Par Michel Germain, Dominique Tantin, Jean-Marie Guillon
Né le 21 octobre 1925 à Saint-Germain en Laye (Seine-et-Oise, Yvelines), exécuté sommairement le 23 août 1944 à Toulon (Var) ; soldat du 1er Bataillon de choc de l’Armée B (qui deviendra la 1ère Armée française).
Jean-Louis Arnoult était le fils d’Auguste Arnoult, officier de l’armée française alors en poste à Alger, et de Irène Français, directrice d’école également à Alger où la famille était domiciliée. Le jeune Jean-Louis s’engagea en 1942, - il avait 17 ans - dans le 1er Bataillon de choc du commandant Gambiez. Le 1er Bataillon de choc était une unité d’élite, composée de volontaires, formée en Algérie en 1943 et entrainée aux missions spéciales. Cette unité avait participé à la libération de la Corse et de l’île d’Elbe lorsqu’elle fut adjointe à la 3e division d’infanterie algérienne pour participer à la campagne de Provence. Débarqué le 20 août 1944 dans le golfe de Saint-Tropez (Var), le 1er bataillon de choc, commandé par le capitaine Hériard-Dubreuil, fut aussitôt engagé dans la bataille de Toulon qui venait de commencer. S’infiltrant dans la nuit du 21 au 22 août par les collines du nord de la ville, il arriva au quartier des Routes et parvint le 22 jusqu’aux abords de l’arsenal tandis que le capitaine Lefort installait son PC place du Colonel-Bonnier, communément appelée place d’Espagne (quartier du Pont-du-Las). Les hommes du Choc menaient un combat de guérilla risqué et apportaient un appui précieux aux résistants des Forces françaises de l’Intérieur (FFI) qui avaient commencé le combat en ville. Certains tendaient à s’aventurer au-delà des consignes reçues. Les sections Fournier et Bonnard se trouvèrent en position très avancée face à la porte Castigneau et furent bloquées dans les maisons se trouvant à l’angle du boulevard Foch et de l’avenue du XVe Corps, à l’entrée du centre-ville. Elles y passèrent la nuit du 22 au 23. Au petit matin du 23, à 5 heures 45, une forte colonne allemande progressait en tirailleur de part et autre du boulevard Foch. Tandis que le section Fournier se refusait de tirer pour ne pas attirer l’attention, la section Bonnard qui se trouvait au n°1 de l’avenue du XVe Corps ouvrit le feu à 6 heures 10 et envoya des grenades. Après s’être repliés, les Allemands contre-attaquèrent à 6 heures 30 en utilisant deux canons de 20 Flak. La section, vite à court de munitions, encerclée, déposa les armes à 6 heures 45. Ses hommes furent alignés devant deux mitrailleuses et exécutés sommairement, ainsi qu’un civil, Jean Orcier (voir ce nom). Seul l’aspirant Bonnard, grièvement blessé, et l’un de ses chasseurs, lui aussi blessé, réchappèrent à la tuerie qui fit huit morts. Le chasseur Jean-Louis Arnoult était l’un d’eux.
Inhumé à La Roche-sur-Foron (Savoie) en février 1948, il repose dans le caveau de la famille « Français ». Ses obsèques furent suivies par le maréchal de Lattre de Tassigny et les généraux Gambiez et Devigny, ses compagnons d’armes, (voir la presse d’époque). Dans une délibération municipale en date du 27 juin 1949 « Monsieur le Maire expose au Conseil municipal que le Général de Lattre de Tassigny, venu spécialement à La Roche-sur-Foron pour assister aux obsèques et rendre hommage au jeune Arnoult, Mort pour la France aux combats de la Libération de Toulon, fut l’objet d’une réception amicale par la Municipalité », (archives municipales folio 118).
Reconnu « Mort pour la France », il a son nom gravé sur les plaques de bronze rouge du monument aux morts de La Roche-sur-Foron et le 16 mai 1992, le maire Jacques Lansard et le général Devigny inaugurèrent une rue dans la commune qui porte son nom (source Jean Broisin du Souvenir français).
À Toulon, une plaque commémorative rappelant le drame et portant les noms des soldats exécutés fut d’abord apposée au 53, avenue du XVe-Corps, au-dessus de la porte d’entrée de l’immeuble, puis transférée dans l’enceinte du monument aux morts du quartier, boulevard du XVe Corps. D’autres plaques commémoratives rappellent dans Toulon les noms de soldat du Bataillon de choc tombés ailleurs en ville lors de la bataille, celui du capitaine Lefort ou, place la Liberté ou au mont Faron, le rôle joué par cette unité dans la libération de la ville. Une avenue de Toulon, quartier du Pont-du-Las, porte le nom du 1er Bataillon-de-Choc par décision du conseil municipal du 18 décembre 1947.
Par Michel Germain, Dominique Tantin, Jean-Marie Guillon
SOURCES : Août 44. Premières victoires en Provence, Toulon, Conseil général et préfecture du Var, juillet 1994, p. 20. ⎯ Paul Gaujac, La bataille et la Libération de Toulon, 18 au 28 août 1944, Paris, Fayard, 1984, p. 223. ⎯ Michel Germain, Haute-Savoie Rebelle et martyre, Mémorial de la Seconde guerre mondiale en Haute-Savoie, La Fontaine de Siloé, 2009. — François de Linarès,Par les portes du Nord. La libération de Toulon et Marseille en 1944, Paris, NEL, 2005, p. 229-230. ⎯ site internet Mémoire des hommes SHD Caen AC 21 P 110889. — Service historique de la Défense, Caen, AC 21 P 9260 (à consulter).