BURLOT Jean, Jules, Adolphe

Par Frédéric Stévenot

Né le 6 mars 1925 à Marle (Aisne), mort le octobre 1982 à Hirson (Aisne) ; résistant OCM ; déporté.

Fils de René Burlot, Jean Burlot avait une sœur, Madeleine (décédée à Hirson le 8 juillet 2019, à l’âge de 89 ans). Il se maria après guerre, et eut quatre enfants.

Entré dans la Résistance, il fut l’une des dix-neuf personnes arrêtées à Hirson dans la nuit du 4 au 5 juin 1944. Le groupe était composé de :

  1. Bellanger ;
  2. Jean Burlot ;
  3. René Burlot ;
  4. Alexandre Carlier ;
  5. Jean Clouet ;
  6. Charles Clément père ;
  7. Charles Clément fils ;
  8. Georges Cobast ;
  9. André Colpin ;
  10. André Foulon ;
  11. Maurice Gaillard ;
  12. Gérard Harboux ;
  13. Maurice Haussy ;
  14. Jean Mercier ;
  15. Paul Millot ;
  16. Esther Poteau ;
  17. Henri Poulat
  18. Pascal Troude ;
  19. Paul Verdelet.

Emprisonnés à la Feldgendarmerie, rue de Guise, ils furent transférés à la prison de Saint-Quentin le 5 juin, puis au camp de Royalieu (Oise) le 15 juillet.

René Burlot (matr. 40047) et son fils Jean (matr. 40050) furent du convoi (liste I.250) qui emmena 1 651 hommes vers le camp de Neuengamme, le 28 juillet 1944. Le trajet fut stoppé à de nombreuses reprises suite aux bombardements et aux tentatives d’évasion. Quatre détenus sont fusillés à Soissons et Reims pour ce motif.
La majorité des déportés fut arrêtée quatre mois avant le départ pour les camps. Les motifs d’arrestation étaient variés : cinquante-deux personnes furent arrêtées pour sabotage dans le Finistère, quatre-vingt dans le Jura en représailles, trente-neuf otages le furent en raison de leur statut social ou professionnel. C’est le cas de onze personnalités de la ville de Reims : le maire, les adjoints, le procureur de la République ou encore le président du tribunal de commerce. Le convoi transporta également de nombreux résistants appartenant à des réseaux ou des mouvements divers.
Les otages furent envoyés à Therensienstadt avec les déportés arrivés le 18 juillet 1944. Les autres détenus furent transférés vers d’autres Kommandos de travail. Quatre cent cinquante partirent à Watenstedt, quatre cent à Osterort, cent dix à Bremen-Farge et cent vingt à Kaltenkirchen. Beaucoup de ces déportés moururent pendant l’évacuation de la structure de Neuengamme et même après la libération des camps. Soixante prisonniers furent ainsi tués dans la baie de Lübeck par les Alliés qui les avaient pris pour des Allemands.
Quelques personnalités frirent partie du convoi : Maurice Guillaudot, chef de l’armée secrète dans le Morbihan, Gustave Bariot, membre du service BCRA de la France Libre, et Jean Gosset, chef par intérim des réseaux Buckmaster.

René Burlot fut affecté au kommando de Bremen-Osterort (qui porte également les noms de Riespott et d’Hornisse), et fit ainsi partie des 900 détenus qui travaillèrent à la réalisation d’un bunker pour les sous-marins de la base. Il semble qu’il ait aussi été du kommando de Schutzenhof, dans lequel près de 600 déportés travaillèrent pour les chantiers navals de la ville depuis septembre 1944, comme celui de Brême-Blumenthal. Les sources du fonds pour la mémoire de la déportation indique que Jean Burlot y fut placé en premier lieu, avant de rejoindre Osterort ; il aurait ensuite été déplacé vers Dachau, alors que son père l’était vers Ravensbrück, vers la fin de la guerre. Un point aussi éloigné de la mer du Nord semble cependant peu probable.
En effet, le 3 mai 1945, René et Jean Burlot furent parmi les survivants de la tragédie de la baie de Lübeck-Neustadt. La RAF avait bombardé des bâtiments, provoquant le naufrage du Cap Arcona, du Thielbek et du Deutschland, ce qui fit 7 000 à 8 000 morts.

Comme son père, Jean Burlot rentra de déportation très affaibli. Son état physique continua à se dégrader, et finit sa vie le dos courbé.

Comme son père, Jean Burlot s’impliqua dans les groupements de déportés et résistants. Il fut élu président de l’Association des Déportés, Internés et Familles de l’Aisne à la mort de son père, en 1968. Il assura la reprise des établissements Burlot-Jorand, qu’il transférera de la rue Émile-Zola à l’avenue Joffre.

Son père lui avait remis les insignes de chevalier de la Légion d’honneur.

Le 14 juillet 2007, la municipalité d’Hirson honora leur mémoire commune en attribuant leur nom à une place de la ville. L’inauguration se fit en présence de Madeleine Burlot.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article219698, notice BURLOT Jean, Jules, Adolphe par Frédéric Stévenot, version mise en ligne le 21 octobre 2019, dernière modification le 19 février 2020.

Par Frédéric Stévenot

Remise de la Légion d'honneur par René Burlot
Remise de la Légion d’honneur par René Burlot

SOURCES. Dossiers adm. résistants, GR 16 P 98029. — Sites Internet : Fonds pour la mémoire de la déportation ; Mémorial de Compiègne ; blog de J.-J. Thomas (1 et 2). — N’oublions jamais, bull. de l’Amicale de Neuengamme, n° 244, oct. 2019, p. 8.

ICONOGRAPHIE. Blog J.-J. Thomas

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