DELAVOIS Alphonse

Par Claude Pennetier

Né le 4 novembre 1898 à Saint-Nazaire-sur-Charente (Charente-Inférieure, Charente-Maritime), mort le 11 novembre 1963 à Paris (XXe arr.) ; ouvrier tourneur sur métaux ; maire provisoire de Bagnolet à la Libération ; maire adjoint communiste de Bagnolet (Seine, Seine-Saint-Denis).

Fils d’un marin (inscrit maritime et pêcheur au Port-des-Barques) et d’une marchande de coquillages et de poissons sur les marchés, Alphonse Delavois fréquenta l’école primaire de Rochefort jusqu’à treize ans puis suivit deux ans de cours pour adultes. Sa connaissance de l’Ile d’Oléron influenca plus tard le choix de la colonie de vacances de Bagnolet.

Il fut apprenti ajusteur à l’Arsenal de Rochefort de 1912 à 1916 puis vint à Billancourt (Seine). Mobilisé dans l’infanterie de campagne, soldat de 2e classe, il fut réformé pour blessure de guerre et pensionné à 20 %. Il vient alors travailler à Paris. Il était lecteur de La Vague.

Marié en août 1921 à Paris XXe arr. avec une décolleteuse, militant actif de l’ARAC, secrétaire de la section de Bagnolet, et de la Fédération unitaire des Métaux, Delavois adhéra au Parti communiste en 1927. Candidat sans succès aux élections municipales partielles de mars 1927 (comme sympathisant), il entra au conseil à celles de juillet 1928 (24e sur 27) et siégea comme troisième adjoint jusqu’en décembre 1928. Réélu à cette dernière date, Delavois devint premier adjoint et fut permanent. Il conserva ses fonctions après les élections de mai 1929 (25e sur 27) et mai 1935 (27e sur 27), jusqu’à la suspension de la municipalité en 1939. Il dirigeait la rédaction du Bulletin municipal ainsi que quatre Comités de défense municipale.

Il était, à la fin des années 1920, un des animateurs du rayon communiste de Bagnolet. La police l’interpella le 21 avril 1929 lors d’un bal de la 20e section du SRI et, le 24 mars 1929, avec les cent vingt-neuf délégués de la conférence communiste de la Région parisienne réunie salle Reflut à Clichy - voir Maurice Ancelle*. Il fut témoin lors de l’affaire Clément (voir Charles Clément*) accusé d’avoir tué un policier à la sortie de cette conférence. Il fut encore arrêté lors de la manifestation du 1er août 1930.

Il avait suivi en « élève libre » les cours d’une école centrale où il « acquit le besoin de lire et de s’éququer [il] constitua un petite bibiothèque marxiste ». Un rapport interne conservé dans les archives du Komintern et écrit au début des années 1930 le situe parmi les deux militants de valeur à Bagnolet avec Paul Coudert*. « Ouvrier intelligent et travailleur », il était cependant accusé de manquer de modestie, de faire preuve de suffisance et de « bongarçonnisme ».

La commission des cadres française le jugeait, en 1934, « dévoué [et faisant un bon travail » et le classait « A » (militant qui peut être promu), tout en notant qu’il citait Marthe Potosniak* parmi les garants de son autobiographie, sans rien dire du « groupe » qu’elle avait constitué.

Il fut secrétaire de la cellule 217 puis du sous-rayon et membre du comité régional Paris-Est en 1933. Delavois était membre du comité de section communiste de Bagnolet en 1938 - voir Charles Coutereau*. Il participait au comité d’entente socialiste-communiste et au comité d’aide à l’Espagne républicaine.

Alphonse Delavois avait suivi les cours de l’école par correspondance du Parti communiste en 1933-1934 ; son questionnaire d’inscription précisait qu’il avait « très peu lu jusqu’à ces derniers temps » de littérature communiste.

Il fut mobilisé le 10 septembre 1939 et démobilisé le 25 juillet 1940. Le conseil de préfecture de la Seine le déchut de son mandat municipal le 15 février 1940. Considéré comme un des organisateurs de la propagande communiste clandestine à Bagnolet, Delavois fut arrêté le 20 janvier 1941, emprisonné à Clairvaux (Aube), Châteaubriant (Loire-Inférieure) puis Voves (Eure-et-Loir) d’où il s’évada en octobre 1943. Il rejoignit la Résistance en Normandie et revint dans la région parisienne pour participer, comme commandant FTP, à l’organisation de l’insurrection de Paris d’août 1944. En l’absence de l’ancien maire Paul Coudert*, le Comité local de Libération de Bagnolet le porta à sa présidence et lui confia la direction de la délégation municipale provisoire le 18 juillet 1944. Le responsable communiste local était alors Pierre Vassevière*. Dès le retour de Paul Coudert en septembre 1944, Delavois redevint premier adjoint. Les électeurs de Bagnolet lui confirmèrent leur confiance en avril 1945. Lorsque Paul Coudert abandonna la première magistrature municipale, en mars 1959, Alphonse Delavois resta premier adjoint au côté de Jacqueline Chonavel*.

Il se remaria à Bagnolet le 19 août 1954. Il mourut dans le XXe arr. en 1963.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article21976, notice DELAVOIS Alphonse par Claude Pennetier, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 29 avril 2017.

Par Claude Pennetier

SOURCES : RGASPI, Moscou, 517 1 1668 rapport sur la situation du conseil municipal de Bagnolet ; 495 270 4964, dossier personnel, autobiographie du 22 avril 1933. — Arch. Nat. F7/13119, 24 mars 1929 et 21 avril 1929. — Arch. PPo. 101. — Arch. Dép. Seine, DM3 et Versement 10451/76/1 ; 10441/64/2 n° 65. — Arch. André Marty, P VI. — Renseignements recueillis par Monsieur Marcel Picard. — Yasmine Siblot, La formation politique de militants ouvriers, Cahiers du Centre fédéral de la FEN, 1998, p. 251 (son nom est déformé en Devallois Alphonse). — Notes de Jean Maitron. — La municipalité de Bagnolet vous soumet son bilan, 1928-1958, 1959, brochure. — Bulletin municipal, avril 1959. — États civils de Saint-Nazaire-sur-Charente et de Paris (XXe arr.).

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