COUTOULY Julien, Charles, Louis

Par Michel Rousselot

Né le 3 mai 1928 à Courris (Tarn), mort le 28 décembre 2019 à Reignier-Esery (Haute-Savoie) ; journaliste ; président départemental de l’ACJF (1954-1956), rédacteur en chef de Jeunes forces rurales, bimensuel de la JAC, (1957-1960), syndicaliste CFTC puis CFDT, journaliste à Ouest-France (1960-1970), rédacteur en chef du Temps de l’Ouest, mensuel du mouvement coopératif UNICOPA, (1971-1974), chargé de mission auprès du président de la chaîne de télévision FR3 (1981-1982), rédacteur en chef de Cadres CFDT (1986-1989).

Issu d’une famille d’agriculteurs, Julien Coutouly vécut toute son enfance dans le Tarn. Son père Jules Baptiste Coutouly avait un peu voyagé et était cultivé, sa mère Maria Célestine Espitalié, plus jeune que son mari, travaillait également à la ferme. Le climat familial était aimant et indulgent pour ce fils unique entouré aussi par deux tantes, sœurs de son père. La religion catholique était surtout une « affaire de femmes », le père étant plus distant vis-à-vis de la pratique religieuse. Ce dernier, adepte du machinisme agricole avant la lettre, partisan de la coopération et du syndicalisme, créa une des premières mutuelles locales et fut syndic de la Corporation paysanne de Courris de 1940 à 1944.

Julien Coutouly étudia à l’école primaire de Valence d’Albigeois (Tarn) où il obtint le certificat d’études dès ses douze ans en 1940 et poursuivit sa scolarité en cours complémentaire pendant deux ans. Il fut peu perturbé par la guerre, vivant dans une région relativement préservée du conflit. Débutant le travail dès 1942, il fut d’abord berger pendant deux ans puis il participa aux travaux de la ferme familiale, s’occupant notamment de l’élevage de brebis pour la production du fromage de Roquefort. Il effectua son service militaire de 1948 à 1949 dans la zone d’occupation française en Allemagne dans la région du Bade-Wurtemberg.

Né et ayant grandi dans le même département que le grand leader socialiste, Julien Coutouly se déclare jaurésien. Il ne céda pas à l’influence du Parti communiste dans la région, dont le député du Tarn fut Roger Garaudy de 1945 à 1951. Passionné dès le cours élémentaire par la lecture et l’écriture, il fut profondément marqué par le personnalisme d’Emmanuel Mounier et par la revue Esprit dont il fut un fidèle lecteur pendant plusieurs décennies. Dès 1946 il participa à la création d’une section de la Jeunesse agricole catholique (JAC). Hésitant à poursuivre son travail à la ferme et pensant au journalisme depuis son adolescence, il collabora en 1950 et 1951 au journal du Parti paysan d’union sociale avant de réaliser, lors des élections législatives de juin 1951, qu’il s’était fourvoyé. Il s’impliqua alors plus activement au sein de la JAC prenant des responsabilités départementales et régionales, particulièrement pour la « presse et propagande ». Cela l’amena à présider de 1954 à 1956 le comité départemental du Tarn de l’Association catholique de la jeunesse française (ACJF) avant que celle-ci ne se dissolve à l’automne 1956. Il abandonna, courant 1955, son métier d’agriculteur pour rejoindre à Paris l’équipe nationale de la JAC dont Michel Debatisse était secrétaire général. Chargé de l’enfance et de la rédaction de chroniques politiques, il devint rédacteur en chef du journal du mouvement Jeunes forces rurales, à partir de 1957 jusqu’à son départ en 1960.

Toujours intéressé par le journalisme, il fut appelé à Rennes (Ille-et-Vilaine), en octobre 1960, pour travailler au quotidien régional Ouest-France. Il adhéra alors au Syndicat des journalistes français CFTC qui poursuivit son action au sein de la CFDT après 1964. Julien Coutouly commença à la rubrique « Jeunes » puis rejoignit la rédaction agricole. Rédacteur départemental pour l’Ille-et-Vilaine, il fut par la suite, reporter régional, avant d’être nommé au « service des études », nouvellement créé. Il y travailla sur les contenus internes du journal et sur les phénomènes de l’information. Sa série d’articles « Fermiers des temps modernes » publié dans Ouest-France en janvier 1964 fut distingué par le Grand Prix du reportage agricole. Quittant Ouest-France en 1970, il créa à Morlaix (Finistère) un mensuel pour le groupe coopératif UNICOPA sous le titre Le temps de l’Ouest dont il fut le rédacteur en chef jusqu’en 1974, date de son licenciement après un changement de direction du groupe.

Dans les années qui suivirent, il combina activités indépendantes comme formateur et contributions à des journaux comme Le Progrès de Lyon (Rhône) ou Liaison Rhône-Alpes. S’intéressant au regain d’intérêt pour les langues régionales et parlant l’occitan, il rechercha les conditions d’édition d’un périodique consacré à ces approches. Cela n’aboutit pas mais Guy Thomas, qui avait été nommé président de FR3 en juin 1981 avec la volonté de renforcer le caractère culturel et régional de la chaîne, fut intéressé par sa démarche. Il chargea Julien Coutouly, en octobre 1981, d’une mission de conseil et d’études sur les langues et cultures régionales. Cette mission fut interrompue fin 1982, à la suite du nouveau régime de nomination des présidents de chaînes et du non renouvellement du mandat de Guy Thomas.

Julien Coutouly s’orienta ensuite vers la presse syndicale. Engagé en 1986 aux côtés de Joseph Le Dren, comme rédacteur en chef adjoint de Cadres CFDT, revue de l’Union confédérale des ingénieurs et cadres UCC-CFDT dont Daniel Croquette était alors secrétaire général, il exerça la fonction de rédacteur en chef jusqu’en octobre 1989. Il avança alors son départ en retraite à la suite de la perte de la vision d’un œil. Aimant et pratiquant la marche, il fut administrateur du Comité départemental de randonnée pédestre de Haute-Savoie (1983-1993). Installé à Lucinges (Haute-Savoie), il y fonda un café littéraire et en fut le premier président (1998-2005).

Julien Coutouly avait épousé Magali Plasson en 1960 à Lucinges. Elle fut d’abord agricultrice dans la ferme de ses parents, rédactrice à Fripounet et Marisette à Paris à partir de 1958, puis « vendeuse responsable » dans la banlieue de Genève (Suisse). Elle milita à la JACF et au Planning familial. Le couple fut membre du mouvement Vie nouvelle à Rennes. Il donna naissance à trois enfants entre 1961 et 1965.

Julien Coutouly fut fait chevalier du Mérite agricole en janvier 1964.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article220993, notice COUTOULY Julien, Charles, Louis par Michel Rousselot, version mise en ligne le 11 décembre 2019, dernière modification le 23 juillet 2022.

Par Michel Rousselot

ŒUVRE :Le journalisme sans questions, inédit, 1969-1970. — « Un vrai journal », « Le journal n’a qu’à nous défendre », « Lettre à MM. Les journalistes » numéro spécial Le journal et ses lecteurs, Esprit, février 1971. — Les langues de France et la télévision, rapport pour FR3, décembre 1981. — Mission de langues de France, rapport pour FR3, décembre 1982. — « La politique de l’endiguement », Economie et humanisme, juillet-aout 1985. — Articles dans les journaux cités.

SOURCES : État civil. — Arch. Union confédérale des ingénieurs et cadres UCC-CFDT, notamment revue Cadres CFDT n°326 à 337. — Entretiens écrits et oraux avec Julien Coutouly, 2019.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable