GIRONDE Émile, Antoine, André [pseudonyme dans la résistance : Jérôme ou Mimil]

Par Patrick BEC

Né le 20 octobre 1918 au Monteil, commune de Soulages (Cantal), tué au combat le 20 juin 1944 à Pradels, commune d’Anterrieux (Cantal) ; cultivateur ; résistant au sein des Forces françaises de l’Intérieur (FFI).

Emile, Antoine, André Gironde était le fils de Antoine Gironde, cultivateur né à Soulages le 19 septembre 1875, veuf de Marie-Louise Francon, remarié le 8 juillet 1908 à Soulages avec Marie, Elisabeth André, née à Védrines-Saint-Loup (Cantal) le 17 janvier 1879. Emile Gironde avait une soeur née en 1910 et deux frères nés en 1909 et 1912.
Le 6 juin 1944, comme tous les jeunes de Védrines, Emile Gironde avait rejoint le maquis et appartenait à la 7ème compagnie FFI, 4ème section, 1er groupe.

Au lendemain de la dispersion du Mont-Mouchet (10 et 11 juin 1944), les troupes allemandes savaient que des maquisards s’étaient enfuis vers le sud et l’est. Dès le 16 juin le nouveau rassemblement est localisé ; Eugène Martres lit dans le journal de von Brodowski : "vastes concentrations de terroristes vers Chaudes-Aigues".
Mme Siquier, institutrice à Anterrieux fait le récit de la journée du 20 juin 1944 : « Malgré les précautions prises (destruction de ponts et de morceaux de route), les Allemands font leur apparition, terriblement armés avec une vingtaine d’autos blindées, des mitrailleuses, des canons. Devant cette attaque inopinée, l’état-major décida de replier ses troupes aux Bruyères afin de permettre au gros des forces de St-Martial soit de résister, soit de se replier. La bataille sur Anterrieux se trouva donc simplifiée puisque seuls quelques FFI résistèrent. Les Allemands attaquèrent avec un canon posté à la Barre de Fer (croisement de la route de Saint-Urcize et de Fournels) qui domine Anterrieux. Ils visaient le clocher de l’église croyant atteindre ainsi le poste d’observation. Ils tiraient aussi sur La Combe, route de repli sur St-Martial des FFI. »
D’après Mgr de La Vaissière, le but des Allemands était de détruire les camions de la Résistance qui stationnaient près de l’église, et de tuer les hommes qui pouvaient être cachés dans les maisons environnantes ou dans les replis de terrain. Quarante jeunes devaient périr dans ce combat. Ils furent ensevelis à l’endroit où ils tombèrent. La plupart d’entre eux étaient de la région de Clermont.
« Lorsque la nuit du mardi 20 juin tomba, les combats dans ce secteur étaient achevés. Plus de 40 morts (dont un ou deux habitants) s’éparpillaient au nord de Saint-Juéry, à l’est de Deux-Verges, à Laborie, Lacombe, Anterrieux, Pradels, Vieille et Ladignac. Parmi ces tués, une trentaine de la 7e cie de Pradels. » (Martres)
Le groupe dont faisait parie Emile Gironde était composé par le sergent-chef Ernest Rouyet, André Rouyet son fils, André Pélisson"Duflac", Genestou "Frisé", trois espagnols, José, Manuel et Antonio, Joseph Boissy, Fabrègues "Portier", Saksida "Julien", Tieutieu et Jean Pinet. Avec un deuxième groupe commandé par le sergent-chef Aimable Coulardeau et un troisième également composé de 13 hommes sous le commandement de Brun "Verlaine", ces groupes formaient la 4ème section de mitrailleuses commandée par le lieutenant Couturier et cantonnée dans le hameau de Pradels. Le dimanche 18 juin, Jean Pinet se souvient des paroles du lieutenant. « Les jeunes de la section, faites briller vos belles chaussures car vous allez défiler à Saint-Martial pour commémorer l’appel du Général De Gaulle. (...) Le 20 juin 1944 nous ne sommes plus que 6 hommes, deux ont disparu. Joseph Boissy a dû être tué en sortant de Pradels, et André Pélison qui a été blessé. Nous recommençons à progresser vers Anterrieux mais nous voilà à nouveau sous le feu nourri des Allemands. Le crépitement est partout, balles, éclats d’obus et de mortier nous entourent. Nous avons fait environ 150 mètres quand les deux Rouyet suivis de Mimil progressent et nous distancent. Nous sommes bloqués et nous ne pouvons plus avancer ; ça tire de partout autour de nous. Protégés par un petit monticule de terrain, nous sommes terrés tous les trois avec Zilavy et Saksida (...). Finalement je ne sais pas qui prit la décision de nous trois, mais nous faisons le contraire des Rouyet et de Gironde. Nous nous levons et nous remontons en courant vers Anterrieux et les Allemands. Les tirs de mitrailleuses cessent car nous sommes protégés par le repli du terrain et ils ne nous voient plus. Nous avons réussi à sortir de cette sacrée vallée mais nous saurons plus tard qu les deux Rouyet et Gironde n’ont pas eu la même chance. Ils ont été tués par les Allemands. »

Emile Gironde a été tué au combat près du village de Pradels, sur le versant d’Anterrieux le 20 juin 1944. Il avait 26 ans. Son nom de guerre était Jérôme si on se fit à la liste des tués de la 7ème Compagnie.
La mention "Mort pour la France" est portée sur son acte de naissance. Il fut inhumé le 8 octobre 1944 à Soulages.

Son nom est gravé sur le monument aux Morts de Védrines-Saint-Loup ainsi que sur les monuments de la Résistance à Anterrieux et à Saint-Flour (Cantal).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article221103, notice GIRONDE Émile, Antoine, André [pseudonyme dans la résistance : Jérôme ou Mimil] par Patrick BEC, version mise en ligne le 12 décembre 2019, dernière modification le 5 février 2022.

Par Patrick BEC

SOURCES : SHD Vincennes, GR 19 P 15/11 : Morts 7éme Cie Mont-Mouchet. — SHD Vincennes, dossier de résistant de Emile Gironde : GR 16 P 258751 (non consulté) .— AVCC, dossier Emile Gironde : AC 21 P 193273 (non consulté) .— Eugène Martres, Le Cantal de 1939 à 1945 - Les troupes allemandes à travers le Massif Central, Cournon, De Borée 1993 .— La 7ème Compagnie : du Mont-Mouchet... à la Truyère, Musée de la Résistance d’Anterrieux, 3éme édition modifiée, 2004. — Jean Favier, Mémorial du réduit de la Truyère, Aurillac, Union des ACVG - CVR du Cantal, Musée de la Résistance d’Anterrieux, 2008. — Les Allemands dans la région de Saint-Flour (Mai - août 1944), Témoignages des Instituteurs et des Institutrices collectés par M. Louis Bac, édition établie par Jean Favier avec l’aide des Archives Municipales de Saint-Flour (M. Gilles Albaret, directeur et Mme Lydia Lucchi), éditions de l’Association du Musée de la Résistance d’Anterrieux, janvier 2017 . — Mgr de La Vaissière, Les journées tragiques dans le diocèse de Saint-Flour, Imprimerie Clavel, St-Flour 1944 .— Jean Pinet, Les maquisards du Mont-Mouchet, éditions de La Veytizou 2006 .— État civil (AD 15, Geneanet) .— MémorialGenWeb.

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