GUÉGNOT Étienne

Par Gilles Pichavant

Né vers 1872, mort le 6 octobre 1924 ; ouvrier verrier ; syndicaliste CGT ; anarchiste.

Ouvrier verrier à Saint-léger-des-vignes, Étienne Guégnot dût en partir à la suite de l’échec de la grève générale des verriers de 1891. Il travailla ensuite à la verrerie Sainte-Clothilde de Carmaux, d’où il dût partir après la longue grève de 1895. Il fit partie de la liste des ouvriers que le patron Resseguier refusait d’une manière absolue à reprendre. Il partit pour Albi où fut l’un des fondateurs de la verrerie ouvrière.

A Albi, Étienne Guégnot, militant de la fraction anarchiste et promoteur de la "Verrerie aux verriers" (Coopérative), contre "La Verrie ouvrière" (Société anonyme dont les actionnaires étaient des syndicat et des coopératives), il fut sur le chantier de la V.O. un opposant au conseil d’administration et à la direction locale composée des principaux militants du syndicat, qu’il ne se priva pas de critiquer. Après l’inauguration de l’usine, le 25 octobre 1896, il fut mis à pied huit jours pour avoir demandé des comptes sur la gestion de l’usine au comité d’action de Paris, dont le secrétaire était Pelloutier. Les passions s’avivèrent et, les 13 et 14 décembre 1896, le conseil d’administration le renvoya avec trois autres ouvriers, Léon Valette*, Jacques Guéritat* et Victor Sirven*. Les congédiés se défendirent, et furent défendus par la presse anarchiste et Fernand Pélloutier. Le 18 octobre 1898, Guégnot publia une brochure, écrite avec Guéritat, intitulée « La vérité sur la verrerie ouvrière ».

Étienne Guégnot quitta Albi sous l’aiguillon de la misère pour aller travailler à Bordeaux où il prit une part active aux différents mouvements revendicatifs. Conquis par son exemple militant et son désintéressement, les verriers de Bordeaux firent d’Étienne Guégnot, en 1909, le premier d’entr’eux. En 1909 il était secrétaire du syndicat des verriers (verre noir) de Bordeaux et secrétaire de la section fédérale des verriers du Sud-Est, et La Voix des verriers se fit l’écho d’un grave différent entre Étienne Guégnot et le syndicat d’Albi, memebre de la même section fédérale, dans plusieurs numéros de l’année 1910.

En 1919, Étienne Guégnot fut membre du Comité national de la fédération nationale des travailleurs du verre. Il fut délégué au Congrès de 1919, tenu du 3 au 6 septembre 1919 à la Grange-aux-Belles. Lors de la 3e journée il se prononça avec Charles Tantot, Frédéric Gandiol, Goujet*, et Laurent Bernard *, contre la suppression des sections régionales fédérales, option que le congrès abandonna.

Militant du Sud-Ouest dans la section fédérale du Verre blanc, il représenta son syndicat aux Comité nationaux de la fédération nationale des travailleurs du verre, tenus les 3 et 4 novembre 1919, 5 et 6 mars 1920. Dans La Voix des verriers de février 1920, dans un article titré « L’entente pour la coopération », et sous-titré « Pour constituer un capital », il développa un plaidoyer en faveur de la constitution d’un capital visant à créer des entreprises nouvelles « sous notre contrôle, dirigées par nos techniciens ».

Lors du Comité national de la fédération, tenu du 21 février, 1er et 2 mars à Paris, à propos de l’ordre du jour voté à la précédente réunion du Comité confédéral national relatif à l’exclusion des syndicats se prononçant pour l’adhésion à l’internationale de Moscou, Étienne Guégnot déclara qu’il était pour la liberté d’expression individuelle, tout en étant pour le syndicat corporatif, et pour la défense du métier. Il déclara qu’il était élève de Pélloutier, et syndiqué depuis 30 ans. « Au syndicat nous avons des adhérents professant toutes les opinions ; beaucoup d’entr’eux n’ont pas nos idées politiques, mais ils sont tout de même de très bon syndiqués. Individuellement tout le monde est libre d’adhérer à Moscou ou à Rome. Je considère que cette question n’a rien à faire ici ». Cette manière de voir fut appuyée par Mollard*, Bastide*, Chicoix*, et Schneider*. Ils votèrent cependant l’ordre du jour de soutien à la Confédération proposé par Delzant, c’est à dire d’exclusion des syndicats qui donneraient leur adhésion à l’internationale syndicale, section de l’internationale communiste. Les 26 et 27 août 1921, Guégnot participa au comité national, et vota pour un ordre du jour qui confirmait cette orientation.

