Par Dominique Tantin
Né le 15 décembre 1907 à Balti [Bel’tsy en russe, orthographié aussi Beltzi] (Bessarabie, alors province de l’Empire russe, puis Roumanie, auj. Moldavie), exécuté sommairement le 26 août 1944 à Pierrefitte-sur-Seine (Seine, Seine-Saint-Denis) ; commerçant fourreur ; militant communiste ; résistant FTP-MOI.
Moïse (dit Mounia) Maurice Brover-Rabinovici était le fils cadet de Eliezer et de son épouse Gutl, une famille de propriétaires terriens d’origine juive installée à Balti. Il émigra en France en 1927, suivi par son frère ainé, Zounia, en 1930. Il obtint sa naturalisation et effectua son service militaire.
Le 27 novembre 1937, à Paris, Maurice Brover-Rabinovici épousa Anna Braunstein, dite Mounia, née en 1912 à Kichinev (Bessarabie), fille de pharmacien, venue faire ses études en France. Le couple était domicilié 130 rue du Faubourg-Saint-Denis
Maurice Brover-Rabinovici avait abandonné ses études de droit pour travailler comme ouvrier fourreur chez Kohn Frères. Il devint rapidement sous-directeur, puis s’installa à son compte et réussit en affaires. Il s’acheta une traction Citroën et le couple passait des vacances à Saint-Aubin-sur-Mer et à l’Alpe-d’Huez
Mobilisé en 1939-1940, Maurice Brover-Rabinovici revint ensuite à Paris. Absents de leur domicile le 16 juillet 1942, Maurice Brover-Rabinovici et son épouse échappèrent à la rafle du Vel’ d’Hiv’. Ils s’installèrent clandestinement chez des amis à Vanves.
Militant communiste, résistant au sein de la FTP-MOI où les Juifs étaient nombreux, notamment des Bessarabiens à l’instar de Boris Holban, dit Olivier, qui avait résidé dans sa ville natale (Holban avait donné des cours de maths à sa petite sœur Mira), il fut affecté au service de renseignements comme adjoint de Christina Boïco (née Bianca Marcusohn). Il effectuait de fréquents déplacements à Lyon, peut-être pour en ramener des armes. Il travailla avec le groupe Manouchian, mais échappa au coup de filet en 1943.
Bianca étant partie s’occuper des FTP-MOI dans le Nord de la France, Maurice prit le commandement des groupes du secteur Nord de la région parisienne, avec sous ses ordres beaucoup de prisonniers russes évadés. Il avait avec lui Georges Gruman, né comme lui à Balti.
Le 20 août 1944, en début d’après-midi, il fut convoqué comme tous les responsables de la région parisienne dans un appartement sur le quai des Grands-Augustins à Paris juste en face de la police judiciaire. Il fallait désormais concentrer les forces vers la capitale en pleine insurrection. Le surlendemain, Maurice et Gruman réquisitionnèrent deux vélos et se dirigèrent vers la banlieue Nord.
Sans nouvelles depuis plusieurs jours, son frère partit à sa recherche. À la mairie de Pierrefitte, on lui remit le portefeuille de Maurice avec la photo de sa femme à l’intérieur. Maurice Brover-Rabinovici avait été tué la nuit du 26 ou du 27 août 1944. A la sortie de Pierrefitte-sur Seine vers Sarcelles, lui et Gruman furent arrêtés par une patrouille de gendarmes allemands qui les fouillèrent et découvrirent leurs brassards FFI. Ils furent exécutés sur place. Le maire de Pierrefitte les fit enterrer. Alors que le décès de Gruman est situé officiellement sur le territoire de la commune de Pierrefitte, celui de Brover-Rabinovici est localisé à Sarcelles sur Mémoire des Hommes, ce qui semble erroné (sous réserve de la consultation des actes de décès).
Maurice Brover-Rabinovici obtint la mention Mort pour la France et fut homologué FFI. Son corps fut transféré dans le carré des résistants au cimetière d’Ivry-sur-Seine. Son nom est inscrit au cimetière de Bagneux sur la stèle commémorative de l’association française des Bessarabiens.
En août 1944, son épouse était enceinte et le 8 mai 1945 elle donna naissance à un garçon prénommé Maurice. Elle ne s’est pas remariée et elle est décédée vers 1998.
Mounia Broyer-Rabinovici apparaît dans le roman partiellement biographique que Didier Daeninckx a consacré à Missak Manouchian, où il indique que le premier a été tué en allant vers Creil avec Georges Gruman.
Par Dominique Tantin
SOURCES : En souvenir de Maurice, né Moïse, de Bessarabie. Anna Brover-Rabinovici, Judith PERRIGNON, 11 août 1999, Libération en ligne. — David Diamant, Combattants, héros et martyrs de la Résistance, Paris, Éd. Renouveau, 1984, p. 219. Didier Daeninckx, Missak, Perrin, 2009. — MémorialGenWeb. — Mémoire des Hommes. — Mémorial de la Shoah. — Yad Vashem. — Archives à consulter : SHD-AVCC Caen, AC 21 P 34686 et SHD Vincennes, GR 16 P 93349. — Notes Frédéric Stévenot.