DELARUE Paul, Alfred

Par Michèle Rault

Né le 20 avril 1889 à Saint-Didier (Nièvre), mort le 25 juillet 1956 à Autun (Saône-et-Loire) ; instituteur ; militant syndicaliste du SNI dans la Nièvre, responsable de l’UFOLEA ; conseiller municipal d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) de 1947 à 1953 ; dirigeant de la Société d’ethnographie française.

Fils de Marie Despois et de Vincent Delarue, un modeste paysan de tradition socialiste, qui complétait ses revenus en travaillant comme journalier à l’entretien du canal du Nivernais ou pour des propriétaires de vignes, Paul Delarue appartenait à une famille de quatre enfants dont trois devinrent instituteurs.

Il devint lui-même instituteur dans sa région natale, à Saint-Léger-des-Vignes. Il effectua son service militaire au 13e régiment d’infanterie à partir d’octobre 1910, dont il sortit lieutenant de réserve en mars 1912. Il se maria le 12 mai 1913 à Entrains-sur-Nohain (Nièvre) avec Léontine Salin, institutrice. Remobilisé en août 1914, il termina la guerre au grade de chef de bataillon. Blessé à trois reprises par éclats d’obus et balles, ce qui lui valut par la suite une pension à 20%, il s’illustra lors de la prise du Fort de Douaumont, en 1916, obtint trois citations à l’ordre de la division et du corps d’armée et la Légion d’honneur en novembre 1918.

Revenu à la vie civile en mai 1919, il enseigna à Montsauche (Nièvre) puis devint, entre 1919 et 1936, directeur d’école dans plusieurs villages du Morvan et à Vauzelles dans les faubourgs de Nevers. En 1919, élu au conseil départemental de l’Enseignement primaire, il se montra favorable à la transformation de l’Amicale des instituteurs en section syndicale. Devant l’opposition des responsables amicalistes, il fut un de ceux qui convoquèrent les collègues pour la création d’une section syndicale et en fut le secrétaire à l’organisation aux côtés d’Edme Boidot. Le syndicat fut dissous en 1920 pour éviter la révocation de ses membres. Lors de sa reconstitution en 1923, comme section du Syndicat national des institutrices et instituteurs, il en fut un des dirigeants aux cotés de Boidot, et en resta un des principaux animateurs. Après la réunification syndicale de 1935, il devint trésorier adjoint de la Bourse du Travail de Nevers.

Membre du Parti socialiste SFIO et militant d’associations laïques, il fonda en 1931 avec Edme Boidot la section nivernaise de la Fédération des œuvres laïques (FOL) et en fut le premier secrétaire de 1932 à 1936.

Paul Delarue occupait ses loisirs à l’étude de la flore nivernaise et, en 1933, commença à s’intéresser au folklore. Il travailla les manuscrits du folkloriste nivernais Achille Millien tout en menant des enquêtes orales auprès des habitants de la région. En 1936, séparé de sa femme dont il avait eu quatre enfants, il vint vivre à Paris avec sa compagne Marie Gaudichet, institutrice à Vauzelles puis directrice d’école à Aulnay-sous-Bois, dont il eut un fils en 1937. À Paris, il se rapprochait de ses amis folkloristes et de la Bibliothèque nationale où se trouvaient les sources de son travail. Il se consacra alors à l’étude du conte populaire dont il devint le spécialiste reconnu en France et à l’étranger. Il enseignait à Paris, rue des Pyrénées puis rue Cujas.
Mobilisé comme commandant de réserve en septembre 1939, Paul Delarue, fut fait prisonnier le 18 mai 1940 au Cateau-Cambresis, interné à l’Oflag Xb et rapatrié le 12 août 1941. À son retour, il fut nommé directeur d’école à Ivry dans le quartier d’Ivry-Port. Il exerça jusqu’à sa retraite en 1946 puis vint habiter dans le quartier du Petit-Ivry.

Militant de la Ligue de l’Enseignement dans le cadre de l’Union française des œuvres laïques d’éducation artistique, il s’était rapproché à la Libération, du Parti communiste français sans en être membre. Il fut élu conseiller municipal d’Ivry le 19 octobre 1947 sur la liste communiste conduite par Georges Marrane.