Étienne Guégnot resta donc à la vieille fédération dont il continua à être membre du Comité national, les secrétaires fédéraux étant Charles Delzant et Louis Monnier. En 1923, il fut délégué au congrès de Paris de la Fédération confédérée du verre, tenu au 211 rue Lafayette du 5 au 8 avril, et fut membre de la commission des mandats. Il fut aussi membre d’une commission de 4 membres, instituée au cours du congrès, pour rédiger un ordre du jour de soutien au syndicat confédéré de la verrerie ouvrière d’Albi, en conflit avec la direction et le conseil d’administration. L’affaire polluait en effet l’ambiance du congrès. L’objet du conflit était la décision par le conseil d’administration de créer d’une caisse de retraites financée sur les bénéfices de la Verrerie ouvrière. Le syndicat unitaire soutenait cette orientation, bien que le conseil d’administration soit présidé par un confédéré, et qu’il bénéficiait du soutien de la CGT. Le syndicat confédéré et le syndicat autonome combattait ce choix, réclamant la répartition de ces sommes entre les salariés, comme le stipulait le règlement de l’usine. Le syndicat confédéré se plaignait du manque de soutien dont il aurait dû bénéficier de la fédération et de la confédération, le congrès lui apporta un soutien unanime. Cependant, loin d’apaiser les esprits, cette orientation envenima un peu plus la situation sur le terrain, qui fut marquée par une occupation de l’usine, l’incendie d’un bâtiment, et d’une série de péripéties politico-judiciaires qui envenima les deux années suivantes.

Après le vote de cet ’"ordre du jour", Guégnot présenta au congrès une résolution de la section fédérale sud-ouest, tendant à la convocation des syndicats de deux fédérations (confédérée et unitaire) à un congrès extraordinaire, pour réaliser l’unité dans la corporation. En développant cette proposition, il indiqua que, en cas de refus, soucieux de réaliser l’unité, les syndicats de la section fédérale sud-ouest, se retireraient des CGT existantes pour former une fédération neutre. Les délégués d’Albi et de Carmaux se désolidarisant de cet ordre du jour, elle ne fut plus soutenue que par les deux syndicats de Bordeaux, celui du Verre Blanc et celui du Verre noir. Un autre ordre du jour, invitant tous les syndicats, quelles que soient leurs tendances, à rejoindre la fédération confédérée et la CGT fut présenté par Charles Tantot, le délégué d’Albi. Celui de Bordeaux obtint 2 voix, celui d’Albi, 29 voix. Étienne Guégnot fut élu ou réélu membre de la Commission exécutive fédérale, et la fédération "neutre" ne vit pas le jour.

Étienne Guégnot mourut un an plus tard, le 6 octobre 1924, vraisemblablement à Bordeaux. Il avait 52 ans.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article219855, notice GUÉGNOT Étienne par Gilles Pichavant, version mise en ligne le 28 octobre 2019, dernière modification le 28 octobre 2019.

Par Gilles Pichavant

La vérité sur la verrerie ouvrière ; Sa Création ; Ses Résultats, d’Étienne Guégnot et Jacques Guéritat, Imp. de La Voix Des Travailleurs, In-12 Broché, 1897.

SOURCES ! La Voix des Verriers, 15 mars 1910, mai, septembre novembre 1919, mars 1920, mars, septembre 1921, mars 1922, 1er mai 1923, 1er novembre 1924 (nécrologie) (BNF). — Bulletin d’Études jaurésiennes, N°83, octobre-décembre 1981. — L’Express du Midi, 28 décembre 1896. — La France, 17 mars 1897Journal des débats politiques et littéraires, 16 novembre 1897 (Numéro 318). — Le Mouvement social, bulletin de la Société pour le développement de l’initiative privée et la vulgarisation de la science sociale, 1897. —Le Salut Public 14 octobre 1897

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