DELBART Roger, Jean

Par Madeleine Singer

Né le 5 novembre 1923 à Honnechy (Nord), mort le 5 novembre 2001 à Loos (Nord) ; instituteur, puis principal de CES ; membre du comité national du Syndicat général de l’éducation nationale (SGEN) de 1955 à 1970.

Roger Delbart était le fils unique de Jean-Baptiste Delbart, contremaître textile, qui avait épousé Rose Taine, ourdisseuse. Son père était socialiste, sa mère catholique pratiquante. Roger Delbart fit ses études à l’EPS de Landrecies où il obtint en 1940 le brevet élémentaire. Reçu en même temps à l’École normale de Douai, il fut affecté au lycée Faidherbe de Lille où il passa en 1943 le baccalauréat de mathématiques. Après une année de préparation à l’ENS de Saint-Cloud, il fit son service militaire, puis exerça à partir de février 1946 dans une école de garçons à Lille. Nommé en septembre suivant au cours complémentaire mixte de Comines (Nord), il fut en 1954 pérennisé professeur de CEG et devint dix ans plus tard directeur de l’établissement. Le corps des PEGC ayant été créé en 1969, c’est en cette qualité que Roger Delbart fut cette année-là nommé sous-directeur du CES, rue Schumann à Loos. En 1971, il ouvrit à Loos le CES Descartes où il fut sous-directeur, faisant fonction de principal. Il en devint le principal en 1973 et y prit sa retraite en 1980. Il s’était marié en 1947 avec Marie-Madeleine Etienne, monitrice d’enseignement ménager. Ils eurent cinq enfants : deux filles, l’une institutrice, l’autre professeur à la faculté de pharmacie ; trois fils, l’un professeur d’enseignement technique, un autre employé, un troisième inspecteur des impôts.
Pendant ses études au lycée Faidherbe, Roger Delbart avait formé un groupe de jécistes et fait partie des Éclaireurs de France. Ensuite il fréquenta les Equipes enseignantes, au sein de la Paroisse universitaire. Après la Libération, il fut lecteur de L’Aube, de Temps présent, de Témoignage chrétien. Lors des sessions que le Père Leurent organisa pour les "talas" à Notre-Dame de Hautmont à partir de 1947, Roger Delbart avait fait la connaissance de Charles Wiart* et de Jean Duquenne, père de Guy Duquenne*. Il devint leur ami et, suivant leur exemple, adhéra très vite au SGEN où il milita avec eux.
Comme l’indiquent les comptes rendus de réunions conservés dans nos archives, Roger Delbart fut à partir d’octobre 1953 membre du bureau académique où il représentait les professeurs de cours complémentaire. Il siégea également à partir de 1953 au bureau départemental Premier degré où il joua un rôle actif, prenant en charge les questions pédagogiques sur lesquelles il faisait des exposés lors des congrès de la section : stage des élèves-inspecteurs, projet de création des Écoles normales à Lille en 1954, tronc commun, place des cours complémentaires dans le projet de réforme de l’enseignement, etc. Aussi fit-il partie de la commission pédagogique académique dès sa création en 1956 car celle-ci devait selon les directives nationales rassembler des adhérents des divers degrés afin d’éviter la cristallisation d’un point de vue catégoriel. Marie-Reine Novaro, agrégée de mathématiques, secrétaire de la commission, et Roger Delbart confrontaient donc leurs points de vue sur l’enseignement des sciences dans le tronc commun, la qualification des maîtres de Sixième et de Cinquième, etc. Ils partagèrent certains exposés pédagogiques au cours de réunions générales qui, dans les congrès académiques, rassemblaient le Premier degré et le Second degré ; ce fut le cas notamment quand il fallut étudier en novembre 1955 le projet de réforme de l’enseignement présenté par le ministre Berthoin : celui-ci prévoyait après les cinq années d’enseignement élémentaire, un « enseignement moyen, d’essais en vue de l’orientation » d’une durée de deux ans ; au terme de celui-ci, les élèves seraient affectés soit à l’enseignement long, soit dans des cours dits « supérieurs », soit enfin dans des cours « terminaux » s’ils n’étaient pas aptes aux deux types d’enseignement précédents.
Dès qu’en 1955 le comité national comprit un représentant de chaque académie, Roger Delbart fut pour Lille le suppléant de Charles Wiart et le remplaça comme titulaire en 1962. Assistant à chaque congrès national, il se souvient d’avoir en avril 1955 participé à la commission pédagogique : celle-ci élabora un projet de tronc commun d’orientation d’une durée de deux ans, dans lequel les langues vivantes et le latin - bancs d’essai ouverts à tous les élèves - devaient être enseignés par des professeurs certifiés et agrégés, les autres disciplines pouvant l’être par des professeurs qualifiés par leurs diplômes ou leur expérience. Dans les congrès suivants comme au cours des comités nationaux, Roger Delbart intervint fréquemment sur la pédagogie : il évoquait l’organisation des classes dans le tronc commun adopté au congrès de 1956, l’implantation des Sixièmes et des Cinquièmes, l’option classique dans les cours complémentaires, etc.
