Beaurepaire (Isère), 5 et 29 août 1944

Par Jean-Luc Marquer

Le 5 août 1944, quatre résistants furent sommairement exécutés par les Allemands devant la population.
Le 29 août 1944, un habitant de Beaurepaire fut abattu d’une rafale d’arme automatique par un soldat d’une colonne allemande.

Monument Place Yves Pagneux, Beaurepaire (Isère)
Monument Place Yves Pagneux, Beaurepaire (Isère)
Source : Photographie Jean-Luc Marquer

Le 5 août 1944, les Allemands organisèrent une expédition punitive contre Beaurepaire (Isère) qui avait abrité à plusieurs reprises des groupes de combattants des Forces françaises de l’Intérieur. L’une des trois colonnes qui convergeaient vers la localité fut attaquée par la Résistance et l’ennemi compta plusieurs tués, ce qui augmenta encore sa fureur.
La ville fut encerclée. La plupart des maisons fut fouillée et six furent détruites parce que leurs occupants étaient soupçonnés d’une quelconque activité de Résistance.
Voitures, bicyclettes, postes de T.S.F. furent détruits à coups de masse.
Le commandant allemand se rendit au restaurant Fiard, fit arrêter les deux fils, Louis Fiard et André Fiard et exigea que l’on fît à manger pour vingt personnes.
Puis il fit annoncer par le tambour de ville que tous les hommes âgés de 17 à 50 ans devaient se présenter immédiatement place Yves Pagneux,
que tous les véhicules automobiles en état de marche devaient être présentés et que ceux qui possédaient des réserves d’essence devaient les apporter sur la place.
Il fut également exigé : 100 bouteilles de champagne, 100 de vin rouge et autant de vin blanc, 100 kilos de beurre, 20 kilos de cigarettes, 20 kilos de café et huit cercueils.
Enfin la commune devait fournir le vivre et le couvert pour 150 hommes.
Dans l’après-midi, perquisitions et destructions de maisons se poursuivirent.
Les hommes réunis sur la place furent divisés en trois groupes.
Dans l’un d’eux se trouvaient quatre hommes : Camille Barruel, qui avait été arrêté le matin alors qu’il tentait de quitter Beaurepaire, et qui avait eu les doigts déchiquetés par une rafale de mitraillette, Louis Fiard, fils de l’hôtelier-restaurateur, ainsi que Robert Offner et Jean Pécheur, qui avaient été arrêtés le matin à Roybon (Isère) et trouvés en possession d’une arme. Tous les quatre étaient résistants et furent longuement interrogés par les Allemands.
En fin de journée, le commandant décida de les faire exécuter en représailles devant les hommes de la villle qui étaient regroupés place Yves Pagneux.
En face des quatre hommes alignés contre un mur s’alignèrent quatre soldats allemands armés de mitraillettes.
Robert Offner prit alors l’initiative. Il s’écria : "A mon commandement ! Feu ! "
Les mitraillettes crépitèrent et les corps s’abattirent.
Après avoir reçu le coup de grâce, les corps furent transportés dans un garage par des hommes pris parmi les otages et posés à même le sol.
Les troupes allemandes quittèrent Beaurepaire dans la matinée du 6 août 1944.
Les corps de Robert Offner et de Jean Pécheur furent emportés à Roybon et enterrés par des membres de leur groupe du maquis.
Camille Barruel et Louis Fiard furent enterrés à Beaurepaire.

Parmi les hommes qui se trouvaient sur la place, une quarantaine fut transférée à la prison de Montluc à Lyon (Rhône). Certains furent libérés pour raison de santé, d’autres s’évadèrent au cours du voyage, au final 33 arrivèrent dans la région de Dresde où ils furent répartis dans l’agriculture, l’artisanat et l’industrie. Ils furent libérés par l’armée soviétique en avril et mai 1945.



Le 29 août 1944, prévenu qu’une colonne blindée allemande venant de Chanas (Isère) arrivait à Beaurepaire, Léon-Charles Milloud alla avertir sa sœur, son cousin et ses neveux et leur conseilla de se cacher à distance de la route. Lui-même, après s’être abrité un moment avec eux, décida de chercher un abri plus sûr. Il eut la malchance de se trouver à proximité d’une barricade dressée sur la route au moment où arrivaient les Allemands.
Arrêté, il fut accusé d’avoir dressé la barricade et fut sommairement exécuté d’une rafale de mitraillette à deux cents mètres environ du lieu où se cachait sa famille.
Son corps ne fut retrouvé que trois jours plus tard, après le départ des Allemands.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article220669, notice Beaurepaire (Isère), 5 et 29 août 1944 par Jean-Luc Marquer, version mise en ligne le 28 novembre 2019, dernière modification le 18 février 2021.

Par Jean-Luc Marquer

Monument Place Yves Pagneux, Beaurepaire (Isère)
Monument Place Yves Pagneux, Beaurepaire (Isère)
Source : Photographie Jean-Luc Marquer

SOURCES : Arch. dép. Rhône, Mémorial de l’Oppression : 3808W 436 — AVCC Caen : 21 P 324844 — http://www.tracesdhistoire.fr — Jean-Daniel Berger, Comme un essaim de guêpes... Résistance et guérilla en R1, secteur VI Rhône-Isère, tome 1, Juin 1940-juin 1944, tome 2, Juin-septembre 1944, Impressions Modernes (Guilherand-Granges) ; 2001

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