Elle se félicite de la création de l’ISCO (Institut supérieur de culture ouvrière) et de la FOPES (Faculté ouverte de politique économique et sociale), initiés par le Mouvement ouvrier chrétien (MOC). Elle lit et encourage le journal du mouvement, La Cité. Elle noue des amitiés avec des femmes syndicalistes de pays d’Afrique ou d’Amérique latine et organise des sessions de formation et des gestes de solidarité. Miette Pirard a d’emblée rejoint le mouvement féministe en participant à ses actions à ses publications, en stimulant des manifestations communes entre syndicalistes et féministes...

Un des résultats les plus remarquables des quinze années de Miette Pirard comme co-responsable du Service syndical féminin de la CSC est d’avoir réussi à convaincre les travailleuses francophones à le rejoindre dans son combat.

En 1982, Miette Pirard demande sa prépension. Elle a 59 ans. L’âge légal de la retraite pour les femmes est, à l’époque, de 60 ans mais elle totalise 42 années de carrière professionnelle alors que la durée de la carrière complète pour les femmes est de 40 ans. Peu avant son départ à la retraite, en 1980, elle épouse André Bapaume, ancien responsable syndical chrétien en France. Il a des enfants d’âge mûr qui accueillent favorablement ce mariage. Le couple habitera dans un appartement à Braine-l’Alleud. Plus tard, il rejoint la résidence, La Grange des Champs, à Braine-l’Alleud. André Bapaume s’y éteint à l’âge à l’âge de 103 ans en 2003. C’est là également que Miette Pirard décède le 16 août 2019 à l’âge de 95 ans.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article218898, notice PIRARD Marie-Henriette, dite Miette, épouse BAPAUME. par Hedwige Peemans-Poullet, version mise en ligne le 10 septembre 2019, dernière modification le 6 mai 2021.

Par Hedwige Peemans-Poullet

ŒUVRE : Collaboration à : Joie et travail (JOCF), Le droit de l’employé (CNE), Femmes au travail (CSC - 1967-1977) – « Trouver, perdre, retrouver ou ne pas retrouver du travail » et « Le chômage des femmes : analyse d’ensemble », Les cahiers du GRIF, n° 4 : L’insécurité sociale des femmes, octobre 1974, p. 37-39 et 39-47 – Avec PEEMANS-POULLET H., « La participation à la vie syndicale. Aperçu historique », Recherches sociologiques, n° 1, mars 1976, p. 6-22 ; « La participation à la vie syndicale. Tendances actuelles », Recherches sociologiques, n° 1, mars 1976, p. 23-36.

SOURCES : CARHOP, fonds Jean Neuville, dossier « Pirard Miette », réponses de Miette Pirard au questionnaire d’enquête, années 1980 – Témoignage de Miette Pirard, dans CARHOP, Le Mouvement ouvrier chrétien, 1921-1996. 75 ans de luttes, Bruxelles, MOC-EVO, 1996, p. 203-206 – PEEMANS-POULLET H., Syndicalisme et Féminisme…. Miette Pirard [sous presse], passim.

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