KRABBE Pierre-Henry (ou Pierre-Henri)

Fils de Antoine-Henry Krabbe (1762-1812), horloger, et de Adelaïde Rouveau, Pierre-Henry Krabbe avait épousé à 20 ans la sœur de l’imprimeur-typographe Jean-Baptiste Vialat, qui travaillait en association avec son beau-frère Louis-Victor-Julien Giroux. Puis, il travailla avec l’éditeur Adolphe Hocquart.
Le 6 mai 1833, Krabbe obtint son brevet de libraire (libraire éditeur). Les éditions « P.-H. Krabbe » eurent plusieurs adresses successives à Paris : rue de la Montagne-Sainte-Geneviève à ses débuts, 12-14 rue de Bussy en 1835, 48 rue de Seine-Saint-Germain en 1837, 15 Quai Saint-Michel en 1839, rue Saint-André-des-Arts en 1843, 39 rue Dauphine en 1845, et 12 rue de Savoie en 1847. Krabbe publia essentiellement de la littérature, de l’histoire et des livres scolaires ; il fut l’éditeur de la série « La biographie des Hommes du jours » (1835-1843), la collection « Bibliothèque du peuple » dans les années 1840, et sous le Second Empire des œuvres de Chateaubriand. Les autorités le considéraient aussi comme un républicain.
A partir de 1834, Krabbe tenta de développer son activité en dirigeant une imprimerie à Lagny (Seine-et-Marne). Il s’associa à plusieurs de ses beaux-frères. D’abord et principalement avec Auguste Leboyer, titulaire en titre du brevet d’imprimeur en 1834. En 1837, Louis Henry Jador, compositeur typographe expulsé de Hollande et également son beau-frère, le rejoignit dans l’affaire : selon un accord passé avec Leboyer, Jador et Krabbe devaient reprendre l’imprimerie. En attendant le rachat effectif de l’entreprise, Leboyer laissait à Krabbe, devenu prote de l’imprimerie Leboyer et Cie, la direction (y compris éditoriale) de l’affaire, qui était importante (9 presses à bras et 2 presses mécaniques, employant jusqu’à 40 salariés). Krabbe employait également son autre beau-frère Louis-Victor Giroux, comme prote. Les autorités s’alarmèrent à plusieurs reprises les choix politiques (républicains) de la maison. Finalement, Leboyer se retourna contre Krabbe et Jador, accusés de ne pas respecter leurs engagements financiers en 1838. Leboyer transféra son brevet à Auguste Laurant, libraire nantais. Vers 1848, l’imprimerie passa aux deux beaux-frères de Krabbe, Louis-Victor Giroux et Jean-Baptiste Vialat, puis à Vialat seul. L’imprimerie continua de travailler pour les éditions Krabbe.
Entretemps, Krabbe avait renoncé à son brevet de libraire le 4 septembre 1846 au profit de Marc-Henry Pellepra-Morel. En 1848, afin de sauver l’imprimerie de Lagny dont l’activité baissait dangereusement, Krabbe avait projeté de racheter l’imprimerie Giroux et Vialat et de la transformer en coopérative de production, sous le nom de « Typographie nationale de Lagny ». Le projet ne vit pas le jour faute de moyens financiers. Mais l’engagement de Krabbe dans le mouvement coopérateur se poursuivit : en 1850, il fonda avec Hubert Launette la Société des Ménages, coopérative de consommation.
Lors du coup d’état de décembre 1851, Krabbe fût arrêté. Considéré comme un « socialiste très exalté », menacé d’expulsion dans un premier temps, il fut finalement condamné à la surveillance le 28 mai 1852.
Bien que dépourvu de brevet depuis 1846, Krabbe reprit son activité de libraire. En 1855 il fut déclaré failli. En 1857, il fut poursuivi pour défaut de brevet et condamné à un mois de prison en 200 francs d’amendes, mais on lui accorda finalement le droit d’exercer à nouveau son métier de libraire. Le septembre 1859, Krabbe racheta à l’hebdomadaire le Monde religieux illustré (1857-1858) pour le rebaptiser l’Ami du foyer. Mais il fit faillite dès la fin 1859 et céda le titre à Céline Levy en 1860, qui le revendit en 1864 à Fayard.
En 1882, Krabbe habitait Arcueil-Cachan.
Le 28 mai 1827, Krabbe avait épousé Anne-Angélique Vialat à Paris. Il eut six enfants dont Rosine Fernande Henriette (1847) qui épousa en 1864 le sculpteur Alfred Palemon Flandrin.