BURGUY Maurice, Émile

Par Daniel Grason

Né le 13 mai 1903 à Paris (XVIIIe arr.), mort le 6 février 1945 à Gusen (Autriche) ; tourneur sur métaux ; militant communiste ; déporté politique.

Fils de Jules Paul et d’Émilie née Gatier, Maurice Burgy épousa le 9 janvier 1932 Eugénie, Alphonsine Fontaine en mairie de Gennevilliers (Seine, Hauts-de-Seine). Le couple habita 17 rue Dussau à Asnières (Seine, Hauts-de-Seine), puis 10 avenue Bernard Palissy à Saint-Cloud (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine). De la classe 1923, il fit son service militaire au 91e Régiment d’infanterie comme soldat. En 1936, il travaillait aux usines Renault à Boulogne-Billancourt (Seine, Hauts-de-Seine), il adhéra au Parti communiste, participa à la grève du 30 novembre 1938, le mouvement fut un échec, il fut licencié.
Mobilisé, il a été affecté spécial à la Société industrielle pour l’aéronautique (CIPA) 14 rue Basly à Asnières (Seine, Hauts-de-Seine). Lors de l’exode, il quitta son domicile avec femme et enfants, ils revinrent le 26 juin 1940. Il s’inscrivit au chômage. Début février 1941, il exerça son métier de tourneur chez J. Lorin constructeur d’appareils de radiographie 23 rue Jean-Daudin à Paris (XVe arr.).
Selon ses déclarations ultérieures devant Lucien Bizoire, commissaire de Puteaux, il aurait été abordé par un homme à l’arrêt d’autobus n° 2 au pont de Saint-Cloud. La conversation porta sur le ravitaillement notamment en œufs. Après plusieurs rencontres dans les mêmes conditions, l’homme, un militant communiste lui proposa de distribuer « des papiers » pour protester contre les difficultés du ravitaillement en Seine-et-Oise, et ce à la veille du 1er mai.
Le rendez-vous eut lieu le 30 avril 1942 à 22 heures sur le quai Carnot à Saint-Cloud, face à la rue du Val-d’Or. À l’heure dite les deux hommes se rencontrèrent, Maurice Burguy réceptionna un paquet, il vérifia le contenu, il s’agissait bien de tracts pour le 1er mai. Ils se séparèrent. Burguy fit le tour des usines Bloch, puis par les rues avoisinantes il emprunta l’avenue de Longchamp à Saint-Cloud en direction de la gare des Coteaux.
Il se rendit aux abords des usines Blériot, devenue le 16 novembre 1936 la Société nationale de constructions aéronautiques du sud-ouest (SNCASO), quai Galliéni à Suresnes. Un autre militant chargé probablement de guetter l’arrivée inopinée de gardiens de l’usine ou de policiers devait être là, l’était-il ?
Maurice Burguy distribua des exemplaires de l’Humanité qui portait en titre « En avant pour un Premier Mai de combat ! Français debout et à l’action pour libérer la Patrie et chasser l’envahisseur, pour écraser à tout jamais le fascisme hitlérien oppresseur et barbare, pillard et affameur HORS DE FRANCE LES OCCUPANTS ! », de La Vie ouvrière : « 1er MAI Journée de lutte pour la défaite du fascisme, pour la liberté, pour le pain FAITES GREVE, MANIFESTEZ DANS LA RUE ! ». Deux soldats allemands affectés au service de surveillance des usines Blériot l’interpellèrent. Le commissaire de Puteaux fut prévenu.
Emmené au commissariat de Puteaux, il a été interrogé par le commissaire Bizoire, celui-ci lui demanda le signalement de Léon, Maurice Burguy répondit : « 1,70 m environ, 30 ans, plutôt brun, visage rasé. Il porte généralement un complet veston à rayures grises. » Il ajouta « Je crois qu’il porte un béret basque. C’est tout ce que je puis vous dire. »
Le paquet saisi contenait quatorze numéros de La Vie Ouvrière numéro spécial du 1er mai 1942, et trente-neuf exemplaires du numéro spécial du 1er mai 1942 de l’Humanité. Lors de la perquisition de son domicile, les policiers saisissaient des numéros de Regards, et un exemplaire de l’Humanité du 16 mai 1939. « Que répondez-vous ? » lui lança le commissaire. Maurice Burguy rétorqua que les publications avaient été achetées avant la guerre dans des librairies. Il affirma que sa femme ignorait qu’il militait.
La Feldgendarmerie de Neuilly-sur-Seine informé de l’arrestation de Burguy, ordonna qu’il devait être poursuivit, et un compte-rendu fournit aux Autorités allemandes.
Incarcéré à la prison de la Santé le 3 mars 1945, Maurice Burguy a été condamné le 22 juin 1942 à deux ans de prison et à 1200 francs d’amende par le tribunal de la Section spéciale pour « détention et distribution de tracts communistes émis à l’occasion du 1er mai 1942. » Le 27 juin 1942 il a été transféré à la prison de Fresnes, puis à la centrale de Poissy le 6 juillet 1942. Le 16 septembre 1943 Maurice Burguy a été envoyé à la prison de Blois dans le Loir-et-Cher. Le 18 février, il partit pour Compiègne.
Le 22 mars 1944 il était dans un convoi de 1218 hommes à destination de Mauthausen en Autriche, deux déportés s’évadèrent lors du transport. Maurice Burguy fut affecté au kommando de travail de Gusen le 25 mars. À cette date certains détenus travaillaient au creusement de tunnel pour abriter des usines. Dans des usines souterraines la plupart travaillèrent pour les firmes Steyr, Daimler, Puch et Messerschmitt à la fabrication des pièces de fusils et des moteurs d’avions.
Maurice Burguy matricule 59660 y mourut le 6 février 1945 à l’âge de quarante-deux ans. Plus de la moitié des déportés de ce convoi moururent d’épuisement ou sous les coups des kapos. La date de sa mort a été portée sur son acte de naissance.
Le nom de Maurice Burguy a été gravé sur le monument aux morts de Saint-Cloud et sur la plaque commémorative de la mairie.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article219663, notice BURGUY Maurice, Émile par Daniel Grason, version mise en ligne le 20 octobre 2019, dernière modification le 20 octobre 2019.

Par Daniel Grason

SOURCES : AN Z/4/55 dossier n° 380 (transmis par Gérard Larue). – Arch. PPo. BA 2056. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – Fondation pour la Mémoire de la Déportation, base des Hauts-de-Seine. –Bureau Résistance (pas de dossier). – Site internet GenWeb.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable