HEINRICH Charles, Henri

Par Michel Thébault

Né le 1 mai 1920 à Roppenheim (Bas-Rhin), exécuté sommairement le 20 juillet 1944 au Pont de Murat, commune de Saint-Dizier-Leyrenne (Creuse) ; militaire, élève garde ; résistant AS de la Creuse.

Charles Heinrich était le fils de Charles Heinrich, ouvrier au chemin de fer, né à Oberhoffen, de religion protestante, et de Caroline Hahn née à Roppenheim. Célibataire, il résidait en 1939 à Roppenheim. Engagé dans la Garde de l’armée d’armistice, il fut affecté au 2e escadron à pied du 5e régiment à Bellac (Haute-Vienne) puis détaché fin 1943 à l’encadrement de l’École de la Garde de Guéret. Le 7 juin 1944 les maquisards de l’AS et des FTPF attaquèrent la ville de Guéret : les élèves de l’École de la Garde ainsi que la plupart de leurs cadres se rallièrent à la Résistance, sous l’autorité de l’AS et participèrent aux combats pour libérer la ville. L’escadron de la garde 2/5 du capitaine Termet, qui alors avait pour mission d’assurer le maintien de l’ordre dans le canton de Bourganeuf, se rapprocha de Guéret le lendemain afin d’appuyer militairement la Résistance lors de la prévisible contre-attaque allemande qui se produisit le 8 juin et fut repoussée. Le 9 juin, la ville retomba à nouveau aux mains de l’armée allemande et les résistants dont les militaires de l’École de la Garde passèrent alors au maquis dans les collines et forêts de la Creuse.
Au début de juillet 1944, l’escadron 2/5 était cantonné clandestinement dans plusieurs hameaux à une quinzaine de kilomètres au nord de Bourganeuf. A partir du 15 juillet 1944, les troupes allemandes de la brigade Jesser ratissèrent méthodiquement le secteur afin de localiser et détruire les poches de résistance : de sanglants combats opposèrent l’armée allemande aux éléments de l’escadron 2/5, notamment les 17 juillet 1944 à Boissieux et 19 à Villatte où furent faits prisonniers plusieurs gardes. Le 20 juillet les gardes Heinrich et Hilairet, en mission de ravitaillement pour leur groupe auprès des hameaux voisins, tombèrent près de Cluptat sur une patrouille allemande et furent capturés après avoir tenté de s’enfuir et de combattre. Emmenés dans une ferme proche, ils y furent interrogés. Un vif débat opposa alors deux officiers allemands quant au sort des prisonniers. Un des officiers, partisan du respect des lois de la guerre envers des combattants ennemis capturés en uniforme, obtînt alors qu’ils ne soient pas exécutés sur le champ mais conduits en captivité. Les deux prisonniers furent alors transférés au « Pont de Murat », où ils retrouvèrent le lieutenant-colonel Marty et six autres gardes de l’école de Guéret, capturés la veille. Le soir vers 20h30, des témoins civils virent les Allemands emmener six gardes en uniforme dans les bois puis entendirent des détonations au loin.
Le 4 août, la fosse collective fut enfin découverte après de longues recherches consécutives au départ des Allemands de la région le 30 juillet. Les corps, en état de décomposition avancée, furent identifiés avec difficulté ; tous avaient été exécutés de trois balles dans la tête et enterrés à la hâte. Les gardes Heinrich et Hilairet purent être reconnus grâce à leurs papiers militaires retrouvés dans leur portefeuille. Ils furent par la suite enterrés après des obsèques solennelles à Bourganeuf.

Charles Heinrich obtint la mention mort pour la France et son nom figure sur les monuments aux morts de Roppenheim et de Bellac (orthographié Hennerich). Il figure également sur le mémorial de la résistance creusoise à Guéret et sur la stèle commémorative dressée sur les lieux de l’exécution au Pont de Murat (orthographié Heinrick).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article219587, notice HEINRICH Charles, Henri par Michel Thébault, version mise en ligne le 17 octobre 2019, dernière modification le 12 mars 2020.

Par Michel Thébault

SOURCES : SHD Caen AVCC Cote AC 21 P 48928 (à consulter) — Site internet de l’École de la Garde — Mémoire des Hommes — Mémorial genweb — État civil, mairie de Roppenheim.

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