TURPAULT Alexandre, Marie

Par Jean-Joseph Chevalier

Né le 16 mars 1819 à Cerizay (Deux-Sèvres), mort le 12 février 1899 à Cholet (Maine-et-Loire) ; négociant, manufacturier ; républicain.

Alexandre Turpault figurait avec son associé Charles Libaud sur la liste des dix « citoyens » que Grégoire Bordillon, commissaire du gouvernement républicain dans le département de Maine-et-Loire, avait adjoints au conseil municipal de Cholet par un arrêté du 13 avril 1848. Élu puis réélu par les assemblées électorales de juillet 1848 et août 1852, il refusa formellement le « serment politique que le président de la république exige » et ne siégea pas. Plusieurs rapports de police, au-delà de leur contradiction dans la perception du personnage, pointent son engagement républicain. Un rapport rédigé en 1858 est sans équivoque sur son activisme : « Turpault Alexandre, négociant à Cholet, associé de Libault, 39 ans, fortuné, domicilié à Cholet, rue du Coin. Opinions exaltées, systématiquement hostile au gouvernement ; a refusé de prêter le serment comme conseiller municipal ; a de l’intelligence ; se sert du nommé Ancelin [Pierre Ancelin] et de ses employés pour exercer de l’influence sur les ouvriers ; a des relations suivies avec le nommé Pilhs [Victor Pilhes], ancien représentant du peuple, et Fruchard [Pierre Fruchard], médecin, ancien interné, à Châtillon [auj. Mauléon, Deux-Sèvres] ». Un autre rapport du sous-préfet, daté d’août 1861, le décrit sous un jour moins engagé : « [...] riche, bien posé, mais d’un caractère très excentrique. Il a été considéré très à tort comme républicain dangereux. Il vit très retiré, n’a aucune influence sur la classe ouvrière et ne se mêlerait à aucun mouvement ». L’évolution démocratique tardive puis la chute du Second Empire le ramenèrent au devant de la scène. Conseiller municipal à nouveau en août 1870, il ne fit cependant pas partie des élus issus des élections d’avril et mai 1871. Élu en décembre 1874 sur une liste républicaine, il démissionna aussitôt. Les élections de 1878 qui virent la victoire des républicains conduits par l’avocat Victor Marie-Baudry le portèrent durablement au conseil municipal au sein duquel il exerça la fonction de 1er adjoint de 1878 à 1892. Membre de la Chambre syndicale des fabricants de Cholet fondée en 1882, il en était l’un des rares éléments laïcs et républicains. Ses engagements politiques conjugués à la part qu’il prit, comme industriel, à l’Exposition universelle de 1889, lui valurent d’être décoré, cette même année, de la Légion d’Honneur. Turpault, pas plus que Libaud et Nogarède eux aussi étroitement surveillés par le pouvoir bonapartiste, ne peuvent être considérés à ce seul titre comme relevant du mouvement ouvrier. Du moins s’en approchèrent-ils dans le contexte répressif qui précéda et suivit pendant une dizaine d’années le coup d’État du 2 décembre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article219501, notice TURPAULT Alexandre, Marie par Jean-Joseph Chevalier, version mise en ligne le 17 octobre 2019, dernière modification le 28 septembre 2022.

Par Jean-Joseph Chevalier

SOURCES : Arch. Dép. Maine-et-Loire, 21 M 200 bis, 21 M 203, 22 M 59 d’après F. Simon, La Marianne, société secrète au pays d’Anjou, Angers, 1939. — Archives Mun. Cholet, 1 K 130.

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