Par Jean Belin
Né le 4 juillet 1901 à Is-sur-Tille (Côte-d’Or), mort le 28 janvier 1953 à Mézières-Sur-Seine (Seine-et-Oise-78) ; manœuvre, ajusteur, cafetier puis cimentier ; syndicaliste CGT du Bâtiment et de la Côte-d’Or ; militant communiste ; résistant au sein du Front national (FN) ; déporté à Auschwitz ; militant de la FNDIRP au niveau national.
Fils d’Alexis Antoine Saglier, manouvrier, et de Marie Malnoury, Armand Saglier s’engagea pour trois ans dans la marine de 1919 à 1922 où il fut affecté comme matelot au 5e dépôt des équipages de la flotte à Toulon (Var). En 1923, il habita Amagne près de Rethel (Ardennes), puis Charleville et Mézières (Ardennes) en 1924 où il rencontra Anna Dieudonné qu’il épousa le 26 avril de la même année et avec laquelle il eut neuf enfants.
Il revint ensuite à Is-sur-Tille en 1927, sa commune natale et fit plusieurs métiers, ajusteur, mécanicien, cafetier avec son épouse, employé de culture, puis cimentier dans le bâtiment jusqu’à la déclaration de guerre. De 1937 à 1939, Armand Saglier fut le secrétaire général du syndicat CGT du Bâtiment de Marcilly-sur-Tille (près d’Is-sur-Tille), ce syndicat fut rattaché à la 9e Région fédérale du bâtiment, dont le secrétaire général fut Marcel Sardo. Membre du Parti communiste depuis 1932, il fut secrétaire de la cellule d’Is-sur-Tille et de Marcilly-sur-Tille, candidat aux élections pour le Conseil d’arrondissement et le Conseil général en octobre 1937. Mobilisé de septembre 1939 à avril 1940 en tant que personnel de renforcement dans des usines métallurgiques de Dijon et de Montbard, à son retour, il devint un résistant très actif au sein du Front national (FN). Il participa à l’installation des "premiers groupes armés dans l’Est du département à Is-sur-Tille et Châtillon : détournement d’un chargement de fusils de chasse en partance pour l’Allemagne ; dans la même gare, déraillement d’un canon de 450" (témoignages d’Armand Saglier à la gendarmerie en 1954).
Le 14 juillet 1941, il fut arrêté sur dénonciation par des policiers français à son domicile de Marcilly-Sur-Tille pour propagande communiste. Il fut condamné "à 15 ans de travaux et une interdiction de séjour". Il fut emprisonné à Dijon du 14 juillet 1941 au 16 août 1941, puis à Vesoul (Haute-Saône). Il fut remis aux autorités allemandes à leur demande. Celles-ci l’internèrent au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Frontstalag 122), le 8 septembre 1941, en vue de sa déportation comme otage. Armand Saglier fut déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », avec ses amis et camarades Paul Charton, Jean Bouscand, Gabriel Lejard, Ernest Repiquet et d’autres militants et résistants de Côte-d’Or. Deux mois plus tard, il ne resta parmi ce groupe que deux survivants : Armand Saglier et Gabriel Lejard. Entre le 14 août 1943 et le 12 décembre 1943, il fut en quarantaine au Block 11 avec la quasi totalité des Français survivants. Après la quarantaine du Block 11, il fut affecté au block 4, avec Gabriel Lejard. Le 28 août 1944, il fut transféré au camp de Sachsenhausen et affecté aux Kommandos extérieurs de Liebérose, puis de Falkenhagen. Le 21 février 1945, il fut transféré à Bergen-Belsen où il fut libéré le 15 avril par les troupes américaines. Il fut rapatrié et rentra très malade les 10 et 11 juin 1945. Après la guerre, il vint habiter en région parisienne avec sa famille et participa au mieux de sa santé aux activités de la Fédération nationale des internés et résistants patriotes (FNDIRP) dont il fut membre du Comité national. Il décéda d’un accident de la route à Mézières-Sur-Seine en 1953.
Par Jean Belin
SOURCES : Arch. municipales Dijon, 7 F 4. — Arch. Départementales de la Côte-d’Or, état civil, recensement de la population, fiche de recrutement militaire. — Résistance en Côte-d’Or, Gilles Hennequin, tome 1, édition de 1885. — Les communistes dans la Résistance en Côte-d’Or, édition de 1996. — Mémoire vive des convois des 45000 d’Auschwitz-Birkénau. — Triangles rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942, Claudine Cardon-Hamet, édition de 2005. — Le Patriote Résistant, 1953. — Témoignage de Gabriel Lejard.