DELOMIER Paulette, Clémentine, Étiennette, épouse LACAZE

Par Gilles Vergnon

Née le 25 avril 1917 à Lyon IIe arr. (Rhône), morte le 18 septembre 1999 à Lyon ; institutrice, puis professeur de collège ; militante socialiste SFIO, puis ASR, UGS et PSU ; secrétaire fédérale de la Ligue des droits de l’Homme du Rhône.

Paulette Delomier, orpheline de père (sa mère se remaria avec M. Polydor, employé du gaz) était pupille de la Nation. Entrée en octobre 1933 à l’École normale d’institutrices de Lyon, elle fut nommée à sa sortie en octobre 1936 en cours complémentaire de lettres à Tarare, où elle épousa le 30 juillet 1938 Jean Adrien Lacaze. Ils eurent une fille, Marie-Anne, née en février 1939. Elle ne semble pas avoir eu d’activité particulière pendant la guerre où elle conserva son poste et fut inspectée à deux reprises. Nommée en 1945 à Lyon au cours complémentaire (puis collège mixte, puis CEG) place Ferber, dans le IXe arrondissement, elle y accomplit toute sa carrière, comme institutrice « chargée d’enseignement littéraire », puis professeur de collège et PEGC (septembre 1969) jusqu’à sa retraite en 1973.

Adhérente à la SFIO, Paulette Delomier figura en cinquième position sur la liste conduite par André Philip et Jean Fousseret dans la première circonscription du Rhône pour le scrutin constituant du 21 octobre 1945. Elle fut à nouveau candidate à la deuxième constituante en juin 1946, en troisième position derrière André Philip* et André Ferrat, puis aux élections législatives de novembre.

Membre de la commission nationale des femmes à la Libération, puis du comité national provisoire des femmes socialistes, Paulette Delomier s’affirmait en 1946-1947 comme une des figures de l’aile gauche d’une fédération du Rhône déstabilisée par les trous creusés par la guerre et l’Occupation, le retrait de l’ancien secrétaire fédéral Lucien Lequertier et le départ d’André Philip pour Paris. À l’exception du nouveau secrétaire fédéral, Francis Cersot, et d’Étienne Gagnaire, cette tendance est en 1947 majoritaire au secrétariat fédéral avec Gaston Diot (secrétaire fédéral adjoint), Francis Barboyon (secrétaire adjoint aux groupes d’entreprise), Paul Drevet (secrétaire adjoint à la presse) et Paulette Lacaze (secrétaire adjointe à la propagande).

Au congrès fédéral du Rhône, préparatoire au congrès national de Lyon, en août 1947, la « gauche du Rhône » (F. Barboyon, Gaston Diot, P. Drevet, P. Lacaze et Roger Rocher) présenta une « motion de fidélité à la doctrine socialiste », qui rassembla 20 mandats sur 41. Au congrès national, la « motion du Rhône », ralliée par Yves Dechezelles, réclama l’exclusion du parti du président du conseil Paul Ramadier, le retour de la SFIO à la position de « défenseur du prolétariat », et dénonça la « capitulation » de Guy Mollet. Elle obtint 274 mandats, contre 2 423 mandats à la motion soutenue par Guy Mollet et 2 002 à une motion de la fédération du Nord. Le groupe, qui se transforma en tendance nationale, l’Action socialiste révolutionnaire (ASR), quitta la SFIO à l’issue de sa conférence nationale des 6 et 7 décembre 1947. Son départ décapita la direction fédérale du Rhône et, par voie de conséquence, la fédération qui tomba, de 1947 à 1948, de 2 600 à 1 100 adhérents.

Paulette Lacaze, membre en 1948 du comité central de l’ASR avec Gaston Diot, cessa dès 1949 sa participation à la direction. Elle milita par la suite à l’Union de la gauche socialiste (UGS), qu’elle représenta aux cantonales de 1958 dans le 5e canton de Lyon, puis au PSU, sans y exercer de responsabilités importantes. Aux élections municipales de mars 1965, elle fut candidate en deuxième position dans le IXe arrondissement de Lyon sur une liste d’union démocratique présentée par le PCF, le PSU et d’autres démocrates. La liste avec 21,19 % des suffrages exprimés se plaça en deuxième position derrière la liste du maire sortant Louis Pradel. À nouveau candidate pour le PSU au premier tour des législatives de juin 1968, elle obtient 2 700 voix (6,53 %) dans la deuxième circonscription de Lyon, derrière les candidats du PCF (14,26 %) et de la FGDS (14,22 %).

Militante du Syndicat national des instituteurs, membre du conseil syndical de la section départementale, lors du congrès national du SNI, les 22-24 mars 1948, elle intervint sur la question de la grève et le reclassement, émettant un jugement critique sur l’action du bureau nationale qui aurait dû être plus dure, selon elle. Elle fut assesseur de la dernière séance du congrès.

En 1958, elle fut aussi secrétaire fédérale de la Ligue des droits de l’Homme (LDH), puis vice-présidente (1964) et responsable de la Ligue française de l’enseignement, avec laquelle elle participa, en novembre 1953, à un voyage en URSS. C’est au nom de la LDH qu’elle fut, avec André Barthélemy, Claude Bernardin et André Soulier*, de la délégation lyonnaise au colloque socialiste de Grenoble, en 1966, puis à la réunion publique (« Comment construire le socialisme ? ») qui en rendit compte, le 15 juin 1966, au Palais de la Bourse. Elle signa, en décembre 1967, la pétition de soutien aux militants pacifistes qui ont renvoyé leur livret militaire au ministre des armées. Elle ne semble pas avoir adhéré au nouveau Parti socialiste en 1971. Paulette Lacaze reçut les Palmes académiques en 1970.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article22103, notice DELOMIER Paulette, Clémentine, Étiennette, épouse LACAZE par Gilles Vergnon, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 26 août 2022.

Par Gilles Vergnon

SOURCES : Arch. Nat. : 581AP/135/482, F1a 3353. — OURS (correspondance fédérale, dossier Action socialiste révolutionnaire). — Arch. Dép. Rhône, 437W 32, 1T 1289, 1T 5260 (dossier personnel). — Arch. Com. Lyon, 27 II 009. — Presse locale. — Laurent Bertho, La fédération socialiste du Rhône, de la Libération à 1947, maîtrise, Université Lyon 3, 1997. — Thierry Hohl, À Gauche ! La gauche socialiste 1921-1947, Éditions universitaires de Dijon, 2004. — Notes de Jacques Girault et de Gilles Morin.

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