DELBÈS Euphrasie, Bertranne, Marie-Jeanne née LE BRETON [Pseudonyme : Gusse]

Par Daniel Grason,

Née le 19 février 1900 à Melgven arrondissement de Quimper (Finistère), morte le 1er mars 1945 à Ravensbrück (Allemagne) ; cuisinière ; résistante agent de liaison.

Euphrasie Delbès
Euphrasie Delbès

Fille de Jean-Marie, vingt-sept ans, maçon et de Marie-Jeanne Françoise née Ollivier, vingt-sept ans, ménagère, Euphrasie Le Breton à l’issue de sa scolarité obtint le CEP. Elle épousa le 17 mai 1924 Laurent Yvon Baptiste Mayet en mairie du XVe arrondissement de Paris.
Elle vécue avec Camille Delbès, militant communiste, élu conseiller municipal communiste d’Issy-les-Moulineaux en 1935. Euphrasie Delbes adhéra au Parti communiste en 1936, milita à la cellule de La Ferme. Elle travailla comme cuisinière au 38 bis rue Denfert-Rochereau à Paris (XIVe arr.).
Euphrasie Le Breton épousa Camille Paul Delbes, à Compiègne le 24 juin 1942 dans des circonstances particulièrement dramatiques. Camille Delbes, interné politique depuis le 26 octobre 1940 à Aincourt (Seine-et-Oise, Val-d’Oise), fut douze jours plus tard dans le convoi du 6 juillet 1942 qui partit pour Auschwitz (Pologne). Il y mourut le 31 août 1942.
À la fin du mois de novembre 1943, Euphrasie Delbès rejoignit les FTP, devint agent de liaison. Elle était rétribuée 2500 francs par mois, vivait sous son nom dans une chambre d’hôtel au 109 avenue de Verdun à Issy-les-Moulineaux (Seine, Hauts-de-Seine).
Robert Vignes alias Vergnes interpellé avait un rendez-vous rue Auger à Paris XXe arrondissement. Quand Euphrasie Delbes s’y présenta cinq inspecteurs de la BS2 surveillaient les lieux. Interpellée, emmenée dans les locaux des Brigades spéciales elle a été fouillée par une femme policière. Elle portait sur elle deux carnets avec des notes manuscrites, une lettre adressée à madame Victor Leclerc, deux cartes de pommes de terre portant le cachet de la mairie de Montreuil-sous-Bois (Seine, Seine-Saint-Denis), une carte d’alimentation, une carte de textile, une carte de tabac au nom de Marcel Mayet, et une clef. Les policiers perquisitionnèrent sa chambre d’hôtel, rien n’a été saisi.
Euphrasie Delbes était inconnue des services policiers et de la justice. Interrogée dans les locaux des Brigades spéciales, elle refusa d’indiquer où elle était hébergée. Elle déclara qu’elle avait eu contact avec « Roux » qui était mort, elle ignorait sa fonction au sein des FTP. Elle affirma ignorer également la fonction de « Mariel », « j’avais seulement pour mission d’assurer les liaisons entre « Mariel » et le Responsable technique, dont je ne connais pas le nom. »
Un des inspecteurs lui rétorqua : « Vous ne dites pas la vérité, le surnom de ce responsable « Chevrier » est noté sur un de vos carnets. Veuillez-vous expliquer ? » La réponse d’Euphrasie Delbès fut concise « Je n’ai rien à dire. »
Utilisant des aveux réels ou supposés de résistants obtenus sous la contrainte, l’inspecteur voulait obtenir les noms d’autres résistants. La manière forte a été employée, Euphrasie Delbès a été battue à sept ou huit reprises. Les policiers lui présentèrent les deux carnets qui avaient été saisis sur elle, sur l’un figurait un rendez-vous qu’elle avait le lendemain au square de la Trinité dans le IXe arrondissement.
Un policier lui présenta la clef saisie, elle refusa de donner l’adresse du logement. Quant à madame Leclerc, il s’agissait d’une voisine qui recevait les lettres de son mari et qui lui remettait.
Après son interrogatoire dans les locaux des Brigades spéciales Euphrasie a été emprisonnée le 8 avril 1945 à la prison de la Santé, et peut-être à Fresnes. Le 15 août 1944 Jeanne Delbès étaient dans le convoi de 543 femmes qui partit le en soirée de Pantin (Seine, Seine-Saint-Denis) à destination de Ravensbrück (Allemagne). Les détenues arrivèrent le 21 août, elle fit partie du kommando de femmes qui travailla dans une usine de munitions et d’explosifs à Torgau. En janvier 1945, elles furent évacuées au kommando de travail de Königsberg, les détenues travaillaient dans une usine d’armement. Euphrasie Delbès matricule 57752 y mourut le 1er mars 1945.
En mai 1945, madame Coste l’hôtelière du 109 avenue de Verdun où habita Euphrasie Delbes déclara devant la commission d’épuration de la police qu’elle ignorait si elle avait subi des mauvais traitements lors de son passage à la Préfecture de police.
Mère d’une fille née en 1927 et d’un garçon Marcel né en 1924, Euphrasie Delbès a été reconnue « Morte pour la France » en 1988.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article21984, notice DELBÈS Euphrasie, Bertranne, Marie-Jeanne née LE BRETON [Pseudonyme : Gusse] par Daniel Grason,, version mise en ligne le 8 mai 2018, dernière modification le 21 juillet 2022.

Par Daniel Grason,

Euphrasie Delbès
Euphrasie Delbès

SOURCES : Arch. PPo. GB 131, PCF carton 16 rapport hebdomadaire des Renseignements généraux du 11 avril 1941, 77 W 3111-291698, KB 102, 83 et 101. – Arch. Dép. Seine, Versement 10451/76/1. – JO 1988 p03200-03202. – Bureau Résistance (pas de dossier). – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – FMD base du département des Hauts-de-Seine. – État civil d’Aubin. – Notes de Jean-Pierre Besse.

PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 182

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