Paul Delarue dirigeait la commission folklore de la Ligue de l’Enseignement (1946-1953), fut vice-président de la Société d’ethnographie française et membre du Comité directeur de la Fédération folklorique d’Ile-de-France. Il poursuivait des études sur le folklore nivernais et évoquait ses souvenirs dans le bulletin syndical de la Nièvre de mars 1947. Il participa à de nombreux congrès à l’étranger et notamment à Namur (1953) où il présenta un plan international de coordination des recherches sur le conte populaire. Auteur de nombreux articles, coordonnateur des éditions Erasme, son œuvre majeure Le conte populaire français ne fut publiée qu’après sa mort.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article21947, notice DELARUE Paul, Alfred par Michèle Rault, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 3 mars 2019.

Par Michèle Rault

ŒUVRE : Première étude sur la flore nivernaise, Nevers, Mémoires de la Société Académique du Nivernais, Nevers, 1930, 16 p. — Seconde étude sur la flore nivernaise, Nevers, Mémoires de la Société Académique du Nivernais, Nevers, 1932, 22 p. — En collaboration avec MILLIEN (Achille), Recueil de chants populaires du Nivernais, Nevers, publié par la section nivernaise de la ligue de l’Enseignement, 8 fascicules, 1934-1947 (republié sous le même titre par la FOL, Nevers, 1985, 8 fascicules. — Le Folklore appliqué à l’éducation, un plan de travail, Ligue française de l’enseignement, Confédération générale des œuvres laïques, 1939, 12 p. — L’amour des trois oranges et autres contes folkloriques des provinces de France. Illustrations de V. P. Szekely, Éditions Hier et Aujourd’hui, 1947, 222 p. — Catalogue raisonné du conte populaire français, Maisonneuve et Larose, 1951. — En collaboration avec MILLIEN (Achille), Contes du Nivernais et du Morvan, Paris, Éditions Érasme, 1953. — Incarnat blanc et or et autres contes méditerranéens, Éditions Les Quatre Jeudis, 1955, 161 p. — The Borzoi book of french folk tales, New York, Alfred A. Knopf, 1956. — Le conte populaire français, Paris, Maisonneuve et Larose, 5 tomes, 1976-1985, (394 p., 507 p., 312 p). — Le Conte populaire français catalogue raisonné des versions de France et des pays de langue française d’outre-mer : Canada, Louisiane, îlots français des États-Unis, Antilles françaises, Haïti, Ile Maurice, La Réunion... [Note liminaire de Georges-Henri Rivière.], Éditions Érasme, 395 p. — en collaboration avec Marie-Louise Teneze, Le conte populaire français, CTHS, 2000, 229 p. — en collaboration avec Marie-Louise Teneze, Le conte populaire français : Catalogue raisonné du conte populaire français et des pays de langue française d’outre-mer, Paris, Maisonneuve et Larose, 1957, nombreuses rééditions augmentées jusqu’en 1976. — en collaboration avec Marie-Louise Teneze, Contes de France, Paris, Hatier, 1980, 205 p.

SOURCES : Arch. Dép. Val-de-Marne, 1 Mi 2426. — Arch. Dép. Nièvre, état civil, registre matricule. — Arch. Com. d’Ivry-sur-Seine. — Arch. de la section départementale du SNI de la Nièvre. — Bulletin folklorique d’Ile-de-France, juillet-septembre 1956. — La Pensée, n° 72, mars-avril 1957. — L’Ecole libératrice. — Roques (Evelyne),Paul Delarue, instituteur, folkloriste et militant laïque, Presses universitaires européennes, 2011. — Jean-Paul Martin, La ligue de l’enseignement : une histoire politique (1866-2016), PUR, 2016. — Renseignements fournis par ses fils, Georges Delarue (2002) et Fernand Delarue (2007). —Notice DBMOF, par Jacques Girault et Éliane Laurent. — Notes d’Alain Dalançon

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