Mais au cours des congrès, il se préoccupait également des problèmes généraux ou corporatifs. Il se félicitait du succès dans son département de la grève du 23 mars 1955 contre le projet de loi Saint-Cyr qui prévoyait de subventionner l’enseignement agricole privé, il s’élevait contre l’introduction de points relatifs aux activités péri ou postscolaires dans le barème de promotion ou de mutation des instituteurs, demandait une action énergique en faveur de l’octroi de bourses aux enfants d’enseignants, lesquels sont pénalisés par un barème qui bénéficie aux "fraudeurs du fisc", il demandait le respect des situations acquises pour les professeurs de cours complémentaires. Il protestait contre la suppression en 1955 de la session nationale de formation des militants. Aussi participa-t-il activement aux sessions régionales que le bureau académique organisa à Calais à partir de juillet 1956 ; il y évoqua cette année-là "la politique scolaire du SGEN" et reprit ce thème l’année suivante en y ajoutant un exposé sur la réforme de l’enseignement. On le retrouva à Calais en 1962, présentant aux jeunes instituteurs les problèmes pratiques qui concernent les mutations, les promotions.
Quand la section des CEG se sépara en 1966 du Premier degré, Roger Delbart siégea désormais au comité national parmi les représentants de sa catégorie et fut en 1968 élu l’un des six membres du bureau CEG. Le corps des PEGC ayant été créé en 1969, il y eut l’année suivante des élections pour les Commissions administratives paritaires académiques de ce corps. Roger Delbart fut tête de liste dans l’académie de Lille, mais ne put renouveler sa candidature lors des élections suivantes, vu ses fonctions de chef d’établissement. Pour la même raison, trop absorbé par sa tâche professionnelle, il quitta le comité national en 1970. Mais la section dans laquelle il avait été un pionnier progressa ensuite : elle eut un élu en 1994 et ne le perdit en 1997 qu’à cause d’un déficit de 17 voix dû à la scission du SNI en deux syndicats, le SE (syndicat des enseignants) et le SNUIPP (syndicat national unitaire des instituteurs, professeurs d’école et professeurs de collège). Roger Delbart demeura un adhérent fidèle du SGEN, appartenant encore en 1998 à la section des retraités du syndicat. Il avait en outre assumé pendant dix ans la charge d’administrateur dans le conseil d’administration de la Caisse primaire de sécurité sociale de Lille car il fut à partir de 1957 élu et réélu sur la liste CFTC-CFDT.
Il eut ensuite d’autres activités car il avait ouvert en 1971 le CES Descartes dans un nouveau quartier, surtout composé d’HLM, où les gens s’ignoraient et avaient des problèmes de ressources. Le maire de Loos lui demanda donc de créer un Centre social où ceux-ci pussent se rencontrer. Ce fut le Centre des Oliveaux dont Roger Delbart fut de 1973 à 1994 le président-fondateur. De plus, ayant adhéré au Parti socialiste (PS) en 1970, il fut élu l’année suivante au conseil municipal de Loos sur la liste du PS. Adjoint au maire de Loos de 1971 à 1995, il fut chargé des Finances et président d’une commission de relogement pour des endettés. Il s’intéressa également au comité de jumelage Loos-Geseke (RFA) dont il fut en 1977 co-président avec le maire de Loos. Il était commandeur des Palmes académiques.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article21982, notice DELBART Roger, Jean par Madeleine Singer, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 26 février 2009.

Par Madeleine Singer

SOURCES : M. Singer, Le SGEN 1937-1970, thèse, Lille III, 1984, 3 vol. (Arch. dép. Nord, J1471) ; Histoire du SGEN, Presses universitaires de Lille, 1987. — École et Éducation (mai-juin 1955). — Syndicalisme universitaire (1955-1970). — Bulletin SGEN pour l’académie de Lille (1947-1970). — Programmes des sessions SGEN de Calais (1956-1962). — Action syndicale 59-62, 12 janvier 1994, 12 février 1997. — Lettres de R. Delbart à M. Singer, 26 juin 1995, 8 décembre 1997 (Arch. privées).

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