Par Jacques Girault
Né le 26 mars 1897 à Lavaudieu (Haute-Loire), mort le 14 février 1958 à Nice (Alpes-Maritimes) ; instituteur en Haute-Loire ; militant syndicaliste du SNI ; militant communiste ; conseiller municipal du Puy-en-Velay (Haute-Loire) de 1947 à 1956.
Fils de petits propriétaires paysans, Alfred Delhermet fut reçu à l’École normale d’instituteurs du Puy. Mobilisé en 1914 comme aspirant dans un régiment d’artillerie, grièvement blessé, il perdit sa main droite. Revenu à la vie civile, il milita dans l’association amicale comme représentant des instituteurs démobilisés et des mutilés.
Il épousa en juillet 1919 la sœur de Jean Bruhat, institutrice. Ils enseignèrent dans des postes déshérités à Sainte-Eugénie-de-Villeneuve.
Militant du Syndicat national des instituteurs, animateur du premier groupe de Jeunes dans le département, spécialiste des questions pédagogiques, Alfred Delhermet fit partie du bureau de la section départementale dont il fut secrétaire en 1935 puis en 1940. Favorable à l’opposition de gauche, proche des partisans de la revue syndicaliste révolutionnaire La Révolution Prolétarienne de Monatte et de ceux qui se réclamaient de la Ligue syndicaliste, il exerça une grande influence sur Bruhat qu’il orienta vers le mouvement ouvrier. Cependant en décembre 1937, Jean Bruhat écrivit dans son autobiographie : « Je n’ai pas d’amis parmi les trotskistes. Je dois cependant signaler que mon beau-frère Alfred Delhermet, instituteur au Puy est resté en relation avec le groupe de la Révolution prolétarienne. Je considère les trotskistes comme des agents de la bourgeoisie. » Lors du congrès du SNI en 1935, le journal Vu publia sa photo avec une légende « Un qui a fait la guerre... et qui n’en veut plus ». Mais lors du débat de juillet 1938, il défendit une politique de fermeté vis-à-vis de l’Allemagne et sa motion recueillit 15 voix sur 116 mandats. Il se prononça contre les accords de Munich. Il fut gréviste avec son épouse le 30 novembre 1938. Il annonça dans le bulletin syndical de novembre 1938 qu’il renonçait la démission du conseil et du bureau syndical qu’il avait donnée le mois précédent pour protester contre la position pacifiste de la majorité.
Déplacé d’office en 1940, Jean Delhermet adhéra au Parti communiste en 1943. Retraité, membre du comité de la fédération communiste de la Libération à 1954, il conduisait la liste communiste aux élections municipales du Puy, le 26 octobre 1947. Élu, il fit partie de la commission de l’instruction publique. Réélu le 5 mai 1953, membre des commissions des finances, de l’enseignement et des sports. Il démissionna de son mandat de conseiller municipal, le 13 avril 1956. Dans son rapport, Védrines estimait qu’il devait conduire la liste aux prochaines élections en raison de sa popularité.
Par Jacques Girault
SOURCES : Arch. Com. Le Puy (M-O Cabrol). — Arch. de la section de Haute - Loire du SNI. — Arch. comité national du PCF. — RGASPI, Moscou, 495 270 2124, autobiographie de Jean Bruhat. — Presse syndicale. — Notice du Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français (1914-1939) composée par Jean Maitron. — Claude Revol, Recherches sur la vie associative et les organisations corporatives des instituteurs de la Haute-Loire des origines à la naissance du Syndicat national (1898-1920), Mémoire de maîtrise, Université de Paris I, 1981.