BLANCHET-NICOUD Dominique

Par Jean Chabal

Né le 23 janvier 1932 au Grand-Bornand (Haute-Savoie), mort le 17 avril 2010 à Aubenas (Ardèche) ; prêtre-ouvrier ; cuisinier ; syndicaliste CFDT de Haute-Savoie.

Dominique Blanchet naquit au Grand-Bornand en Haute-Savoie, cinquième d’une fratrie de trois garçons et trois filles, fils de Lazare et de Alice Blanchet-Nicoud, boulangers au fond de la vallée, au hameau du Bouchet.
A l’âge de quatre ans, il fut atteint d’une coxalgie et en sortit handicapé, avec une jambe raide et raccourcie. Les progrès de la médecine lui permettront, bien plus tard de bénéficier d’une prothèse et d’apprécier une plus grande mobilité, lui permettant entre-autres, d’accompagner ses copains excursionnistes, ce qu’il enviait depuis sa jeunesse.
Dominique Blanchet, débuta sa scolarité à l’école du lieudit « aux Poches » hameau du Grand-Bornand. A l’âge de douze ans, il fut admis au collège Saint-Joseph de Thônes. Puis, ce fut le Grand Séminaire. Subjugué par les diverses actions de solidarité et d’accueil d’un oncle dominicain en faveur de nombreux migrants, pour assumer son sacerdoce, Dominique Blanchet décida de choisir la Mission de France.
Après deux ans de grand séminaire à Annecy, Dominique Blanchet entra donc à la Mission de France en 1954 à l’ouverture du séminaire à Pontigny (Yonne). Il fit plusieurs stages : pendant un an à Villeréal (Tarn-et-Garonne), où il travailla comme aide-maçon, puis, l’été 1957, à Grenoble (Isère). Il fut ordonné prêtre à l’âge de vingt-six ans le 22 mars 1958 à Pontigny. Il rejoignit et resta de 1958 à 1961, la paroisse de Saint-Louis située dans les quartiers Nord de Marseille peuplés par les immigrations ouvrières successives : Italiens, Espagnols, Grecs, Arméniens, Africains puis Maghrébins. Pour être en conformité avec les préceptes de la Mission de France, il lui fallut donc vivre et travailler avec des personnes qui ne n’étaient jamais venus à l’Église. Il choisit d’être cuisinier.

De 1961 à 1975, Dominique Blanchet rejoignit l’équipe hôtelière qui résidait, rue Saint-Germain à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), il travailla dans quelques d’entreprises de restauration, notamment dans une, qui, cuisinait des repas de luxe pour l’aviation commerciale, acquérant au fil des ans un sens du goût et des arômes.

Dominique Blanchet connu la situation des saisonniers, faisant les saisons de 1961 à 1971 en hiver à Megève (Haute-Savoie) et à Courchevel (Savoie), et, en été sur la côte du Sud Est, Dans ce domaine, notamment au Club-Med, il mena une intense campagne de syndicalisation et négocia de nombreux accords, et conventions collectives dont bénéficièrent les travailleurs saisonniers venus d’outre frontières, ignorant totalement leurs droits et exploités au maximum.

Parmi ses collègues de travail, certains étaient adhérents à la CGT ; il a maintes fois eu l’occasion de lire leurs publications, mais il n’y retrouva pas exactement ce qu’il recherchait. En juillet 1968, il adhéra à la CFDT, dont les divers écrits et slogans parus lors des événements de Mai, se rapprochaient mieux de ses aspirations en ce qui concerne la société de demain. Ce n’est pas une simple adhésion, pour lui c’est un réel et profond engagement, qui lui permit de vivre pleine sa foi au services des plus défavorisés. Dominique Blanchet dira « Les syndicalistes m’ont appris le sens concret de la dignité de l’homme. »

En 1972, il fut embauché par la société Sodexho qui gérait de nombreux restaurants d’entreprises, tant en France qu’à l’étranger. Son dernier emploi dans cette branche de la restauration fut au restaurant d’entreprise de Dassault à Argonay (Haute-Savoie).

Mis à la retraite, Dominique se trouva quasiment inactif, ce qui lui ne convenait pas. Il accepta donc la proposition de l’inter-CE, ALIACES, avec pour mission de prospecter auprès des comités d’entreprises du bassin Annécien et de promouvoir les valeurs de solidarité prôné par cette association, Il fut amené à négocier avec les commerçants de l’agglomération pour obtenir des tarifs préférentiels sur tels ou tels produits et aussi avec les directeurs de stations de ski, avec lesquels il négocie le principe des forfaits pour les remontées mécaniques.
Toujours salarié, Dominique Blanchet, resta donc adhérent à la CFDT, au sein de la fédération des Services, quasiment inorganisée dans le département. Avec détermination, il prit son bâton de prédicateur et s’engagea à rassembler, à structurer les adhérents de sa fédération et il créa le CASH. (Commerce-Assurance-Service-Hôtellerie) qui, sous son impulsion, devint l’une des plus importante composante de l’UD-CFDT de Haute-Savoie. Il fut membre de la commission exécutive départementale.

S’impliquant dans le fonctionnement de l’Union locale CFDT d’Annecy, il en fut le trésorier, et réanima, avec son ami Jean Corbex, la commission juridique, devenant conseiller du salarié et défenseur au tribunal des Prud’hommes d’Annecy. Il participa à la mise en place d’un comité de soutien en faveur des clandestins, des Sans Papier. Comme à Marseille, tout au début de son sacerdoce, il partagea son petit appartement. En 2008, il fêta son jubilé avec ses amis CFDT.

Il prit quand même le temps d’écrire un roman « Le retour du proscrit » qui décrit ce qu’était le quotidien dans les villages de haute montagne et les néfastes conséquences d’une injustice.

En 2008, sa santé déclinant, Dominique se décida à entrer à la maison de retraite des prêtres du diocèse d’Annecy, où là encore, il s’impliqua au sein du comité dé gestion, se faisant l’interlocuteur privilégié entre la direction et les pensionnaires, proposant de nombreuses suggestions concernant l’accueil comme pour le vécu quotidien.

Dominique Blanchet, quitta ce monde, emporté par un malaise cardiaque le 17 avril 2010, à Aubenas où il s’était rendu pour accompagner sa filleule, qui prononçait ses vœux à la congrégation de Saint-Joseph.

Voir aussi : Gérald Floret, autre prêtre ouvrier de Haute-Savoie.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article220049, notice BLANCHET-NICOUD Dominique par Jean Chabal, version mise en ligne le 3 novembre 2019, dernière modification le 4 novembre 2019.

Par Jean Chabal

SOURCES : Archives personnelles de Jean Chabal.

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