SAMSON Hippolyte, Marie

Par Daniel Grason

Né le 27 mai 1907 à Colpo arrondissement de Vannes (Morbihan), mort après 1970 ; ajusteur ; militant communiste ; déporté à Mauthausen (Autriche).

Né de père inconnu et de Jeanne Samson, Hippolyte Samson était de la classe 1927, bureau de recrutement de Fontainebleau en Seine-et-Marne, il a été réformé. Il épousa le 12 avril 1930 Yvonne Marcelle Hugue en mairie de Montereau (Seine-et-Marne), le couple vivait 5 rue Mirabeau à Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne). Il travaillait depuis le3 février 1937 à l’entreprise Le Matériel Téléphonique (LMT) à Boulogne (Seine, Hauts-de-Seine).
En 1940 avec une dizaine de salariés de l’entreprise du LMT il adhéra à la CGT maintenue. Il fut reçu avec d’autres membres de l’organisation par Duvernet, secrétaire de l’Union locale de Boulogne, il fut nommé secrétaire-adjoint du syndicat. Les syndiqués ne suivirent pas la politique collaborationniste du syndicat.
Il était délégué suppléant de la CGT maintenue, une « façade » qui lui permettait de diffuser des tracts du Parti communiste clandestin. Hermann Schwartz lui remettait des tracts qu’il donnait à Voltaire Gossart. Il déposait quelques exemplaires de Le Métallo, La Vie ouvrière, et « le Comité du LMT », dans les toilettes des ateliers.
Le syndicat étant reconnu par la direction, il rencontrait d’autres délégués ouvriers Vandamme, Germain et Delion une fois par mois pour élaborer le cahier des revendications. Hippolyte Samson s’interrogeait sur cette façon d’agir, il interrogea Schwartz. Celui-ci lui répondit que « tout en suivant les directions syndicales actuelles, il y avait lieu d’orienter le mouvement de telle sorte que l’action de 1936 soit poursuivie dans l’ombre. »
Interpellé le 1er juillet 1940, interrogé dans les locaux du commissariat de Boulogne, il fit part de ce qu’il avait cru comprendre « en fait, l’action syndicale devait être menée de pair avec l’action de 1936 et que la première devait permettre de cacher la deuxième qui ne pouvait s’exercer qu’autant qu’elle demeurait clandestine. »
Les policiers se rendirent à son domicile d’Ivry-sur-Seine, la boutique de son épouse blanchisseuse a été perquisitionné ainsi que la cuisine et le chambre situées au premier étage. Rien n’a été saisi. Dans son vestiaire à l’usine les policiers saisissaient deux tracts, sur l’un était reproduit le portrait de Benoit Frachon.
Il comparut devant la Section spéciale de la Cour d’appel de Paris le 3 septembre 1941 et fut condamné à quatre ans d’emprisonnement, et cent francs d’amende pour « diffusion de tracts communistes ». Il a été emprisonné à la Santé puis à Fresnes.
Le 16 avril 1943, il était dans le convoi de 994 hommes qui partit de Compiègne à destination de Mauthausen en Autriche. Matricule 27006, il a été libéré le 5 mai 1945. Hippolyte Samson était terriblement marqué par les conditions de sa déportation.
Le Commissaire divisionnaire de Boulogne Saint-Royre comparut du 29 octobre au 31 octobre 1945 devant la Cour de justice de la Seine en compagnie de l’Inspecteur principal adjoint Rouchy son homme de confiance. Il était reproché notamment à Saint-Royre « De s’être montré brutal au cours des interrogatoires, d’avoir toléré les sévices et les privations de nourriture. Enfin d’avoir encouragé la répression en distribuant de nombreuses gratifications au personnel des brigades spéciales d’intervention. »
Les principaux griefs de Saint-Royre s’adressèrent aux communistes. Il s’exclama « C’est une vengeance communiste, parce que j’ai été commissaire à Boulogne et que je suis entré plusieurs fois en contact avec les grévistes. Ils m’en veulent. » Il fut l’un commissaire les plus acharnés dans la répression anticommuniste. Jean-Marc Berlière écrivit : « Saint-Royre a oublié que lutter contre les communistes revenait, à partir de l’été 1941, à servir l’ennemi : un comble pour un ancien combattant au patriotisme ombrageux. » il fut « condamné à vingt ans de travaux forcés, à l’indignité nationale, à la radiation de la Légion d’honneur. »
Divorcé depuis le 1er mars 1946, Hippolyte Samson habita dès le 13 novembre 1950 au 27 rue des Trois-Bornes à Paris (XIe arr.). Pensionné à 100%. Il a été en traitement au sanatorium Georges Clemenceau à Champcueil (Seine-et-Oise, Essonne). Il a été homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF), et Déporté interné résistant (DIR).
Il vécut au 210 boulevard de la République à Saint-Cloud dans les Hauts-de-Seine, fut assesseur communiste lors du référendum du 27 avril 1969 sur la réforme du Sénat et la régionalisation. Désavoué par 52,41% des électeurs le président Charles de Gaulle démissionna.
Lors du troisième congrès départemental de l’association des Déportés et Internés Résistants et Patriotes qui se tint à la mairie de Saint-Cloud les 18 et 19 avril 1970, il a été élu au secrétariat départemental, la secrétaire générale étant Rose Guérin. Hippolyte Samson fut sur la liste communiste conduite par Anicet Le Pors lors des élections municipales de 1971.
La date de sa mort ne figure pas sur son acte de naissance.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article220042, notice SAMSON Hippolyte, Marie par Daniel Grason, version mise en ligne le 2 novembre 2019, dernière modification le 4 novembre 2019.

Par Daniel Grason

SOURCES : AN Z/4/2. – Arch. PPo. CB 83.24 (main-courante du commissariat de Boulogne), BA 1849, BA 2057, GA S18, KB 95. – Bureau Résistance GR 16 P 533 768.– Les policiers français sous l’occupation, Jean-Marc Berlière avec Laurent Chabrun, Éd. Perrin, 2001, pp. 212-215, 263. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – État civil AD numérisé du Morbihan acte n° 18 vue n° 103.

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