DELAMARRE Georges, Désiré

Par Michel Dreyfus

Né le 29 décembre 1907 à Persan (Seine-et-Oise, Val-d’Oise), mort le 15 novembre 1986 à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine) ; ajusteur ; syndicaliste, secrétaire confédéral de Force ouvrière (1948-1952), secrétaire de la Fédération FO des Métaux (1952-1964).

Fils d’un ajusteur et d’une ménagère, Georges Delamarre entra très jeune dans le monde du travail et adhéra à l’Union des mécaniciens de la Seine, mais son engagement syndical lui ferma des portes et il dut abandonner le pied à coulisse pour gagner sa vie dans le débardage. En 1933, il put entrer comme ajusteur ou, selon les sources, rectifieur-outilleur aux usines Renault après une formation en apprentissage ; il fit alors ses premiers pas dans le syndicalisme CGT de la profession. Il participa aux grèves de 1936 aux côtés de militants tels que Jacques Chonion* et Compagnon* et il fut délégué du personnel de l’outillage central et membre de la commission exécutive de la section syndicale CGT de Renault. Il se passionnait alors pour l’économie et profita des cours organisés à Renault pour accroître ses connaissances en ce domaine où il acquit de solides compétences. Toute sa vie, il conserva cette passion de savoir.

En 1938, il démissionna de ses responsabilités syndicales en raison de ses désaccords stratégiques avec les unitaires : « Réformateur dans le meilleur sens du terme, [...] il était alors très respecté par le patronat ». Militait-il déjà à la SFIO ? Il en fut membre par la suite.

Mobilisé au 165e RALPA puis affecté « spécial » chez Renault, Georges Delamarre fut ensuite réfractaire au Service du travail obligatoire (STO) et organisa la Résistance dans les réseaux Libération-Nord comme à la CGT. Il fut membre du bureau clandestin de l’Union départementale des syndicats de la région parisienne, notamment aux côtés de Pierre Tribié* et Louis Fréour* et il organisa les comités d’action contre la déportation et le STO. À partir de 1943, il entra dans la clandestinité où il fut tour à tour Daniel Gitran, Gaston Degelle et Georges Debeaumont. Le 28 juillet 1944, il fut arrêté par la Gestapo, interné à Fresnes puis fit partie du dernier train de déportés pour le camp de Buchenwald dont il fut libéré en 1945 par l’armée américaine. Il semble avoir été alors un des créateurs de la Fédération nationale des résistants et des patriotes.

Georges Delamarre reprit immédiatement ses responsabilités syndicales. En mars 1946, il fut nommé un des secrétaires de la Fédération des Métaux lors de son congrès tenu à Issy-les-Moulineaux ; il entra la même année au bureau confédéral pour prendre en charge le renouvellement des conventions collectives encore bloquées par la législation de guerre. Solidaire de ses amis de Résistance ouvrière, il fut un des fondateurs de Force ouvrière et appartint à son premier bureau confédéral. Il y eut la charge des questions de législation sociale, notamment, les comités d’entreprises, les conventions collectives, les salaires et la Sécurité sociale. Les services FO de Sécurité sociale dirigés par Texier, du fichier confédéral (Salle) et du conseil juridique (Melle) furent également placés sous son contrôle.

Meilleur débatteur et conférencier qu’orateur, Georges Delemarre participa au premier Conseil économique qui se réunissait au Palais-Royal où ses connaissances économiques furent fort utiles ; cet ouvrier autodidacte devait d’ailleurs être par la suite rapporteur de la section de conjoncture de l’INSEE. De 1949 à 1951, il fut également membre du conseil d’administration du Comité national de l’organisation française (CNOF) où se retrouvaient de nombreux ingénieurs et dirigeants d’entreprise qui, dans les années d’après-guerre, s’efforcèrent de faire progresser au sein du monde de l’entreprise les notions de rationalisation de la production. En septembre 1949, Georges Delamarre publia un article dans le Bulletin du CNOF ; il se présentait alors comme « rectifieur-outilleur ». Par ailleurs, il était membre de la Commission de la production industrielle ainsi que de la Commission supérieure des conventions collectives. Ces relations avec le patronat étaient toutefois très discutées. Le CIO lui proposa une aide substantielle pour réaliser l’unité, au moins tactique, des syndicats « libres » : FO, CFTC, autonomes, CNT et cadres de la FTICAM.

En avril 1952, il démissionna de son poste confédéral et prit la direction de la Fédération des Métaux lors de son IIIe congrès, suite au brusque décès de Léon Chevalme*. Il conserva cette fonction jusqu’en 1964, où pouvant partir à la retraite et malade, il demanda à être déchargé de ses responsabilités ; il fut alors remplacé par Antoine Laval*. Par ailleurs Georges Delamarre siégea à la commission exécutive confédérale de Force ouvrière de 1950 à 1963. En décembre 1957, il fut, au conseil national de la SFIO, l’un des signataires d’une motion pour l’interdiction de l’appartenance des membres de ce parti à la CGT.

Georges Delamarre fut également dès l’origine un partisan convaincu de l’Europe et joua un rôle important au sein du Comité européen du charbon, et de l’acier (CECA). Avec Krier, Stracter, Gailly, Simot et d’autres militants, il fut un des fondateurs de l’intersyndicale des mineurs et des métallurgistes de Luxembourg. Il fut également membre du comité consultatif de la CECA mais sa santé chancelante l’empêcha de participer à l’ensemble des travaux de cet organisme.

Marié à Beaumont-sur-Oise en février 1931 avec Marguerite Delepine, Georges Delamarre, qui avait pris sa retraite dans cette ville, fut fait en juillet 1985 officier de la Légion d’honneur et ce fut Gabriel Ventejol* qui lui remit la médaille. Passionné de pêche à la ligne et de camping en famille, doué d’un physique massif et un tempérament « plutôt rude », Georges Delamarre mourut le 15 novembre 1986.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article21924, notice DELAMARRE Georges, Désiré par Michel Dreyfus, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 17 juin 2012.

Par Michel Dreyfus

SOURCES : Force ouvrière hebdo, n° 1896, 26 novembre 1986. — Force ouvrière, n° spécial, 2368, 19 décembre 1997. — Christophe Massot, Le Bulletin du Comité national de l’organisation française (1946-1951), mémoire de maîtrise, Paris 1, 2002. — Gérard Adam, La CGT-FO, op. cit.

ICONOGRAPHIE : FO, n° spécial, op. cit. — Force ouvrière hebdo, n° 1896, 26 novembre 1986.

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