BAIWIR Marcel, Laurent. [Belgique]

Par Jules Pirlot

Liège (pr. et arr. Liège), 4 octobre 1917 − Liège, 18 juillet 2007. Ouvrier métallurgiste, militant communiste, militant syndical, résistant durant la Seconde Guerre mondiale.

Marcel Baiwir est le fils de Julien Baiwir, ardoisier-zingueur, et de Marguerite Butinel, matelassière. Cette fille d’un anarchiste français réfugié en Belgique adhère au Parti communiste de Belgique (PCB) en 1926. Suivant son exemple, son fils, Marcel, devient membre de la Jeunesse communiste (JC) en 1934 et milite dans un comité de lutte contre le chômage. Admis au PCB en 1935, il continue son activité dans la JC puis la JGSU (Jeune garde socialiste unifiée), organisation née de la fusion entre les JGS et la JC. À la fin août 1936, il part pour l’Espagne rejoindre le Bataillon André Marty de la XIIe Brigade internationale, et participe à des combats. À l’initiative de son parti, il est ramené en Belgique, avec les jeunes en âge de service militaire qui sont dans l’illégalité car ils se sont engagés dans un conflit armé à l’étranger.

Lors de la mobilisation de 1939, Marcel Baiwir n’est pas appelé sous les drapeaux car il est considéré comme soutien de veuve. Arrêté en mai 1940 avec de nombreux militants communistes, il est libéré à l’approche des armées allemandes et se réfugie dans une semi-clandestinité poursuivant ses activités politiques. En juin 1941, prévenu par René Beelen, il échappe à l’arrestation massive des communistes dont la liste avait été fournie aux Allemands par les autorités belges. Après la Libération, le bourgmestre de Liège, Joseph Bologne, et le procureur général à la Cour d’appel, Lambert Destexhe, seront poursuivis pour ce fait, mais échapperont à une condamnation. Contraint à une clandestinité totale, Marcel Baiwir est affecté à des missions à Bruxelles (aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale) et dans diverses régions de Wallonie. Il participe, avec ce qui reste de la JGSU après le retrait des socialistes, à la tentative de créer un Rassemblement national de la jeunesse, dans le cadre du Front de l’indépendance (FI). Il rejoint aussi les Partisans armés. En juin 1943, Baiwir est arrêté dans son logement clandestin, avec son épouse et son jeune fils qui sont rapidement relâchés. Les Allemands mettent un certain temps à l’identifier, sans connaître son rôle dans la Résistance. Il est alors déporté à Vught (pr. Brabant septentrional, Pays-Bas), au camp de concentration de Sachsenhausen (commune d’Oranienbourg, land de Brandebourgn Allemagne) puis à celui de Mauthausen (commune de Mauthausen-Gusen, Haute Autriche), d’où il est libéré en 1945.

Le PCB engage alors Marcel Baiwir comme permanent politique et lui confie la présidence de la section liégeoise et la propagande de sa fédération. Son esprit frondeur et indiscipliné lui vaut des sanctions. Il part travailler comme charpentier dans le bâtiment, puis après la grève de 1950, à Ougrée-Marihaye, entreprise sidérurgique du bassin de Seraing (pr. et arr. Liège). Soutenu par des syndicalistes communistes déjà en place, Marcel Baiwir devient délégué. Il frise l’exclusion pour avoir outrepassé les mots d’ordre syndicaux pendant le mouvement contre l’allongement du service militaire à 24 mois, en pleine guerre froide, et pour avoir couvert le débrayage spontané de son secteur en décembre 1960, court-circuitant ainsi le plan d’action de la Fédération liégeoise des métallurgistes, conçu par André Renard. Cela ne l’empêche pas de gravir les échelons et de terminer sa carrière comme président de la délégation syndicale de la FGTB (Fédération générale du travail de Belgique) de Cockerill qui a absorbé Ougrée-Marihaye. Il est prépensionné en 1978 après avoir mené la lutte pour la réduction du temps de travail et la défense de l’outil sidérurgique menacé par les restructurations.

La stricte séparation des mandats syndicaux et des mandats politiques respectée par les métallurgistes liégeois interdit à Marcel Baiwir de se présenter aux élections, mais ne l’empêche pas de jouer un rôle à l’intérieur du PCB. Élu au Comité central lors du congrès de 1954 qui renverse la direction qui l’a éconduit, membre du Comité puis du Secrétariat de la fédération liégeoise, il inspire de nombreux tracts et articles dans l’Acier, Seraing la rouge, et Liberté. Il est membre des Amitiés belgo-soviétiques, de l’Union belge pour la défense de la paix, de l’Amicale des combattants de l’Espagne républicaine, de l’Union des prisonniers politiques et du Front de l’indépendance. Au cours des années 1990, Marcel Baiwir s’éloigne des activités du PCB. Hostile à l’expérience avortée des Gauches-Unies en 1994, qui veut rassembler les communistes, les trotskistes, les écologistes de gauche et les déçus du Parti socialiste (PS), il se rapproche du Parti du travail de Belgique (PTB) et figure sur ses listes électorales. Il publie ses souvenirs en 2005. A sa mort en juillet 2007, la Fédération liégeoise des métallurgistes FGTB, le PCB et le PTB lui rendent hommage.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article219539, notice BAIWIR Marcel, Laurent. [Belgique] par Jules Pirlot, version mise en ligne le 15 octobre 2019, dernière modification le 18 janvier 2024.

Par Jules Pirlot

ŒUVRE : Contribution à l’histoire sociale wallonne. Un militant témoigne, Liège, FAR, 2005.

SOURCES : CArCoB, dossier CCP 0206 ; notes de l’interview par Jules Pirlot en 1984 − BAIWIR M., Contribution à l’histoire sociale wallonne. Un militant témoigne, Liège, FAR, 2005 − PIRLOT J., « Baiwir Marcel », dans Dictionnaire biographique des militants du mouvement ouvrier en Belgique, Bruxelles, AVO, p. 57 − DOHET J., « Hommage à Marcel Baiwir (1917-2007) », dans Blog de Julien Dohet − PIRLOT J., « Baiwir Marcel (1919-2007). Une tranche de vie dans l’histoire de la Fédération liégeoise du parti communiste », dans Site du CArCoB.

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