PERRAULT Félix

Par Gwenolé Kerdivel

Né le 17 octobre 1925 à Rennes (Ille-et-Vilaine) et mort en mai 2014 à Rennes (Ille-et-Vilaine) ; garçon de course, manutentionnaire, agent de gardiennage ; militant anarchiste, libre penseur, individualiste.

Fils d’une mère communiste et d’un père de tendance stalinienne, Félix Perrault eut des relations particulièrement difficile avec ce dernier, comme d’ailleurs ses autres enfants ainsi que ses quatre femmes « légitimes » et ses "seize concubines".
Passé par un régiment de zouave algérien, il était revenu avec une parasitose, une lambliase, qu’il transmit à Félix. La mère divorça d’ailleurs de son père.
Félix Perrault grandit rue de Brest à Rennes et fréquenta l’école laïque maternelle de la rue Vanneau. Scolarisé jusqu’à ses quatorze ans, il sortit sans diplôme du système scolaire et multiplia au début de la Seconde Guerre Mondiale les petits boulots (garçon de course et manutentionnaire) qu’il alterna avec des périodes de chômage.
Encore mineur et bien qu’il n’ait jamais appartenu officiellement à la Résistance, notamment du fait de sa méfiance à l’égard du Général de Gaulle, il écoutait Radio Londres autant que possible et lisait les quelques tracts qui lui passaient entre les mains. Imprudent, il fut arrêté et détenu à la prison Jacques Cartier pour différents faits pour lesquels il passa devant le tribunal militaire allemand place Hoche le 4 août 1943. Il fut condamné pour fait de sabotage à une peine qu’il purgera dans un centre de triage au Centre Pénitentiaire des Haut-Clos à Troyes (Aube). Il y croisa Geneviève de Gaulle qui y distribuait des cantiques au cours de la messe obligatoire du dimanche. Libéré en 1944, il retourna à Rennes. Il y continua sa vie de vagabondage alternant chômage, maladie et petits boulots.
Autodidacte, il se passionna très tôt pour les textes qui parlent du mouvement libertaire. Il découvrit le Libertaire en 1945 et prit contact dès ce moment avec différents militants mais pas avec des groupes « importants », ce qui le tint à l’écart des débats parisiens. En 1953, la scission de la FA le découragea alors. Opposé aux thèses de Georges Fontenis, il continua toutefois à lire ce qu’il nomma le « pseudo-Libertaire ». Il ne supporta tout particulièrement pas les écrits d’André Marty, peut-être « connu pour être aux ordres de Staline et plus particulièrement pour son autoritarisme et ses menées anti-libertaires en Espagne durant la Révolution ». Il découvrit un jour le Monde Libertaire dans un kiosque de la gare de Rennes en 1957, il en devint un lecteur fidèle et assidu.
En 1966, il prit contact avec René-Michel Miriel, décidé à monter un groupe fédéré à la FA à Rennes. Ce fut chose faite le 4 mai 1966. Le groupe grossit, avec notamment l’arrivée de Jean-Pierre Caro, mais des tensions au sujet de l’emploi de la violence émerge conduisant à une scission entre non-violents (dit Rennes 1) et violents (dit Rennes 2). Félix se refusa de choisir. Une autre scission dans le groupe Rennes 2 déboucha sur la fondation du groupe Makhno favorable aux thèses situationnistes.
Mai 68 mit fin aux querelles et les militants anarchistes manifestaient chaque jour bien que mal accueillis par les staliniens du PCF et de la Cgt et par les « crapules gauchistes » (sic), trotskistes et maoïstes. Ami de Félix Perrault, René Lochu s’accrocha à Rennes avec les pro-situationnistes. D’ailleurs, à ce moment, le groupe Makhno fut exclu de l’internationale situationniste et de la FA. Ce groupe créa alors une internationale anarchiste avec un groupe anarchiste de Ménilmontant. Un militant du groupe Makhno reçut une balle au cours d’une discussion interne passionnée, ce qui conduisit à la démobilisation progressive des membres de ce groupe. La défaite de mai 68 vit une démobilisation générale des membres des groupes.
Félix Perrault continua à échanger avec différents militants, dont Henri Portier.
En 1971, Félix Perrault fonda le groupe Rennes Libertaire, fédéré à la FA. Il choisit le terme "libertaire" pour ne pas à avoir à perdre son temps en discussion sur le terme anarchiste. Cette année-là, il reçut Michel Buttard, secrétaire aux Relations Intérieures de la FA et Léopold Tamamès, membre de la commission propagande et secrétaire aux Relations intérieures de 1973 à 1975. Au cours des années 1970, il batailla contre les « saboteurs », surtout des jeunes passés chez les gauchistes maoïstes ou chez les nationalistes bretons, qui tentaient de noyauter le groupe Rennes Libertaire, dont le potentiel fluctua entre trois et six militants tout au long de ces années. Il milita notamment un temps avec Frédéric Carpentier. Il participa aux congrès de la FA de 1971 puis 1974.
En 1977, il devint membre individuel à la FA et abandonna la responsabilité du groupe, remplacé par Michel Suard, ouvrier du bâtiment. Michel mourut par balle dans un café à Rennes, dans des circonstances confuses et non militantes. Le groupe fut alors repris par un jeune proche de Félix Perrault, Fabrice Lerestif. Félix quitta la FA à ce moment, fatigué de la scission qui vit la naissance de l’UA. Il resta toutefois fidèle toute sa vie à son engagement anarchiste en participant à tous les événements du groupe rennais. À la fin de sa vie, il exerçait comme agent de gardiennage. Il mourut à l’âge de 88 ans.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article219168, notice PERRAULT Félix par Gwenolé Kerdivel, version mise en ligne le 25 septembre 2019, dernière modification le 6 août 2020.

Par Gwenolé Kerdivel

SOURCES : Interview du 9 juillet 1997 réalisé par François Coquet pour Radio libertaire. — Témoignages indirects. — Archives personnelles de Félix Perrault conservées au local la Commune de Rennes.

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