Par Annie Pennetier, complété par Dominique Tantin
Né le 20 avril 1907 à Vaux (Moselle), mort en action le 15 juillet 1944 à Marcy commune de Saint-Merd-les-Oussines (Corrèze) ; boulanger-pâtissier ; résistant FTP de Corrèze.
Henri Stein était le fils de Charles Stein (1866-1930) et de Catherine Berthe Bernanose (1874-1954). Il se maria le 27 novembre 1928 à Orange (Vaucluse) avec Henriette Augustine Sel née en 1902. De cette union naquirent quatre enfants.
Il avait effectué, de 1926 à 1928, son service militaire comme engagé volontaire de deux ans dans le 2e régiment des Spahis au grade de brigadier ; il fut rappelé sous les drapeaux à la caserne d’Épinal de septembre 1939 à décembre 1939.
Le couple était domicilié 110 avenue de la Dhuys à Bagnolet (Seine).
Henri Stein partit dans le Limousin où il travailla dès son arrivée à la société Cheg à Bugeat (Corrèze).
Résistant, maquisard, il fut nommé adjudant au sein de la 238e Compagnie FTP de Haute-Corrèze. Il rejoignit en mai 1944 le camp de Marcy, situé sur la commune de Saint-Merd où il fut tué à son poste de combat le 15 juillet 1944, lors de l’attaque du camp (camp en stationnement) par des soldats de la Brigade Jesser (accompagnés par des miliciens selon certaines sources), « la tête écrasée à coups de talons » , avec deux jeunes résistants Pierre René Orluc et Henri Cayet. Les habitants, prévenus par une femme du Magimel, eurent le temps d’évacuer le village qui fut incendié.
Henri Stein a été inhumé à Saint-Merd-les-Oussines. Il a été reconnu "Mort pour la France", et homologué adjudant FFI en octobre 1947.
Dans les années 1950, sa mère habitait Saint-Giroux en Gironde et sa veuve demeurait à Bagnolet (Seine, Seine-Saint-Denis).
Un hommage est rendu aux trois résistants par l’ANACR et leurs villages.
Henri Stein y est appelé par son deuxième prénom Auguste.
Un homonyme Henri Stein avait exécuté au champ de tir de Nancy le 21 juillet 1942.
Voici un récit des évènements par recoupement et synthèse de trois sources : le témoignage de Pin, lieutenant René, commandant de la 238e compagnie (Maquis de Corrèze, 150 combattants et témoins, op. cit. p. 440 ; celui de Georges Orlianges, lieutenant responsable de la Cie FTPE 2364 depuis février 1943 et faisant partie des légaux de Saint-Merd-Les-Oussines (site Geneanet, fiche généalogique de Pierre Orluc) ainsi que la présente notice biographique.
Le 15 juillet 1944, étaient présents au camp de Marcy, à 2 km du bourg de Saint-Merd-les-Oussines, deux groupes de la 3e section et la section hors-rang moins sept hommes de ravitaillement, trois chauffeurs et trois hommes de corvée. L’effectif était de 45 hommes.
Vers 16h30, une jeune fille de Magimel vint au PC qui était sur la route de Saint-Merd-les-Oussines, au chemin dit du « Moulin des Oussines » où la stèle a été érigée, prévenir que des Allemands se trouvaient à Chavagnac et au Magimel et qu’ils y perquisitionnaient. Il s’agissait d’un détachement de la brigade Jesser venant de Meymac en direction de Millevaches. Sans doute à la suite d’une dénonciation, arrivés à la route de Chavanac, une partie de la colonne s’y rendit (il y a 1 km) et le reste se dirige vers Millevaches, traversa le bourg et, continuant sa marche vers Aubusson, à 3 km, ils tournèrent à gauche, direction Peyrelevade et ensuite vers Marcy. Le camp fut mis en alerte et les gardes furent renforcées.
Vers 17 heures, cinq camionnettes semi-blindées, pouvant contenir 12 à 15 hommes, venant de la route de Millevaches, débouchèrent à 500 mètres du FM. Le tireur du 2e groupe attendit qu’elles arrivent à la hauteur des grenadiers masqués par un petit bois de pins, et ouvrit le feu à environ 100 mètres du premier véhicule qui fut touché. Son voisin, Pierre Orluc, fut tué par sa propre grenade. L’on ne se sait pas si, lancée, elle a heurté un arbre, ou si, la cuillère ne tenant pas très bien, elle a éclaté entre ses mains.
Les deuxième et troisième camions furent également attaqués et les grenadiers se replièrent. Les Allemands mirent en batterie fusils-mitrailleurs et canons de 20, et ouvrirent le feu. Le 2e groupe de FTP se replia sur Marcy. C’est alors qu’intervint le premier groupe qui se trouvait à droite vers la route de Saint-Merd-les-Oussines. Son tireur au FM, le sergent-chef Henri Cayet, fut mortellement blessé.
Les 45 hommes se replièrent en combattant vers une sapinière distante de 2 km, dans un terrain défavorable, à travers les champs de blé et les bruyères, en direction de Marty. L’adjudant Henri Stein, dit Le Lorrain, en retrait face à l’ennemi, fut tué en tentant de rejoindre un autre groupe, alors qu’il traversait un champ de blé entre Marcy et Saint-Merd-les-Oussines. Sa tête aurait été écrasée à coups de talons. Le combat continua jusqu’à la tombée de la nuit.
À 19h30, au croisement de la route de Marcy et Millevaches- Saint-Merd-les-Oussines, quatre camions furent de nouveau attaqués par six hommes commandés par le sous-lieutenant Jeannot. Attaque à la grenade et au fusil. D’Artagnan et Jean Bart furent blessés et purent être évacués.
Vers 22h30, les Allemands commencèrent à incendier le hameau. Georges Orlianges écrit : « J’ai observé moi-même ce triste spectacle, étant sur la montagne dite de l’Arbre à 1 km à vol d’oiseau de Saint Merd, avec Orliange, Ovide et Pinlet, boucher au bourg de Saint Merd. […] le village brûle, une seule maison n’a pas été incendiée, celle de Madame Tournissoux Angélique, qui, malade et au lit, a été épargnée. »
Les habitants de Peyrelevade ont vu, alignés sur place, sur des brancards, les morts et blessés allemands.
Par Annie Pennetier, complété par Dominique Tantin
SOURCES : SHD Vincennes, GR 16 P 556592 et 556594. —La Montagne, 31 juillet 2016. — FTPF : Mouvement FTPF de la Corrèze, GR 19 P 19/5, 31/135.— Maquis de Corrèze, 150 combattants et témoins, Paris, Éditions Sociales, 1975, pp. 440 et 521. — Mémoire des Hommes. — MémorialGenWeb. — Geneanet.